... Marie frémit devant la femme banale et acariâtre que l’inertie ferait d’elle ! Le dernier quart du repas traîna sur les voyages des uns et des autres. On aimait bien rencontrer les grands de ce monde, les financiers surtout. ...
Trois femmes de passion
... Marie chipotait le contenu de son assiette, absente, ailleurs. Sa fourchette glissa dans la sauce qui était glacée depuis de nombreuses minutes. — Vous n’aimez pas, madame ? Vous n’avez rien touché. ...
... Figée, prise dans son monde intérieur, sans bouger la tête, Marie répondit : — Ces gens sont fats, leurs conversations m’ennuient. Une douche froide s’abattit sur tous et chacun. Un silence mortel s’ensuivit. ...
... Il réalisait pleinement que, même si Marie reconnaissait sa bévue, elle s’en réjouissait. Son sourire sarcastique la trahissait. — Dis ce que tu voudras, Alexandre, il est conservateur et limité, ton groupe d’administrateurs. Tu ne trouves pas ? ...
... Il regarda Marie de son air critique, de ce regard qu’elle n’avait jamais cerné, tant il relevait de l’ordre de l’impénétrable. ...
... Marie attrapa la poupée de coton mollasse et rembobina le mécanisme lentement. « Dors, petit oisillon, je t’aime. » L’agréable comptine démarra. ...
... Mais Marie savait, c’est tout. Elle percevait quelque chose d’indéfinissable, d’intime, qui appartient aux liens du sang et à la complicité qui se construit à travers le temps, de génération en génération. ...
... Marie prit la relève pour qu’il puisse récupérer. Tout se passait comme prévu, même au-delà de la distance escomptée : ils traversaient New York et il n’était que onze heures. Tout le monde dormait à poings fermés dans l’auto. ...
... Marie irait jusqu’au bout. Ce soir-là, elle savait ! Elle savait qu’elle ne devait pas aborder le sujet de plein fouet et surtout ne pas l’incriminer sinon, la discussion croulerait, s’arrêterait là, tout simplement. ...
... Hébétée, Marie ne parlait pas. Elle en aurait été incapable ! C’était elle maintenant qui se retrouvait sur la sellette. ...