Document : 1772-10-19
Références / localisation du document
AN H1 1499 2
Date(s)
1772-10-19
Auteur ou organisme producteur
Guillot
Destinataire
Pérusse
Résumé et contenu
Lettre de Guillot très intéressante : "Ils se font tort les uns aux autres, et d'ailleurs ils commencent à faire corps, ce qui est un mal, car de là naissent les comités, les réflexions, etc". Difficulté des Acadiens à vivre et ils sont difficiles sur le choix des terres car l'Acadie était très fertile.
St Malo, le 19 octobre 1772.
Monsieur, les députés acadiens me remirent hier soir la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 11 de ce mois [1772-10-11b], ils se louent beaucoup de vos bontés et je joins bien volontiers mes prières aux leurs pour vous en demander la continuation. Ils sont encore si affectés de la perte qu'ils ont fait de ce pauvre abbé Le Loutre que j'ai cru devoir leur donner quelques jours pour reprendre leurs esprits. Je partage avec eux leur sensibilité car ce pauvre abbé était en effet l'homme par excellence (?) pour leur établissement, les connaissant tous et ayant l'esprit de détail nécessaire pour mener l'ensemble de la machine.
L'état des familles bonnes et mauvaises et le nombre des individus que chacune d'elles composent est, Monsieur, fait et dressé depuis 2 ou 3 mois et vous le trouverez en entier chez M. le Moine commissaire général de la marine que M. de Boynes avait chargé de ce travail ; je viens de lui écrire, mais comme ma lettre ira à Fontainebleau si vous êtes, Monsieur dans l'intention de vous aboucher avec lui avant vos conférences avec M. le C.G. je vous prie de lui adresser votre lettre chez M. L'Anglois maître des comptes Cul Sac Guinrencé [?] son neveu et mon cousin.
En général, Monsieur, toutes ses familles ont beaucoup de peine à vivre et leur industrie est la même, tous ou presque tous sont charpentiers et cultivateurs, mais l'ensemble de la nation est engourdie, elle aura besoin d'être longtemps veillée, car abandonnée à elle même elle ne fera rien ou peu de chose ; voilà, Monsieur, mon sentiment sur le compte des Acadiens, qui manquent de tout, qui ont coûté considérablement à l'Etat depuis leur émigration en France et dont le dit Etat ne pourra tirer parti qu'après les avoir établis. La première dépense sera énorme et le Roi seul est en état de la faire. Tout particulier s'y ruinerait et je crois qu'il y aurait imprudence de sa part que d'oser l'entreprendre, [début d'un passage souligné] élevés dans un pays gras et fertile nos meilleurs terres en France sont pour eux à peine comparées à leur terrain médiocre de l'Acadie [fin], aussi les verra-t-on toujours difficiles et ne faire aucun choix. Il est cependant nécessaire, Monsieur, de prendre un parti à leur occasion, surtout pour ceux de Saint-Malo et des environs dont le nombre va au delà de 1800. Ils se font tort les uns aux autres, et d'ailleurs ils commencent à faire corps, ce qui est un mal, car de là naissent les comités, les réflexions, etc... Je ferai, Monsieur, bon usage de l'exemplaire d'un ouvrage d'agriculture fait d'après M. de Sutières dont le nom est cher par ses travaux utiles, ainsi que de l'arrêt du Conseil du 14 juin 1763 que vous avez bien voulu m'envoyer. Je les ferai circuler parmi les chefs après m'être mis en état d'en raisonner avec eux. J'ai l'honneur d'être avec respect, Monsieur, etc...
Guillot ; St Malo, le 19 octobre 1772.
Notes
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Mots-clés
// nation : Acadiens
// DAN
// corps de nation : début
// lien familial entre Guillot et Lemoyne
// paternalisme
// Acadie mythique
// CGD
// SM
// Poitou
// culture
Numéro de document
001496