... Au retour de Marie le petit sera mort. Tout simplement mort. Les langues de vipères du hameau, du village et de tout le canton n’en sauront rien. Personne n’en saura quoi que ce soit. Ça s’passera entre le bon Dieu et moi. ...
Louée (La)
... Pauvre petit, pauvre Marie, pauvre de nous ! Alors que la douleur ferme le cœur de son mari, elle ouvre le sien, le lessive, le décape et l’agrandit. Son regard a perdu de sa dureté, même ces gestes sont moins brusques. ...
... Un pouillot avec la Marie qui resterait là maintenant que tous les autres sont partis, maintenant que les aînés sont à la ville. Une maison sans enfant, c’est triste comme un jour sans pain. Elle se fait vieille la Marie-Louise. ...
... La Marie-Louise tend à son homme le pain qu’elle a boulangé la veille, enroulé dans un linge propre, avec le lard salé. Le vieux se prépare à partir. La vieille va planter ses pommes de terre dont on aura besoin tout l’hiver. ...
... Des sous, elle en aura bien besoin la Marie-Louise qui, en voyant arriver les gendarmes avec un enfant dans les bras, porte avec effroi les mains à son visage et, tremblante, répond en bafouillant à leurs questions. ...
... On attend le retour de Marie – la grande coupable – avec une cruelle impatience. ...
... La Marie-Louise sort de la maison. 161 ...
... C’est idiot c’que tu racontes là, répond la Marie-Louise en haussant les épaules tandis que Marie serre son fils contre sa poitrine, s’emplit de son odeur, cherche à le faire sourire avec des baisers dans le cou, des caresses sur ses cheveux dorés. — ...
... Les seins de Marie tressautent. Le petiot rit lui aussi. La joie les inonde. Parfums de femme et de chair d’enfant. Traces de morve et de larmes essuyées. ...
... Il faudra tout refaire, se dit Marie. Tout refaire. On ne peut pas vivre ainsi dans le noir et l’humidité. Il faut rehausser les murs, percer des fenêtres, remplacer le chaume par des ardoises. Poser un 164 ...