Document : 1772-06-18
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°94-96// f° 57-58
Date(s)
1772-06-18
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
De Boynes
Résumé et contenu
Lemoyne à de Boynes à propos du changement d'avis du Comte de Clonard
L. rapporte une conversation avec Clonard qui a changé d'avis à propos des Acadiens parce que ces hommes seront protégés par le gouvernement et ne mettraient pas de borne à leurs prétentions. Il craint les plaintes fréquentes et "que sa tranquilité fut troublée". Il fera du semi de sapin à la place.
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Copie d'une lettre de M. Le Moyne à M. De Boynes du 18 juin 1772
Monseigneur,
J'avais eu l'honneur de vous marquer que M. le Comte de Clonard se proposait de vous demander 100 familles acadiennes pour les établir dans ses terres. Il devait dresser un projet et vous le présenter, une maladie qu'il a essuyé a suspendu son travail, ayant apris qu'il était parfaitement rétabli, j'ai été hier au soir le voir. J'ai été très surpris de le trouver avec des dispositions toutes différentes de celles qu'il m'avait montré et que je vous avais annoncé de son avant (?).
Il est je crois bon monseigneur que vous soyez instruit des motifs qui le font varier.
Il a, m'a il dit, établi les bonnes landes de sa terre avec des gens absolument libres de pouvoir contracter ; les engagements qu'il a pris avec eux ne peuvent avoir de suite que celle des engagements réciproques de ces cultivateurs et de lui. L'autorité autre que celle que doit soutenir l'exécution des actes fait entre particuliers ne peut rien exiger de lui ni des vassaux qu'il s'est donné ; sa tranquilité est assurée. Il n'en serait pas de même, à ce qu'il prétend, traitant avec des hommes qui lui seraient remis par le gouvernement parce que ces hommes ne contractant pas directement et assurés d'une protection à laquelle ils donneraient toute l'étendue qu'ils pourraient induire du motif qui la leur fait accorder, ne metterait point de bornes à leurs prétentions, regarderaient comme torts à eux faits le strict (?) de l'exécution des engagements pris à leur regard et exigeraient généralement et comme droit les bienfaits qui pourraient être faits, de pure grâce, à quelqu'un d'eux. Il craint les plaintes fréquentes que le besoin et la misère enfantent tout naturellement, plaintes qui prennent force en proportion des besoins et des malaises de ceux qui les portent, en un mot il craint que, quelque soins qu'il se donne quelque généreux qu'il fut à leur égard, sa tranquilité ne fut sans cesse troublée. Je l'ai vu alarmé et ces motifs le déterminent à changer ses projets de culture en semis en bois de sapin et de hêtre dans la partie qu'il voulait destiner aux Acadiens.
Peut-être, M., que rassuré par vous sur ses craintes, il se porterait à reprendre son projet pour les 100 familles. Je pense qu'en engagement avec le Roi bien libélé pourrait anéantir les craintes qui l'éloignent. [etc... un paragraphe à l'avenant].
L'objet est si intéressant que j'ai crû devoir vous rendre compte de ce qui s'est passé entre lui et moi et de ce que je pense sur cette affaire;
Le Moyne
Mots-clés
// Acadiens = sur-protégés
// perception
// Clonard
// protecteur (gouvernement)
Numéro de document
000113