Document : 1759-09-18a // 1773-06-03

Références / localisation du document

Archives diocésaines de Coutances // AD Manche, Saint-Lô, 6 Mi 252 à 257 // Michèle Godret, "Mariages acadiens à Cherbourg", Racine et Rameaux Français d'Acadie, 26, (2e semestre 2002) : pp. 9 à 17.

Date(s)

1759-09-18a // 1773-06-03

Auteur ou organisme producteur

diocése de Coutances (en général un curé assisté d'un sacristain) // Acadiens de Cherbourg

Destinataire

Acadiens de Cherbourg

Résumé et contenu

Dossiers de demandes de dispenses de mariages consanguins [ou pour absence d'autorisation parentale] entre Acadiens. Raisons invoquées pour ne pas se marier.

Remarques générales :
Les originaux sont conservés aux archives diocésaines de Coutances et les reproductions microfilmées aux archives départementales de la Manche (St Lô) en 6 Mi 252 à 257. Ces documents sont très intéressants, bien que répétitifs.

Descriptif sommaire. Une première partie expose le problème de consanguinité (généalogie des demandants avec liens de parenté jusqu'à la 3 ou 4e génération) et les raisons pour lesquelles les demandants souhaitent quand même se marier. Les raisons invoquées sont pratiquement toujours les suivantes :

1. Les filles du lieu (Cherbourg) ne voudront pas retourner "aux îles" [du Canada ou des Antilles] lors de la paix, comme l'expérience de la dernière guerre l'a déjà prouvé [les Acadiens - voir notamment le dossier 3. Eustache Paré - Anne Mélanson, page 3 : "lors de la dernière guerre, des Canadiens ont épousé à Rochefort des filles du lieu qui ont refusé de retourner" [au Canada].
Pour les conjoints non acadiens, on craint qu'il soit "impossible de s'accoutumer à l'air d'un pays étranger" (dossier 3 p. 7) -
dossier 7 : "les îles où il plaise au Roi de les envoyer"

2. en cas de mariage avec une habitante française, le mari ne touchera plus de paye pour sa femme (cf. dos. 4 introduction)

3. absence de filles à marier qui ne soient pas déjà apparentées avec le demandant, ou qui convienne (plusieurs raisons évoquées, comme l'existence d'enfants, par exemple ; un autre parti qui n'est pas apparenté avec le demandant est rejeté à cause du fait qu'il est "défiguré au visage").

4. la pauvreté, qui empêche de faire une demande directe au pape ; ne sont pas regnicoles
les banquiers n'accepteraient pas leurs demandes parce qu'ils ne sont pas regnicoles (?).
dossier 9 : regnicoles : "les suppliants ne peuvent s'adresser aux banquiers de Cours de Rome vu qu'ils ne sont pas regnicoles, qu'au surplus la pauvreté où ils sont les mettrait hors d'état d'y recourir".

5. l'inclination pour le conjoint ou le problème de l'âge ou des enfants.
cf. notamment dossier 5 : "Marie Rose Daigle dit "qu'elle se ferait peine d'épouser une personne quoique d'un même pays [de l'Acadie] dont elle ne connaîtrait pas l'esprit et l'humeur".

6. Ignorance du lien de parenté lors du début de la "fréquentation"
Ils disent souvent que s'ils avaient sû plus tôt qu'ils étaient parents, ils ne se seraient pas cherchés, mais que puisqu'ils en sont là... Cette recherche a souvent été longue : le dossier 6 insiste sur la longue recherche : "ils se sont cherchés depuis 4 ans"

7. En Acadie, pas de problèmes pour se marier entre cousins germains
d. 6 : "dans l'Acadie, on ne fait aucune difficulté d'accorder dispense à des cousins germains qui se recherchent pour le mariage".

8. Mise en avant des sacrifices des biens temporels :
dossier 6 : "que de manquer à ce qu'ils doivent à Dieu et à la religion catholique"

Ensuite sont retranscrites les auditions du demandant et de la demandante, et de deux témoins parents et deux témoins non parents.


11 dossiers :


1. 18 septembre 1759 : Jean-Baptiste Galherme - Cécile Aucoin
2. 14 janvier 1761 : Joseph Lapierre - Rosalie Hébert
3. 14 janvier 1761 : Eustache Parré et Anne Mélanson
4. 14 janvier 1761 : Léonard Circaud et Anne Lacroix
5. 25 juin 1761 : Guillot La Borde - Marie-Rose Daigle
6. 25 mars 1763 : Jean Granger - Anne Landry
7. 15 mai 1763 : Joseph de Mius d'Entremont - Anne Landry
7bis : 19 mai 1762 : Accord pour le mariage du dossier n° 7 (15 mai 1763 : Mius d'Entremont - Landry)
8. 3 juillet 1763 : Ambroise Bourk et Modeste Moulaison
9. 24 août 1771 : Joseph Landry - Madeleine Landry
10. 17 avril 1772 : Basile Chiasson - Monique Como
11. 3 juin 1773 : Jean Broussard - Marguerite Como

Notes

le terme regnicole apparaît à plusieurs reprises, mais dans les derniers dossiers seulement, ainsi que dans la décision, très difficilement lisible entre le dossier 7 et 8.

Selon Madame Godret, les demandes de dispenses "coûtaient" entre 4 et 5 livres ; elles étaient toujours accordées ; l'allusion à la pauvreté était pratique courante.
Pièces envoyées par Madame Godret en décembre 2003 ; j'ai lu les dossiers intégralement le 19 et 20 décembre 2003 et j'ai pris quelques notes non exhaustives.

// Le premier dossier est une demande de dispense d'autorisation parentale pour se marier (les parents du marié sont à Philadelphie depuis quatre ans et on est sans nouvelles d'eux depuis deux ans sans qu'il soit possible de savoir s'ils sont vivants ou morts).- on ne sait pas pour quelle raison les familles ont été séparées et si c'est la faute ou la volonté des Anglais : peut-être le fils était à l'île Saint-Jean pendant que les parents étaient en Acadie proprement dite. Rien n'est sûr.

Mots-clés

// regnicoles
// dispenses de consanguinité
// notes diverses
// culture (pas de mention de problème de culture pour justifier mariages consanguins ; sauf éventuellement point 5 (suivant l'interprétation)
// Cherbourg

Numéro de document

001517