Document : 1772-12-24
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°239-245// f° 130-133
Date(s)
1772-12-24
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
de la Borde
Résumé et contenu
L. à La Borde : réponse à sa précédente lettre et explications historiques sur ce que sont les Acadiens.
Réponse à @ 166. Lemoyne donne à La Borde quelques explications historiques sur ce que sont les Acadiens. Revient ensuite sur sa précédente lettre. Il est bien d'accord sur l'excès d'impositions et sur la nécessité de protéger les Acadiens. Quelques considérations personnelles ensuite : lui demande un mémoire sur le chevalier dont il parle et lui explique qu'il pourra profiter du choix des inspecteurs des Acadiens.
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Lemoyne à La Borde 24 décembre 1772
Il vous revient mon très cher parent [cf. explications de Martin à ce sujet] une réponse à une lettre du 7 qui m'a fait grand plaisir ; elle m'a mis à même de pousser une note à M. Bertin. J'aurais bien attendu sa réplique pour vous faire part de ce qu'il pense de vos désirs (?), mais comme il fait souvent long feu, je crois mieux faire de vous entretenir de mes observations particulières qui vous mettront à même de me donner de nouvelles lumières et qui vous montreront plus clairement l'objet désiré.
Il m'a paru que vous pensiez que le ministre voulait employer à la culture de vos fiches et bruyères les habitants environ, non mais écoutez.
Lors de la prise du Canada, les Anglais voulurent par toutes sortes de voies conserver sous la domination anglaise les Français qui occupaient l'Acadie et l'Ile Saint-Jean qu'ils avaient établie (?). Leurs caresses ni leur cruautés ne purent déterminer ce peuple attaché singulièrement à sa religion et à son prince à forfaire [V. intr. Vx ou littér. Agir contrairement à ce qu'on a le devoir de faire], ils demandèrent que le Roi les reçu en France leur y assure du pain, leur y donna des terres à cultiver, on le leur permit. On leur promit des terres et en attendant la réalisation de cette promesse le Roi leur assurait pour chaque individu six sols par jour pour la subsistance, ce peuple malgré les obstacles que les Anglais ont multipliés, a échappé et s'est réfugié en France, le Roi a réclamé ceux que les Anglais retenaient en prison. Le gouvernement les a reçu sous sa protection, ils ont joui et jouissent encore de six sols pour leur subsistance. Cette dépense considérable devant cesser lorsqu'on aurait destiné des terres pour les y établir, on veut le faire aujourd'hui. J'avais dès 1766 proposé des moyens. Les circonstances, ou la chaleur de l'intérêt qu'on avait pris au début, refroidie, ont empêché ou fait négliger mes propositions. Le Roi a eu connaissance de l'état de ces malheureux, il a ordonné de pourvoir à leur assurer une existence, on veut aujourd'hui et je suis leur solliciteur [Personne qui sollicite une faveur, un emploi auprès de qqn d'influent ou d'une autorité] parce que j'ai depuis 1765 été chargé de leur administration et que M. Bertin auquel ce détail a passé, m'a chargé de faire ce service et que mon Ministre M. de Boynes m'a recommandé de le faire.
De ce préambule un peu long, vous pouvez juger que les acteurs principaux, ceux qui occupent toute l'attention, sont les Acadiens, mais comme on ne peut réussir à les bien établir sans que des tiers ne soient pour ainsi dire acteurs eux même, on propose aux particuliers qui ont des terres en friches susceptibles de bonne culture, mais incultes fautes de bras, de leur donner des familes auxquelles elles donnent des terres en propriété en afféagement ou aides (?) et autres redevances, après un certain temps de jouissance franche et le Roi fourni aux familles de quoi se bâtir, les ustensiles de culture, les bestiaux, en un mot ce qui est nécessaire pour les établir comme nos paysans le font et suivant l'usage des différentes provinces où elles seront établies ce que le Roi donne est suffisant.
[résumé : Lemoyne continue ses explications concernant les rentes, etc..., les arrangements que les particuliers pourrraient faire avec les Acadiens ;
"[...] si avec juste raison vous criez sur l'aprêté des moines qui ont voulu exiger un droit d'agrière (?) au sixième des fruits sur le défrichement fait par le lieutenant des grenadiers dont vous me parlez, il faudrait crier contre le particulier qui voudrait l'exiger des Acadiens au début et même pour l'avenir [...]"
dénonciation des trop fortes charges qui pèsent sur les paysans du Poitou et de la Saintonge qui obligent de nombreux à quitter.
Il expose ensuite son projet de réduction de 6 ans en 3 et il dit qu'il attend la réponse. Il fait un tableau avec ses calculs du coût de l'établissement.
cout de la maison à BIM : 450 #.
il parle ensuite de "un de mes amis gouverneur de Tulle" et lui explique son plan.
"Voyez sur ces exposés, mon cher parent, si quelqu'un serait dans la volonté de prendre quelques familles, je le servirai de tout mon coeur. M. le Marquis de Pérusse veut en avoir et beaucoup. Les moines devraient désirer qu'on leur en donna, ils sont plus en état que qui que ce soit (... ?). Portez vous bien etc.., marquez moi si vous avez quelque espérance.
Comment voulez vous que je demande, envoyez moi un extrait des services de votre chevalier. Comment puis et dois le présenter ? [pas de lien apparent entre ces phrases, mais ce n'est pas une erreur de ma part ; peut-être un oubli de Lemoyne de recopier une phrase ?]
J'oubliais de vous marquer que les inspecteurs des Acadiens [= ceux qui seront chargés de les surveiller] seront des gens de considération des environs des établissements et à ce titre et sur votre bonne volonté aurez des préférences.
Lemoyne
Notes
se pourrait-il que Lemoyne ait parlé d'Acadiens à son parent, La Borde, et que celui ci n'ait pas compris ?
Numéro de document
000170