Document : 1772-07-18
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°102-109// f° 59-65
Date(s)
1772-07-18
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
de Boynes
Résumé et contenu
L. à Boynes : organisation d'une visite pour l'établissement de SV et mémoire (humoristique) sur l'établissement de S.V.
Lemoyne a rencontré de Boynes qui a approuvé ses observations. Lui remet un mémoire nécessaire pour l'instruction du commissaire qui ira conclure sur les lieux le contrat d'établissement.
Devra écrire au commissaire de SM qui a le plus d'Acadiens et recommander Lemoyne.
N'a pas proposé d'envoyer des A. de Rochefort car il n'y connait que Duguet. Suggère d'envoyer Duguet comme émissaire avec un autre Acadien, sur les lieux.
Suivi du mémoire de S.V. pour l'établissement des familles : détail des "avantages" donnés et des qualités requises [des passages humoristiques : "Plus de 3 femmes, bonnes ménagères de campagne, intelligentes pour la basse-cour, le soin des bêtes de laine et la laiterie des vaches et des brebis." ; "Le métayer doit user avec la plus grande circonspection du laitage de peur d'affamer les jeunes bêtes ; le plus grand profit, on le répète, dépend de cette économie." ; " Le paysan est très sain et très vigoureux dans ce canton."]
S.V. déclare avoir quelques autres terres à proposer et des voisins susceptibles d'être intéressés.
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Copie d'une lettre de Lemoyne à M. des Boynes, 18 juillet 1772
Monseigneur,
J'ai eu l'honneur de vous rendre compte le 10 de ce mois des propositions de M. de Saint Victour pour l'établissement sur ses domaines de quelques familles acadiennes. Vous avez bien voulu M. approuver mardi dernier verbalement à votre audience les observations que j'ai eu l'honneur de vous présenter et me dire de faire ce qui pourrait convenir pour mettre ce gentilhomme en état d'éxecuter le plus tôt possible et de montrer l'exemple à ses voisins qui n'attendent que le résultat de son essai pour l'imiter : en conséquence, j'ai dressé, M., le mémoire que j'ai l'honneur de vous adresser, il est nécessaire pour l'instruction du commissaire auquel vous donnerez vos ordres et de ceux qu'il envoyera pour visiter les lieux, vérifier les choses de fait, discuter avec M. de Saint Victour les conditions et conclure avec lui.
Le commissaire de Saint-Malo est celui qui a le plus de familles acadiennes sous sa main. C'est à lui qu'il faut je crois s'adresser, il pourra d'après le mémoire choisir avec connaissance et n'envoyer à M. de Saint Victour pour traiter avec lui que des chefs de famille qui pourront remplir ses vues.
Pour cette opération, M., il faut vos ordres ; je n'ai point qualité. Je vous prie de les lui faire passer et de n'y pas obmettre que vous accordez à ceux qu'il envoyera une conduite pour les aider à faire le voyage.
Si vous voulez bien aussi M. insérer dans la lettre que vous lui adressez que vous avez bien voulu m'honorer de votre confiance et me donner vos ordres pour suivre les opérations qui regardent les A., vous donnerez crédit à la correspondance qu'il est nécessaire que j'entretienne avec lui.
Je pense M. qu'il serait bon que vous eussiez la bonté d'écrire à M. de Saint Victour un mot qui pût lui prouver que vous approuvez son projet et que vous accordez votre protection aux établissements qu'il formera et à ceux qui se feront de cette nature.
Je ne vous ai point proposé M. de familles résidentes à Rochefort, plus près du Limousin que S. Malo, parce que je n'y connais que le nommé Duguet. Il serait cependant bon à ce que je crois d'envoyer cet homme à M. de Saint-Victour avec un acadien qu'il choisirait pour l'accompagner. Cet homme âgé de 60 ans est révéré de ses compatriotes et M. l'abbé le Loutre m'en a dit beaucoup de bien ; c'est un homme sûr et qui verra bien. M. de Saint-Victour a des voisins qui peuvent être entrainés par l'exemple il peut être utile de scuter (souder ?) et d'échauffer les esprits et aussi de prendre une connaissance un peu étendue des moyens. L'intendant de la province paraissant saisir vos vues, cet homme est très intelligent, vous pouvez M. compter sur son rapport.
Si vous voulez, M., qu'il soit du nombre de ceux qui seront envoyés, il sera nécessaire que vous donniez vos ordres à M. Daubenton. Je joins un double du mémoire pour cet intendant. Ne serait-il pas à propos d'en faire passer un à M. Turgot pour lui faire connaitre avec certitude vos intentions ?
Etc... signé, Le Moyne
Mémoire qui expose les offres que fait M. de Saint-Victour à une famille acadienne qui voudra s'établir dans une de ses fermes.
Nota [en marge] : ce Mémoire a été envoyé avec la lettre adressée à M. de Boynes le 18 juillet 1772. Ce mémoire a aussi été envoyé à M. de Saint-Victour avec une lettre de M. le Moyne le ... (?) juillet de la dite année.
M. de Saint-Victour, gouverneur de Tulle qui a des terres dans le Limousin, désire une famille composée de 5 hommes sûrs, laborieux, bons cultivateurs et entendus aux soins des prairies naturelles et bêtes à cornes et à laine. Plus de 3 femmes, bonnes ménagères de campagne, intelligentes pour la basse cour, le soin des bêtes de laine et la laiterie des vaches et des brebis.
Le nombre d'enfants qui suivront les pères et mères quelqu'il soit ne peut qu'être utile pour les mêmes détails de la ferme qu'il se propose de donner ; elle est considérable.
[résumé et extraits intéressants : suit une description de la ferme, des conditions d'établissement - il faut faire attention à ne pas trop prélever de lait : "Le métayer doit user avec la plus grande ciconspection du laitage de peur d'affamer les jeunes bêtes ; le plus grand profit, on le répète, dépend de cette économie."
"les pommes de terres réussissent très bien dans ces terrains"
la moitié des récoltes ira au cultivateur, l'autre moitié au propriétaire ; par ailleurs, la moitié des terres défrichées appartiendra au cultivateur l'autre au propriétaire ; les redevances seront fixées au minimum ;
description "pittoresque des paysans" : "Le paysans dans la partie de la province où est située la ferme ne se nourrit que de pain de pur seigle ; il fait aussi des crêpes ou des bouillies avec le blé sarazin ou l'avoine qu'il mange avec le lait. Où la pomme de terre est cultivée le paysans en fait usage. Le paysans est très sain et très vigoureux dans ce canton.
[...] M. de SV veut débuter par une famille, si elle réussit et que d'autres dont il pourrait être content et qui le seraient aussi elles mêmes de se lier à lui veulent se présenter, il a encore des domaines pour en placer deux ou trois. Quantité d'autres gentilshommes ses voisins attendent son exemple.
Notes
27 janvier 2003
Mots-clés
// compatriotes
// perception : Acadiens = vaches à lait
// perception : paysans locaux
// projet d'établissement (SV)
// Saint-Victour
// culture
Numéro de document
000117