Document : 1772-04-02
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°68-71 // f° 45
Date(s)
1772-04-02
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
de Boynes
Résumé et contenu
Le Moyne à de Boynes. Lemoyne est à Paris et il attend les ordres.
Il s'occupe en attendant des comptes de la Boudeuse et de l'Etoile. Il pourrait s'occuper davantage des A. s'il avait des instructions. Il le met en garde contre les oppositions qu'on pourrait lui faire au conseil à propos de l'idée d'établir des Acadiens sur les terres ; il faut donc prendre des renseignements auparavant. Il lui propose de mener l'enquête lui-même de façon discrète (alors que si c'est de Boynes lui-même qui la fait, cela sera plus risqué).
Son séjour à Paris lui coûte cher, mais ce qui lui coûte le plus c'est de voir retardé l'établissement des A. qui coûte cher à l'Etat en pure perte.
--------
Copie d'une lettre de M. le Moyne à M. de Boynes du 2 avril 1772
Monseigneur,
Sur vos ordre je me suis rendu à Paris, j'ai eu l'honneur de vous remettre le travail que vous m'avez fait l'honneur de me demander, sur les moyens d'établir les Acadiens solidement et faire cesser la charge dont ils sont à l'Etat. J'ai eu l'honneur, Monseigneur, de vous donner un second mémoire, sur des moyens analogues, à quelqu'un de ceux que j'avais eu l'honneur de vous proposer, mais dont la forme de l'exécution ajoute aux possibilités.
Vous m'avez, M., prescrit d'attendre vos ordres sur les éclaircissements dont ces mémoires étaient susceptibles, et que vous voulez me demander ; en les attendant, je m'occupe aux comptes définitifs de l'expédition de la Boudeuse et de l'Etoile (voyage autour du monde par M. de Bougainville), confiée à mon administration. Je ne pouvais rendre les comptes qu'à Paris, non seulement à cause des personnes qui y ont rapport et qui y résidant mais encore parce qu'y ayant rendu ceux de l'armement, base de toute l'opération, je ne pouvais qu'à Paris trouver les moyens de lever les difficultés, inévitables dans une des opérations de cette nature ; espérant les terminer pendant mon voyage, j'ai apporté avec moi les papiers qui les concernent. J'attends de Rochefort les dernières notes dont j'ai besoin et je me vois au moment que je désire depuis longtemps.
Permettez moi, M., de vous représenter que pendant le temps que j'ai été inoccupé et dans les intervalles que ce travail me donne, j'aurais pu faire des démarches préalables nécessaires pour vous assurer de la réalité des moyens et de la possibilité de l'exécution de ce que vous désirez pour ce pauvre peuple qui n'a d'autre protecteur que vous.
Il est bon avant que vous demandiez au conseil de placer les Acadiens sur des terrains du domaine que vous connaissiez les difficultés qu'on peut présenter pour opposer des raisons qui les détruisent. Pour atteindre à ces connaissances, il est des recherches à faire dans les domaines du Roi ; il faut sonder les bureaux de M. Archin (?) et chercher à développer le comment il se prêterait à vos vues, en un mot négocier à cet égard ; je ne puis agir, si je ne puis dire que vous avouez [approuvez] (?) mes démarches, vous ne devez point en faire. Je puis être indiscret dans mes questions, me faire refuser, je suis un être indifférent, mais vous M. en demandant vous devez être certain de la réussite.
Ce que j'ai eu M. l'honneur de vous proposer est une opération approuvée par le conseil du Roi au regard de particuliers ; il n'est question que de le reverser à l'établissement des Acadiens, ce qui me parait devoir être sans difficulté. Je propose en outre la cession de 1 000 journaux de terres dont 700 en friches terres sans rapport à 300 en bois dégradés et presque ... Les terres ne rapportent rien absolument au Roi, le produit des bois est si peu intéressant que je ne crois pas qu'on puisse en refuser l'aliénation pour l'évaluation en cens de son rapport annuel.
Les autres moyens appartiennent uniquement à votre ministère, ils ne tiennent qu'aux particuliers : il n'est pas je crois difficile de les multiplier ; mais quelque soient les moyens, si je dois m'occuper de leurs recherches, il faut que je sois autorisé de vous, M., à le faire.
Je vois, M., avec peine la saison s'avancer. Les dépenses d'un année d'entretien de ce peuple est perdue, si le printemps se passe sans avoir pu examiner les lieux où il sera jugé qu'on peut le placer ; ce préalable est indispensable aux travaux nécessaires pour les établissements que le Roi voudrait faire par lui même et à ceux des personnes qui voudraient se charger des familles en vassalités (?).
Je vois encore avec douleur le retard d'une opération née de vos sentiments généreux et compatissants, le bonheur après lequel ces malheureux soupirent retardé et des très grand maux causés par ce retard, l'habitude de la misère inoccupée qui les gagne, et celle du travail qu'ils perdent.
J'ai, M., les plans des lieux que j'ai eu l'honneur de vous proposer ; j'ai différentes pièces juridiques et autres en mémoires qui prouvent la possibilité des établissements. Une demi-heure de votre temps, M., me suffirait, pour vous mettre dans le plus grand jour ce que j'ai eu l'honneur de vous présenter et pour recevoir vos ordres, d'après lesquels je pourrais agir et vous préparer des éclaircissements nécessaires pour déterminer votre volonté et vos ordres définitifs.
Espérant que vous m'honoreriez de votre confiance dans l'examen physique des moyens d'exécution et dans l'exécution même je me suis rendu à Paris avec ceux d'obéir au moment ; voiture, chevaux, je me consume ici. Mais je suis peu touché de la dépense, vous pouvez M. y remédier : ce qui me touche vivement et de voir le retard d'une opération intéressante à votre c?ur et à votre gloire.
Je suis avec le plus profond respect, etc.
Signé, Le Moyne
Notes
2 avril 1772 - 19 - Le Moyne à M. de Boynes f° 68
Mots-clés
// projet d'établissement : terres royales
// Malouines
Numéro de document
000103