Document : 1755-03-25
Références / localisation du document
RAPQ, tome 17, 1936-37, p.
Date(s)
1755-03-25
Auteur ou organisme producteur
abbé de l'Isle-Dieu [isle dieu]
Destinataire
Mgr H-M de Pontbriand
Résumé et contenu
Discussion à propos du serment prêté par les Acadiens en Acadie. Les Acadiens ne sont pas liés au serment des anglais et doivent être considérés par la France comme ses sujets.
Allusions aux agissements de l'abbé Le Loutre (il avoue que ce dernier a peut-être été un peu trop loin et trop fort) et aux services rendus à la France et à la religion.
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[...] à prendre le fait des deux serments prêtés, du côté de la question de droit, et telle que je l'ai proposée à la cour, je suis persuadé que le 1er serment prêté à l'Anglais par les Acadiens français ne les lie plus aucunement depuis qu'ils ont évacué les terres de la Nouvelle-Ecosse, et qu'au contraire ils sont tenus à garder inviolablement celui qu'ils ont prêté au Roi de France, leur légitime souverain, depuis qu'ils ont passé sur nos terres [en Acadie française, je pense, d'après le contexte].
Le premier de ces deux serments n'était que conditionnel, et que pour le temps où les Acadiens français resteraient sous le gouvernement anglais, il y était même stipulé par forme d'exception expresse ou positive, qu'ils pourraient évacuer quand ils voudraient et se retirer ou bon leur semblerait, ils ont profité de la liberté qu'ils s'étaient réservée, ils ont passé sur les terres de France, ils se sont donc affranchis d'un engagement dont la condition ne subsiste plus... au lieu que le serment positif et absolu, sans limitation de temps ni restriction de circonstances, et qui par conséquent doit être irrévocable et inviolablement observé, sous les peines de droit...
Telle a été l'opinion et même la décision de tous ceux à qui j'en ai parlé en ce pays ci, mais je n'ai point voulu faire décider cette question en Sorbonne, pour ce qui concerne le fort intérieur. [...]
Je pense (et j'en ai écrit sur ce ton là à M. Le Loutre) que la manière la plus convenable de contenir dans les circonstances présentes, les acadiens français qui sont actuellement sur les terres de France, et de les rassurer contre la crainte de leur premier serment est de leur bien faire entendre qu'il ne doit ni peut plus subsister et que la France qui les regarde comme ses sujets, les protégera et les réclamera toujours comme tels.
Quant à la peine de refus et de privation des sacrements M. Le Loutre me mande qu'il n'en a jamais usé ni même eu l'intention, puisque tous ont fait leurs Pâques, paraissent rassurés et disposés à prendre des terres et à former des établissements... Même plusieurs ont déjà passé, les uns à l'île Saint-Jean, les autres à la rivière Saint-Jean où ils ont commencé à s'établir, et que quelques uns sont restés répandus dans les différents postes qui sont sous le fort de Beauséjour et y ont pris et accepté des terres pour s'établir.
Je sens bien, Monseigneur, que la première démarche qu'on a faite pour tirer les Acadiens français de leurs habitations sous le gouvernement anglais était délicate, et peut-être un peu hasardée, mais le motif en était bon et l'évenement pourrait en justifier l'entreprise, si la cour soutient nos établissements.
du côté de la religion, c'est avoir mis à couvert celle de nos acadiens, de la séduction de l'anglais ; car on peut dire qu'il avait periculum perversionis.
du côté du bien du service, c'est avoir ôté et enlevé à l'anglais des colons et des cultivateurs dont il aurait fait des serfs et des esclaves, comme il le fait aujourd'hui de ceux qui restent encore dans l'intérieur de la nouvelle-écosse, sous son gouvernement, en les employant à des travaux forcés et à des corvées dont ils sont exempts.
Mots-clés
// allégeance
Numéro de document
001452