... Je ne suis pas différente de Louvaine enfermée dans son studio, d’Oslo dans son Bristol ou de Paris barricadé chez lui. ...

Un léger désir de rouge
... Pas de mode d’emploi pour traiter avec la honte et l’angoisse. Ce monde ne veut pas des mal- arrimés. L’insomnie se charge d’eux. Ils se retrouvent debout au milieu des sables mouvants de la nuit. Comment c’est pour vous, Moumbala ? ...
... Quand le traitement prendra fin, nous nous installerons en ville, Coaticook et moi. Il confectionnera des sarouels, des tuniques. Je ferai du porte-à-porte, je les vendrai. Je travaillerai dans un dépanneur. ...
... Je n’ai jamais parlé de ma maladie avec elle. Sauf les cris de nos chicanes, il n’y a que des gestes entre nous. Ma main sur son épaule dans le studio après l’assaut de Paris, ses rondes autour du lit les jours de nausée. ...
... Louvaine a fait ce qu’il fallait, puis elle est partie en tournée. Coaticook en perd. Toulouse, prends soin de lui, avait demandé grand-mère Lili. Pas Delhi, ou Oslo, ou Paris, non, Toulouse. I am Toulouse-born-to-lose. Pluie, pluie, pluie. ...
... Paris. C’était comme s’il m’attendait. Je reprends mon souffle en t’écrivant. Paris armé, qui guettait les outardes. Il n’a pas le droit de les chasser sur la batture, pas même à partir de la datcha. Et pourquoi de la datcha justement ? ...
... Pour oublier le Paris armé, pour oublier le temps, si long avant la fin du traitement, avant le retour de Coaticook. Demain et les jours suivants, je tuerai les heures le long de la route et j’accorderai mon pas à celui des enfants austères. Enfin. ...
... Le traitement, il finirait bientôt. Son oncologue ne garantissait pas la rémission. Elle, elle ne pensait qu’à l’instant, à cet avril généreux. Blanche a commandé du vin blanc. À le boire, son visage a rosi. J’ai enlevé mon bandeau. ...
... La bête qui rôdait derrière la datcha, c’était Paris. Théo l’a surpris. Celle qui rôde autour de la normande, c’est lui. Je l’ai aperçu il y a deux semaines. Je n’ai pas fait attention, j’étais sur ma coquille de noix à cause de la dernière chimio. ...
... Pas les enragés comme Paris qui acculent leurs proies dans leurs retranchements, la langue frémissante entre les crocs. Paris le coyote, Paris qui se fait plus détestable qu’il ne l’est. J’ai entendu des coups de feu. ...