Louée (La)

Louée (La)

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... Marie reste seule dans le cabinet d’accouchement, la langue sèche, les cuisses ouvertes. 81 ...

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... Ce sont les seuls souvenirs que Marie gardera de cet accouchement. 82 ...

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... La main gauche de Marie est posée tendrement sur le corps de l’enfant. La tête légèrement inclinée, les paupières à moitié closes, la mère contemple son fils avec une infinie douceur. Sérénité du visage. Pureté des traits. Beauté de la posture. ...

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... — C’est surtout beaucoup mieux payé, Marie ! Mais pas plus haut. Mieux traité, mieux habillé, mieux nourri, mais pas plus haut. Oh non, 85 ...

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... Pour la première fois, Marthe prend Marie dans ses bras, ce qui déclenche un torrent de larmes où se noient des confidences hoquetées, presque inaudibles. — Dis rien, Marie, dis rien ! J’veux pas savoir. ...

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... En caressant les doigts, les si petits doigts fins de son fils, Marie se parle à elle-même. « Je pourrais reprendre mon bien. C’est ce que Marthe a dit, n’est-ce pas ? C’est mon petit ! Mon Louis d’or. » — Il est à moi, affirme-t-elle à voix haute. ...

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... Que faire de Marie et de son petiot pendant les quarante jours qui manquent ? — J’peux tout de même pas vous cacher tous les deux dans ma chambre, dit Marthe quand elle revient visiter Marie. Mais laisse-moi réfléchir. Laisse-moi faire. ...

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... Cette Marie est une remarquable laitière ! 89 ...

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... Tandis qu’elle se vide les seins, allaitant sans relâche, Marie fixe l’unique décoration de la nourricerie : un immense pélican sculpté dans du merisier. L’énorme bête offre ses tripes en pressant son gosier. ...

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... Marie, penchée à la fenêtre du wagon, fait ses adieux à la vieille cuisinière qui court le long du quai, agite son mouchoir et essuie ses larmes dans l’intervalle. ...