Document : 1772-05-09b

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°77-78 // f° 49

Date(s)

1772-05-09b

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

de Boynes

Résumé et contenu

Le Moyne à de Boynes. Projet de lettre au C.G. et aux intendants des provinces.

Historique de la situation : évocation d'une lettre de Praslin à d'Invau, C.G. qui le presse de s'occuper des familles acadiennes [en fait, erreur de Lemoyne sur la date exacte et sur la personne : envoi à L'Averdy le jour suivant, c'est à dire le 1768-08-26]. Difficulté des Acadiens de travailler à cause de la préférence donnée "aux domiciliés naturels qui en cette qualité doivent avoir la préférence et l'ont en effet".
Evocation de l'expatriation volontaire des Acadiens et de leur sacrifice pour le Roi qui leur mérite des secours (justice) et de l'importance d'alléger les finances de 160.000 L. / an (et aussi, évoqué plus bas, l'État y gagnera par les cultures).
Il faut faire des Acadiens des propriétaires, de préférence sur de bonnes terres du domaine. Lemoyne donne les conseils traditionnels sur les façons de les établir

----
9 mai 1772 - 21 - Le Moyne : projet de lettre à M. le contrôleur général et aux intendants des provinces envoyé à M. de Boynes avec la lettre ci-dessus f° 77

M. le duc de Praslin, Monsieur, écrivit le 25 août 1768 [en fait le 26] à M. d'Invau lors contrôleur général et le pressa vivement sur la nécessité indispensable de pourvoir sans délai à l'établissement de 4 à 500 familles acadiennes composées d'environ 2 300 à 2 400 [en fait, la lettre originale ne parle que de 2400] personnes entreposées dans différentes villes le long des côtes, où il leur était impossible de subsister avec le secours que le Roi leur accorda encore de 6 sol par jour aux hommes et femmes et de 3 sols par jour aux enfants de dix ans et au dessus, vu la cherté excessive du pain et des autres subsistances ; il est bon d'observer que le travail des hommes ne présente qu'un très faible supplément étant presque tous sans autres talents que celui de cultivateurs et les provinces pouvant à peine suffire à entretenir une partie de l'armée [l'année ?] les domiciliés naturels qui en cette qualité doivent avoir la préférence et l'ont en effet.
Les circonstances, M., bien loin d'avoir amélioré la condition des acadiens l'ont empiré. La persévérance dans la fidélité au Roi qui les a déterminé à s'expatrier et à abandonner leurs biens pour rester sous la domination de sa majesté doit leur mériter la protection la plus forte qui les mette à l'abri de l'indigence la plus affreuse, dans laquelle ils existent depuis trop longtemps. C'est de ce point que je m'occupe et certainement il vous paraîtra très intéressant.
Indépendamment de la justice qu'il y a de pourvoir [sic] assurer l'existence à ce malheureux peuple, vous trouverez, M., l'avantage de décharger l'État de la dépense de leur entretient qui annuellement se monte à environ 160.000 livres.
Il n'est de moyens sûrs, pour éteindre cette charge, que de les faire propriétaires de terres : sans des secours puissants et qui ne peuvent être donnés que par le Roi il ne faut pas espérer de parvenir au but. Il est en différents endroits du royaume des terres vagues et vaines appartenant aux domaines, susceptibles de donner culture car il les faut de cette qualité ; elles peuvent être concédées à des capitalistes , auxquels on peut vendre au profit du Roi la coupe pleine de quelques bouquets de bois joignants, pour faciliter la bâtisse des cabanes nécessaires pour loger les familles et leur procurer du chauffage.
Le sol nu ainsi que les terres vagues et vaines peuvent être concédées en fief à mouvance du Roi aux conditions que les concessionnaires se chargerait de bâtir, fournir [je saute ... outils ... bétail... ] en un mot de faire l'établissement complet d'un nombre de familles, proportionné à l'étendue du terrain qui leur serait concédé, dont ils céderaient en propriété absolue à chaque famille la quantité nécessaire à sa subsistance. Il faut encore qu'ils abandonnent la jouissance pleine et entière des récoltes pendant au nombre d'années convenu, sauf celles de rembourser les avances, le temps de jouissance expiré, ou de payer une rente ou un ... qui serait réglé, les redevances des droits seigneuriaux en cas de mouvance réservée au seigneur du fiel qui les aura établi.
Je pense, Monsieur, que pour exciter les capitalistes, il convient que le Roi continue le secours qu'il accorde pendant au moins deux ans à compter d'un terme qui sera fixé et mettant en possession le concessionnaire entrepreneur.
Comme vous ne pouvez pas, M., suivre directement cette affaire, vous me ferez plaisir de la renvoyer à M. Cochin pour qu'il vous rende compte et me fasse part de la possibilité des moyens que je vous propose et de ceux qu'il pourra connaître propres (?) à remplir cet objet.
J'ai lieu d'être persuadé, M., que vous trouverez l'établissement des familles acadiennes si juste et si intéressant que vous vous porterez à proposer à Sa Majesté d'accorder les concessions nécessaires pour le former, outre l'épargne de plus de 150 # de dépenses annuelle l'État y gagnera par les cultures, et le Roi fera justice à un peuple qui mérite ses bontés.

Notes

9 mai 1772 - 21 - Le Moyne : projet de lettre à M. le contrôleur général et aux intendants des provinces envoyé à M. de Boynes avec la lettre ci-dessus f° 77


// CS : Dépense annuelle pour les secours : @ 105 ; 160,000 livres selon Lemoyne (1772-05-09), après diminution de solde de 6 sous à trois sous)

Mots-clés

// dénomination
// préférence nationale
// perception
// domiciliés naturels
// erreur (Lemoyne)
// secours : 160.000 l. / an
// CS (coût des secours)
// recensement FE (France Entière) : 2300 à 2400 + BIM
// cherté

Numéro de document

000105