Document : 1772-08-02

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°125// f° 73

Date(s)

1772-08-02

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

De Boynes

Résumé et contenu

L. à de Boynes : urgence de faire passer deux familles chez S.V. et inutilité d'avoir le rôle général avant.

Réponse à sa lettre [fiche précédente]. Le supplie de laisser partir quelques familles acadiennes sur les terres de SV avant d'avoir en main le rôle général que L. est en train de confectionner mais qui ne sera pas prêt avant la fin du mois. Importance selon L. de donner un exemple le plus rapidement possible et il est inutile d'avoir une connaissance de toutes les familles pour envoyer deux ou trois dans le Limousin.

-------------------------------------

Copie d'une lettre de M. Lemoyne à M. de Boynes du 2 août 1772

Monseigneur,

Je vous supplie de vous faire rendre compte de nouveau de ce que j'ai eu l'honneur de vous observer sur les propositions que M. de S.V. fait de prendre sur ses terres une ou deux familles acadiennes, propositions que vous trouverez M. assez avantageuses pour vous disposer à faire en faveur de lui et des familles, ce qui sera possible.
La lettre dont vous m'avez honoré le 31 de ce mois me fait penser que je ne vous ai pas présenté assez vivement ni assez clairement la nécessité de faire au moment un essai quelconque qui peut démontrer ce dont les familles acadiennes sont capables et donner une connaissance certaine des grâces qui pourraient être accordées à ceux qui entreprendraient de les établir. Un essai entraînera la volonté de ceux qui ont intention d'établir et les effets vous donneront des connaissances qui peuvent être essentielles pour l'opération générale.
Le moyen proposé par M. de S.V. n'est que particulier, mais ce moyen répété en Limousin par les voisins de M. de S.V. peut s'y propager dans les provinces voisines successivement se répandre au loin et se multiplier d'une façon très avantageuse.
Le rôle général que vous me demandez Mgr et que vous désirez avoir avant de vous décider est indifférent à l'exécution des moyens ; il n'est question que d'une ou deux ou trois familles au plus. Tous les Acadiens sont cultivateurs, c'est à la culture que vous voulez les employer, il est donc peu intéressant pour le moment que vous connaissiez en détail tous les talents de chaque famille. Cette connaissance vous sera nécessaire lorsque vous travaillerez à l'établissement de la masse, pour répartir les talents étrangers à la culture, mais utiles à la société, proportionnellement aux établissements. Le Commissaire de Saint-Malo, M. l'intendant de Rochefort n'auront pas de peine sur la totalité des familles qui sont sous leurs mains de trouver trois familles qui réunissent les connaissances et les talents que M. de S.V. peut désirer et qui sont nécessaires pour un établissement particulier. Le mémoire que j'ai joint au compte que j'ai eu l'honneur de vous rendre le 18 juillet les en instruira. Un essai, Mgr, est essentiel, lui seul peut faire connaître clairement vos intentions, il faut qu'au moins un propriétaire et quelques familles soient employées pour leur donner la publicité, qui seule peut faire naitre le désir de participer à leur exécution. Il en résultera au moins que vous connaîtrez M. ce que vous pouvez espérer du moyen proposé par M. de S.V., il le connaîtra lui même, il le fera connaître à ses voisins et les familles instruites se porteront avec plus de volonté à ce que vous pourrez exiger d'elles ; ces connaissances ne présentent que des avantages. Je vous supplie, M, de faire passer les ordres que je vous ai demandé, l'exécution est une pierre de touche si essentielle que je ne crains pont de vous réitérer mes instances pour un début, l'objet ne peut entraîner ni dépense ni aucune fuite à craindre.

Je travaille, M., au rôle général, ce travail est on ne peut plus considérable, je veux, Mgr, mettre les familes chacune séparément sous vos yeux, pour que vous connaissiez l'emploi dont elles seront susceptibles, je veux mettre aussi sous les yeux toutes celles qui par des circonstances particulières ont été portées aux rôles comme acadiennes, qui ne le sont point et qui conséquemment ne peuvent espérer d'avoir part à vos bontés, que par des moyens différents de ceux que vous mettrez en usage pour les Acadiens. J'espère être en état à la fin du mois de vous remettre ce travail, mais comme j'ai eu l'honneur de vous l'observer, le temps presse ; les saisons se passent, M. de Saint-Victour, les particuliers qui voudront l'imiter ne peuvent surprendre leurs arrangements sans risques. Il faut qu'ils soient assurés sans retard d'avoir des Acadiens à placer sur leurs fermes en place des fermiers qu'ils ont intention de congédier ; les baux sont prêts à échoir, sans certitude ils craindront de se trouver sans cultivateurs, ils ne peuvent le risquer. Je vous supplie, M., de bien peser ce que j'ai l'honneur de vous représenter,

Je suis, etc.

Signé : Le moyne

Mots-clés

// Saint-Victour

Numéro de document

000124