Document : 1766-08-12a
Références / localisation du document
AN, Marine B3 vol. 568, f° 317
Date(s)
1766-08-12a
Auteur ou organisme producteur
Mistral, commissaire général de marine, ordonnateur au Havre
Destinataire
ministre de la marine, Praslin
Résumé et contenu
Lettre de Mistral accompagnant la copie de la lettre de JB Semer. Raconte les circonstances de l'arrivée en Louisiane de JB Semer.
Germain Semer = homme de bon sens, dont les Acadiens suivent les conseils ; a reçu une lettre de son fils. Le fils est resté à l'Acadie jusqu'en 1763 puis passé à Saint-Domingue pour faire un établissement au Moule Saint-Nicolas [Môle Saint-Nicolas ; à ce sujet cf. lettre du 1765-04-02] ; beaucoup de morts à cause du climat donc les gouverneurs de Saint-Domingue ont envoyé le restant des Acadiens à la Nouvelle-Orléans, peut-être même d'après les ordres de Choiseul. Lettre a fait une grande sensation sur Germain Semer et d'autres Acadiens à qui il en a fait part. A demandé l'autorisation de passer à la Louisiane et que le Roi paye leur passage à la Louisiane. Leur a dit que Louisiane appartient à l'Espagne et que doit demander des ordres. Si le ministre veut consentir à laisser sortir des hommes laborieux (ce qui diminuerait les dépenses), il serait assez facile de les faire passer à la Louisiane via Saint-Domingue. Le coût jusqu'à SD serait au plus de 150 livres. Attend les ordres ; n'autorisera aucun à partir vers la colonie espagnole.
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Au Havre, le 12 août 1766
Monseigneur,
Un nommé Germain Semer, Acadien, qui parmi ceux qui sont résidents en ce port, est regardé comme un homme de bon sens et de tête, et dont conséquemment ils suivent les conseils, m'est venu communiquer une lettre qu'il a reçu de son fils, actuellement habitant la Nouvelle-Orléans. Ce fils est resté dans l'Acadie avec les Anglais tout le temps de la guerre, et a été du nombre de ceux qui à la paix ont passé de l'Acadie à St Domingue pour y faire un établissement au Moule St Nicolas, où le climat ou son intempérie ne leur convenant pas et en ayant fait périr beaucoup [voir lettre du 1765-04-02] ont déterminé Mrs les gouverneurs et intendants de S. Domingue à envoyer le restant de ces Acadiens à la Nouvelle-Orléans, peut-être même d'après les ordres de M. le duc de Choiseul.
Cette lettre, dont j'ai l'honneur de vous envoyer ci joint copie, a fait la plus forte sensation sur le nommé Germain Semer ainsi que sur quelques autres Acadiens à qui il en à fait part, et ce premier m'est venu demander la permission avec sa famille d'aller rejoindre son fils, pourvu toutefois que le Roi voulu bien faire les frais de leur passage auxquels il leur est impossible de pourvoir, ayant à peine de quoi fournir à leur nourriture avec les 6s par jour de subsistance qui leur sont accordés. Je leur ai fait connaître que la Nouvelle-Orléans appartenant aujourd'hui au Roi d'Espagne, je ne pouvais leur accorder la permission d'y passer même à leurs frais sans vos ordres
Si vous ne voyez, monseigneur, aucun inconvénient à cette émigration quoi qu'elle fera sortir du royaume des hommes forts laborieux pour passer chez l'étranger, et qu'au contraire vous trouvassiez un soulagement par la cessation de subsistance qu'on paye à ces Acadiens, il serait facile avec peu de dépense, une fois faite pour toujours de les faire rendre au Mississippi en en embarquant 5 à 6 sur chaque navire qui irait à St Domingue et en y donnant des ordres en même temps pour qu'également de cette colonie on les fit passer aux frais du Roi à leur destination ; et qu'en en attendant l'occasion, la subsistance leur fut également accordée proportionnellement à celle qu'ils reçoivent en France. Le passage d'ici à Saint-Domingue de chacun de ces Acadiens, tant hommes, femmes et enfants avec leurs effets ne coûtera au plus que 150 livres pour chacun d'eux que je diminuerais ou augmenterais proportionnellement à l'âge des personnes et à l'encombrance [sic] de leurs effets.
Jusque à ce que vous m'ayez honoré, Monseigneur, de vos ordres à ce sujet je ne laisserai partir aucun de ces Acadiens pour cette colonie espagnole.
Je suis, etc..., Monseigneur
Notes
retrouvé également dans les minutes f° 125
photo 4728.jpg et suivantes
Mots-clés
// nouveau(2005-01)
// Havre
// secours : à peine de quoi se nourrir
Numéro de document
002012