Document : 1772-07-28

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°117-119// f° 69-70

Date(s)

1772-07-28

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

La Roque

Résumé et contenu

L. à la Roque. Nomination d'un intermédiaire entre Lemoyne et le ministre. L. se plaint de ce que rien n'avance et qu'il n'a pas de réponse à ses lettres.

Tous les mémoires qu'il a envoyés [liste à la fin] n'ont pour but que de déterminer le ministre à agir, mais il n'a aucune réponse. "J'ai senti parfaitement que les occupations actuelles de M. de Boynes pour la marine lui prenaient un temps considérable, qu'il était beaucoup d'autres objets de son ministère plus essentiels que celui de l'établissement des Acadiens et qu'il fallait respecter ses moments." [c'est pourquoi il demandait un intermédiaire = La Roque]
Conjonctures sur tout ce qui aurait pu être fait si le C.G. avait été contacté. Lemoyne se plaint de n'avoir rien fait depuis six mois sauf le rôle général, mais qui n'est qu'accessoire. Il se plaint de ne pas avoir de consignes claires et aucune réponse.
suit un liste des courriers qu'il a envoyés à de Boynes.

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Copie de la lettre de Lemoyne à M. de la Roque, 1er commis de la Marine du 28 juillet 1772. [en marge : intéressante]

Vous avez vu, M., tout ce que j'ai écris au sujet des familles acadiennes, vous avez connu aisément que mes mémoires, mes observations, toutes mes écritures n'avaient pour but que de déterminer M. de Boynes à arrêter un plan d'opération qui fut ostensif et dont la connaissance pût déterminer des capitalistes à l'exécution de ses vues. J'ai beau me tourmenter pour expliquer les intentions de ce ministre, j'ai la bouche close à la question si naturelle, où sont les terres ? Quelles décisions ont été portées sur les grâces que vous dites devoir être accordées à ceux qui voudront entreprendre l'établissement des familles ?
Il faut, je le crois, que le ministre, propose et montre ce qu'il veut accorder et ce qu'il exige. Il faut puisque le concours de deux ministres est indispensable que leurs intentions soient ministérialement connues.
Si le Roi voulait faire ces établissements, absolument par lui même, le public n'aurait pas besoin d'être instruit, mais il faut qu'il le soit puisque l'intention du ministère est de faire faire ces établissements par les particuliers qu'il n'y fait entrer le Roi que pour des grâces.
J'ai senti parfaitement que les occupations actuelles de M. de Boynes pour la marine lui prennaient un temps considérable, qu'il était beaucoup d'autres objets de son ministère plus essentiels que celui de l'établissement des acadiens et qu'il fallait respecter ses moments. En conséquence, par un mémoire que j'ai eu l'honneur de lui présenter le 16 juin, je le priai de m'assigner pour travailler ensemble quelqu'un qui, par état, fut dans le cas de le voir souvent et qui put profiter des moments d'intervalles d'un travail intéressant à un autre, pour lui rendre compte de l'état de cette affaire et obtenir les ordres nécessaires pour le suivre. Il ne pouvait nommer que vous, Monsieur, puisqu'elle dépendait de votre détail. S'il m'eut accordé ce que je désirais, vous eussiez obtenu de lui ce qui était un préparatoire indispensable et que j'ai demandé le 12 mars dernier qu'il eût écrit à M. le contrôleur général :
1. pour statuer sur les terres qui seraient accordées aux entrepreneurs et à quelles conditions
2. pour qu'il eut donné ses ordres à M. de Beaumont et à M. de Courteil
3. Pour qu'il eut fait passer ses ordres aux intendants de provinces de l'instruire des terrains susceptibles de cette destination.
Vous eussiez obtenu qu'il eût écrit lui même aux intendants pour qu'ils lui eusent donné connaissance des moyens que leur généralité pouvaient présenter et aussi q'uil eut accompagné sa lettre d'un prospectus qui eut fait connaître les vues du ministre et ses intentions.
D'après ces préalables, des capitalistes se fussent montrés, ceux qui auraient eu besoin qu'il leur fut concédé des terres et ceux qui en ayant d'incultes faute de bras, auraient eu l'intention de les faire défricher par des familles, ayant connaissance des grâces assurées à leurs entreprises, auraient d'après des combinaisons certaines pu faire des démarches et je suis persuadé qu'il s'en serait présenté nombre. Le S. de SV. sait que le ministre m'a fait part de ses vues et que je les lui ai rendu avec vérité. Il a fait des propositions, c'est en effet de sa confiance en moi, mais il est le seul, il est intéressant de faire des prosélytes de ceux qui peuvent avoir les memes vues et les mêmes moyens que lui. Au moyen d'établir les acadiens sont dans les seules mains de notre ministre. C'est un point intéressant, mais pour en faire il est nécessaire que M. de Boynes fasse ce que j'ai pris la liberté de lui demander par mon mémoire du 18 de ce mois.
Je n'ai réponse à aucun de mes mémoires ; je vais sur parole, je n'ai rien à montrer à ceux qui démontrent (?) de la volonté. Le printemps s'est passé, l'été se passera, peut-être l'automne, sans rien entamer. Ce temps perdu coûtera au Roi une année de dépense au moins. Je languis et souffre de travailler si incertainement que je n'ose me flatter du plus léger succès : je suis presque au même point qu'au moment auquel je me suis rendu aux ordres du ministre, depuis 6 mois rien absolument de fait qui touche au fond de l'affaire. Je suis occupé du rôle général, ouvrage considérable mais il n'est qu'accessoire. Et à quoi servira-t-il si le fond n'a pas lieu ? Quoique la correspondance pour les éclaircissements ait été pénibles et fort multipliée, ma (minute ?) est à moitié. J'espère en tout (?) avoir terminé ce travail ; vous savez que je ne suis pas lent à la besogne, mais je n'ai qu'un commis qui, quoique laborieux, n'a qu'une main et vous savez ce que peut une main qui en a tout (?).
Faites en sorte, je vous le demande en grâce, M., que cette affaire se mette en train et se suive, faites en un petit article de votre travail avec le ministre, tirez moi d'un état qui me laisse presque douter si j'existe.
Je joins ici note des lettres et mémoires que j'ai eu l'honneur d'adresser à M. de Boynes, afin que vous puissiez vérifier si tout vous a été renvoyé.

Je suis, M., etc.
Lemoyne

[en marge, même écriture : notes des mémoires et lettres adressées à M. de Boynes :
Mémoire du 8 fév. 1772. [voir fiche # 0007 et 000107]
Lettre du 19 fév. 1772 [voir fiche # 00086]
du 3 mars [pas retrouvé]
du 2 avril [@ 000103]
du 9 mai [@ 000104-105]
copie du 1er mémoire le ... mai [probablement @ 105]
Mémoire du 1er juin [@ 000109]
lettre du 16 juin [@ 000111]
du 18 juin [@ 000113]
du 10 juillet [@ 000114]
du 18 juillet. [@ 000117] ]

Mots-clés

// retard, incompétence du gouvernement

Numéro de document

000120