Document : 1786-04-29

Références / localisation du document

AN, F 15 3495

Date(s)

1786-04-29

Auteur ou organisme producteur

Blondel

Destinataire

Gojard

Résumé et contenu

Blondel : avoue que les comptes des dépenses des Acadiens (113 000 livres, cf. "conte bleu" de Necker) n'ont jamais été réalistes.

Blondel à M. Gojard. Paris, le 29 avril 1786. Il avoue que les fonds de 113 000 livres destinés aux Acadiens n'ont jamais suffi à payer tout le monde car en fait ce fonds ne payait qu'environ 2100 Acadiens alors qu'ils étaient 2500 rien qu'en Bretagne et d'autres encore ailleurs. Il écrit qu'on a donc jamais compté décharger l'Etat de 113 000 livres. La réduction de la dépense est plutôt de 57 000 livres (cette année ; rien n'est dit pour les années ultérieure). Lui fourni des détails sur tous ces objets. 3 folios.

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Blondel à M. Gojard.
Paris, le 29 avril 1786.

Je trouve très juste, Monsieur, l'observation dont vous avez bien voulu me faire part le 18 de ce mois sur l'excédent de dépenses qui paraîtrait résulter des calculs tirés des éclaircissements fournis par M. de Molleville relativement aux Acadiens restés en France en 1784 et 1785. Certainement si le fond de cent treize mille livres (113000) destiné annuellement aux Acadiens eut suffi pour leur fournir à chacun une solde de trois sous par jour et si 1550 individus d'entre eux eussent passé à la Louisiane en 1784, il ne faudrait pas 83000 livres pour acquitter 18 mois d'arrérages à ceux qui restent en France.
Mais premièrement, jamais le fond de 113000 livres n'a suffit : il n'avait été formé que pour soudoyer 2062 Acadiens [si l'on compte 54 livres par an, 113000 livres peuvent fournir pour 2092 Acadiens ; si on compte 365 j./ an on arrive à 54,75 livres par an soit 54 livres et 15 sous on arrive à 2063 individus ; c'est probablement sur ce calcul que Blondel s'est fondé] de la Bretagne, et il en existait plus de 2500 dans cette province. Il en est résulté qu'il y a presque toujours eu environ 500 Acadiens en Bretagne sans solde. Il y en avait encore un assez grand nombre dans le Poitou et le Pays d'Aunis, tristes restes de l'établissement de M. le Marquis de Pérusse Descars. Or dans le nombre des Acadiens partis pour la Louisiane, il s'en trouve de ceux qui sortaient de l'établissement du Poitou ; il peut s'en trouver aussi un certain nombre de ceux de Bretagne qui n'avaient point de solde et qui la réclamaient sans succès plusieurs fois chaque année. Il est même vraisemblable que ceux ci étant les plus malheureux ont été les premiers à se déterminer à passer sous une domination étrangère.
En second lieu, le nombre des 15 (?) à seize cent individus que j'ai indiqué comme ayant passé à la Louisiane est le résultat d'états envoyés en 1785 par M. de Molleville de tous les Acadiens qui, suivant les certificats ou du Consul d'Espagne ou de ses subdélégués, avaient donné leur soumission de passer à la Louisiane mais je trouve dans les Etats subséquents fournis en 1786 que quelques uns de ces soumissionnaires se sont repentis et ont préféré depuis de rester en France ; il en est donc passé à la Louisiane moins de 1550.
Troisièmement enfin dans l'état de ceux auxquels on propose de faire payer des arrérages de solde pour les six derniers mois de 1784 et pour l'année entière 1785 se trouvent quelques individus qui avaient été omis dans les états précédents. Ce sont les Acadiens de Rennes, de Vannes et de Belle-Isle et peut-être quelques uns des autres villes. Les arrérages anciens que M. l'intendant de Bretagne croit leur être dus font l'objet de réclamations particulières dont j'ai à rendre compte à M. Le Contrôleur général, qui, à ce que je présume, n'admettra point leurs demandes. Toutes ces circonstances me paraissent expliquer suffisamment la différence d'environ 41000 livres qui existe entre le payement que je propose et ce qui serait arrivé si l'on eut été dans le cas de faire le fonds annuel de 113000 livres depuis le 1er juillet 1784. Si l'affaire des Acadiens se termine conformément à mes propositions, il en résultera que le Roi n'aura pas gagné précisément les 113000 livres par année depuis le 1er juillet 1784 (et l'on n'y a jamais compté) mais le Trésor Royal aura été déchargé de 28800 livres en 1784 et d'environ 57600 en 1785. Je vous prie de vouloir bien me marquer si cette explication vous paraît suffisante. On presse infiniment pour terminer un arrangement en faveur des Acadiens restants et je désirerais d'être en état d'en parler à M. le Contrôleur Général à mon premier travail.

J'ai l'honneur, etc...,

Blondel

Notes

DSCN3879.JPG

Mots-clés

// recensement : FE 2500 (en Bretagne ; quelques autres ailleurs)
// secours
// CS (coût des secours)

Numéro de document

001481