Document : 1772-05-09a

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°71-76 // f° 46

Date(s)

1772-05-09a

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Boynes

Résumé et contenu

Lemoyne à De Boynes. Compte-rendu de son travail des dernières semaines.
A ordonné la tenue d'un rôle des A. Les familles alliées seront recensées ensemble parce qu'il "conviendra de les placer ensemble le plus près (?) qu'il sera possible." Il parle aussi des individus isolés qui seront recensés avec les familles qui veulent bien les prendre en charge.
Il a vu Nardot. Le projet d'établissement à Blaye semble compromis, sauf sur les terres du Roi où il faudra faire couper le bois pour faire passer celui ci au statut de "terre vague et vaine". Sinon, il faudra faire appel à des capitalistes comme Saint-Victour à Tulle qui est toujours intéressé.
L. a fait des recherches pour savoir où il pourrait se trouver des domaines susceptibles d'accueillir les A. Recherches infructueuses, personne ne peut le renseigner. Il faudrait que de Boynes écrive à tous les intendants de province qui seuls pourraient le renseigner. Il faudrait aussi qu'il écrive au contrôleur général pour lui demander d'aider aux établissements.
L. a eu des nouvelles de Le Loutre qui lui parle d'un projet d'établissement de l'évêque de Coutances sur son diocèse. Il se propose lui aussi pour financer l'établissement d'Acadiens.
Par ailleurs, il a rencontré Clonard à qui il a proposé à nouveau d'établir des Acadiens.

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Copie d'un lettre de L. à B. du 9 mai 1772.

Monseigneur,

J'ai différé à vous rendre compte de la conduite que je tiens sur l'ordre que vous m'avez donné de faire recherche des moyens pour parvenir à l'établissement des familles acadiennes de décharger l'Etat de la dépense que leur entretien nécessite. Je voulais M. avoir un ensemble à vous mettre sous les yeux, je vois que je n'y puis parvenir sitôt (?), je vais avoir l'honneur de vous faire part de ce que j'ai fait jusqu'à présent.

1° Il m'a paru essentiel pour la destination qu'il y aurait à faire des familles, de connaître parfaitement les talents de chacun des individus, même des femmes ; en conséquence j'ai demandé à M. les intendants et ordonnateurs de tous les endroits où il y en a d'entreprendre un rôle bien exactement apostillé des talents [et] professions. Par ce rôle, M., vous connaîtrez tous ceux qui peuvent être destinés à la navigation et qui par cette raison doivent être placés près des côtes. Vous connaîtrez aussi ceux au nom des professions et vous pourrez les destiner dans différents établissements où ils seront utiles. Les talents des femmes sont bons à connaître parce qu'elles doivent être destinées à raison de l'utilité dont elles peuvent être aux établissements. J'ai de plus demandé que les familles alliées fussent à la suite les unes des autres parce qu'il conviendra de les placer ensemble le plus près (?) qu'il sera possible.
J'ai aussi demandé que les sujets isolés fussent placés avec les familles qui les avaient adopté ou qui voudraient le faire, ce qui sera utile surtout pour les enfants orphelins.
J'attends tous ces différents rôles. J'ai eu réponse qu'on (?) y travaillait, lorsque je les aurai assemblé, j'en formerai tout un seul que j'aurai l'honneur de vous remettre. S'il vous en était adressé, M., je vous prie de me les renvoyer.

2° : J'ai vu plusieurs fois M. Nardot sous (?) commissaire de M. Cochin. Dans le mémoire que j'ai eu l'honneur de vous remettre, j'exposais pour moyen d'établissement que dans la Comteau de Blaye il existait 7 000 journaux de terres communes à 25 paroisses dont 6 seulement pouvaient jouir et qu'en conséquence il avait été ordonné par un arrêt du conseil à la demande de l'intendant de Bordeaux que ces 7 000 journaux seraient répartis entre les 25 paroisses, que la répartition se ferait sur le nombre des habitants de chaque paroisse et que les terrains revenant aux 19 qui ne peuvent jouir seraient vendus au profit des 19 paroisses et le produit réparti et employé à leur utilité : mais en examinant et discutant cette affaire avec M. Nardot, il m'a fait apercevoir que la permission d'acquérir n'était donnée qu'aux particuliers intéressés à la propriété, ou par leur domicile ou par leur domaine dans la paroisse même : que l'arrêt était confirmatif de la propriété et qu'il n'y avait de personne admissibles aux adjudications qui pouvaient se faire [des ?] terrains, que les propriétaires. Il faut donc rejeter ce moyen.
Un autre moyen était de concéder à des capitalistes en propriété des terres vagues et vaines faisant partie des 1 000 journaux appartenant réellement au Roi jadis en foret mais aujourd'hui si dégradé que les coupes depuis 30 années n'ont pas produit plus de 120 # par année l'une dans l'autre.
La concession des terres nues et sans culture, jadis en bois sera faite et obtenue, mais l'intéressant est d'avoir la totalité des 1 000 journaux. Il est essentiel pour ceux qui établiront d'avoir le bois, non seulement pour les bâtiments à construire, mais aussi pour le chauffage ; il y a moyen me se suis instruit.
Il faudra demander la coupe pleine des bois ; la vente sera ordonnée, ils seront adjugés, les bois vendus, la vente sera ordonnée, ils seront adjugés, les bois vendus, le sol devient nu, il tombe dans la classe des terres vagues et vaines, il peut être concédé ; et la protection pour assurer l'adjudication aux entrepreneurs ne sera point à négliger, lorsqu'il s'en trouvera près des landes qui pourront être propres à établir des familles.
Vous pouvez donc Mgr. compter sur ces 1 000 journaux qu pourront servir à établir 25 familles à raison de 20 journaux par chaque famille, 100 journaux en communaux aux familles et au concessionnaire entrepreneur qui se trouvera seigneur et auquel il restera 400 journaux en sa propriété et à mettre en culture.

Le troisième moyen que j'avais l'honneur de vous présenter (?) était de donner des familles à des propriétaires qui voudraient se charger de les établir solidement sur leurs terrains et leur assurer par la suite une propriété. M. de Saint Victour qui a des terres près de Tulle m'avait donné cette ouverture ; il m'écrit qu'il fait des arrangements pour vous demander Mgr des familles qu'il veut placer sur ses métairies et qu'il travaille à engager plusieurs de ses voisins à suivre son exemple, il est à souhaiter que cette volonté gagne de proche en proche, et il l'espère. Vous connaissez ce qu'il prop (ose ?).

3° J'ai cherché avec soin qui pourrait m'instruire sur des terrains des domaines susceptibles d'êtres concédés pour des établissements ; ni fermier généraux, ni receveur général du domaine, ni inspecteur, n'ont pu me donner même (?) idées : à force de questionner, j'ai su qu'en Normandie près Rouen il était de ces terrains, qu'en Bretagne il en est en très grande quantité dans différents endroits de la province qu'il en est tenant à la foret du Granon près Brest où le Roi fait exploiter presque continuellement, mais je n'ai pu me procurer des détails, et ils sont nécessaires.
Le seul moyen, M., d'avoir une connaissance plus détaillée des terrains qui sont nécessaires pour remplir vos vues est de vous adresser aux intendants des provinces ; eux seuls, à ce que m. Nardot m'a assuré, peuvent connaître la position des domaines, leur nature, les chambres des domaines peuvent étendre leurs lumières.
Les terres absolument aliénées et dont la propriété a été transmise, ne peuvent être retirées par le Roi pour être concédées. Mais les terrains donnés à usager (?) peuvent être retirés des mains des usagers en les dédommageant, si lieu il y a. Il y a beaucoup de ces terres. Les intendants les connaissent. Les intendants des provinces je le répète, seuls peuvent vous donner, M., les connaissances dont vous avez besoin ; ils le feront, si vous voulez vous porter à leur écrire, ou à leur faire donner ordre par M. le contrôleur général, de vous instruire de ce que vous pouvez désirer à cet égard.
Il serait encore plus essentiel, M., que vous écriviez à M. le contrôleur général pour le déterminer à concourir à vos vues et faciliter l'obtention des concessions des terres vagues et vaines et la vente des coupes pleines des portions de bois qui pourraient se trouver y tenir (?) et sur le tout lui demander de renvoyer l'affaire à M. Cochin qui lui rendrait compte et vous ferait part de la possibilité des moyens que vous lui proposez et de ceux qu'il pourra connaître propres à remplir vos vues. Je joins ici un projet de lettres.

L'abbé Le Loutre vient de m'écrire de Bretagne que M. l'Evêque de Coutances désire d'établir quelques unes de ses familles dans son diocèse, qu'il l'avait assuré qu'il trouverait des terrains et que si on en plaçait dans son diocèse, il donnerait volontiers et son temps et son argent.
J'ai voulu avoir l'honneur de le voir, mais il est parti pour son diocèse il y a trois semaines. Je crois, M., qu'il serait intéressant que vous lui écrivissiez et s'il veut charger le grand vicaire qu'il a à Paris de traiter cette affaire, je ferai auprès de lui les démarches que vous pouvez désirer. Mais, M, ne serait-il pas mieux qu'il vint à vous, si vous le pensez, je lui écrirez et le mettrai sur les voies.
Quant aux capitalistes, je vois des presque certitudes mais pour les faire se décider, il faut des objets certains et leur montrer. Il n'en est au moment que le Bois du Roi dans le Comteau de Blaye ; j'ai plusieurs personnes à vous proposer pour cette petite portion. Moi, même, M., si vous voulez m'aider de votre protection pour la refonte sur le pied de la liquidation des contrats sur l'hôtel de ville, qui me viennent de mes pères de Rochefort sans être détourné de mon service je ferai et suivrai cet établissement.

J'ai vu hier M. le Comte Clonard, je me suis rappelé qu'il avait eu autrefois des vues sur les familles acadiennes pour en faire des colons sur la baronnie d'une étendue immense qu'il a acquis dans les landes de Bordeaux ; il n'avait demandé que 3 années de subsistance pour celles dont il se chargerait ; il les rendait propriétaires et leur concédait 40 (? tronqué) journaux de terres à cultures, leur donnait une vingtaine de journaux propres à élever des Puits (?), il les outillait, [etc...]. Ses propositions ne furent point acceptées il y a cinq à 6 ans. Depuis trois les dépenses seraient allégées de celles que 200 familles qu'il demandait ont coûté, coûtent et coûteront peut-être longtemps. C'est d'après notre conversation que j'ai eu l'honneur de vous rendre compte, il assure la réussite la plus complète dans les défrichés qu'il a fait faire.
Je l'ai réchauffé sur cette idée. Il est encore en état de prendre à ce qu'il m'a dit, 100 familles. Il m'a promis de s'en occuper et de me rendre réponse sous trois à quatre jours que nous devons nous revoir. Je lui ai bien expliqué vos vues et il les adopte entièrement, il veut fait des propriétaires aisés et point se tenir à la demande de la subsistance pour 3 ans et protection pour des privilèges à temps, et ceux qu'il établira, je le suivrai vivement. Il ne faut pas Mgr laisser échapper cette occasion. J'aurai l'honneur de vous rendre compte des progrès que je ferai, je dresserai avec lui le projet qu'il vous présentera, l'honnêteté et la probité de M. Clonard vous assure l'exécution de ce qu'il entreprendra, avec même plus d'avantages pour les Acadiens qu'il n'en stipulera.

Signé.

Le Moyne

Notes

9 mai 1772 - 20 - Le Moyne à De Boynes f° 71

Mots-clés

// rassemblement
// RED
// recensement (en cours)
// Coutances
// Saint-Victour
// domaine

Numéro de document

000104