Document : 1772-09-14

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°129-131// f° 75-76

Date(s)

1772-09-14

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Bertin, ministre - directeur du bureau d'agriculture (dépend du Contrôle Général)

Résumé et contenu

Lemoyne à Bertin. Historique de ce qu'il a fait. Changement du ministère de tutelle. Il vient d'apprendre que Bertin va s'occuper des familles et qu'il devra lui obéir.

Lemoyne raconte l'origine de sa mission : Commissaire gal, occupe des familles allemandes puis réfugiés. Projet d'attachement à la glèbe. Prétend que de Boynes s'est depuis le début intéressé [hypocrisie, cf. ses lettres précédentes où il n'a pas de réponse de Boynes] à ce "peuple malheureux qui par les sacrifices qu'il a faits au Roi et à la religion mérite les bontés de sa majesté et la protection la plus décidée du gouvernement.". Appel de Lemoyne pour exposer les moyens pour l'établissement [les mêmes que pour les Allds].
Il vient d'apprendre que Bertin va s'occuper des familles et qu'il devra lui obéir, et espère lui être utile.
Travaille sur l'établissement de la liste des familles. "Ces connaissances étaient nécessaires pour former des associations d'autant plus utiles qu'elles seraient combinées sur les facultés et les talents."

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Copie d'une lettre de M. le Moyne, à M. Bertin, ministre, le 14 septembre 1772

Monseigneur,

Commissaire général de la Marine au port de Rochefort, je fut chargé en 1765 particulièrement du détail des colonies et par suite de ce qui avait rapport aux secours que le Roi accordait aux familles étrangères entreposées à Saint-Jean d'Angély, aux familles de l'Amérique Septentrionale et aux familles acadiennes qui étaient répandues dans divers lieux du département du port.
Les vues du ministre étaient d'établir et d'attacher à la glèbe les familles allemandes. Différentes difficultés firent renoncer à ce projet et selon leurs voeux à elles mêmes, elles furent congédiées et le plus grand nombre fut renvoyé dans leur pays.
Les mêmes vues s'étaient portées sur les familles acadiennes, peuple malheureux qui par les sacrifices qu'il a fait au Roi et à la religion mérite les bontés de sa majesté et la protection la plus décidée du gouvernement.
M. de Boynes qui dès le commencement de son ministère a été touché de l'état de ce malheureux peuple et de ce qu'il méritait, s'est occupé des moyens de lui assurer son bonheur en le rendant cultivateur et en même temps de décharger l'Etat de la dépense considérable qu'occasionnaient les secours que le Roi lui accordait. Ce ministre me fit l'honneur de me donner ordre au mois de décembre dernier de me rendre à Paris pour lui remettre sous les yeux les différents moyens que j'avais proposé pour leur établissement, les mêmes qui avaient parus propres pour celui des familles allemandes.
Il me prescrivit de travailler préalablement à tout ce qui pourrait lui donner la connaissance la plus exacte du nombre des familles, de leur composition et des talents de chaque individus des deux sexes. Ces connaissances étaient nécessaires pour former des associations d'autant plus utiles qu'elles seraient combinées sur les facultés et les talents.
Je suis parvenu à rassembler tout ce que M. de Boynes désirait et je venais de terminer la base des opérations à faire (les rôles généraux non seulement des familles acadiennes mais aussi de celles qui s'y étaient adaptées pour différentes causes) lorsque M. l'abbé Le Loutre m'a instruit de la part que vous deviez prendre M. à l'établissement de ce malheureux peuple auquel vous promettiez toute la protection qu'il mérite.
Je souhaiterais, M., que mon travail pût vous être agréable, M. de Boynes m'a prescrit d'éxecuter tous les ordres dont vous voudrez m'honorer. Vos vues et les siennes sont les mêmes ; le bien de la chose ; le bonheur des sujets du Roi méritants, et de décharger l'Etat d'une dépense qui, depuis 10 ans, tombé en pure perte, faute d'avoir été lié à des opérations qui, en anéantissant la nécessité, l'ont rendu d'un grand produit à l'Etat. J'ai l'honneur, Mons, de vous offrir tout mon zèle ; il est sans borne, acceptez aussi les connaissances que m'a pu procurer l'étude que j'ai fait des moyens et du procédé qu'on pouvait employer à l'établissement de ces familles. Ordonnez, je suis prêt à obéir.

Je suis, etc... Lemoyne

Mots-clés

// Acadiens = peuple malheureux
// formation d'associations
// RED
// intégration : attachement à la glèbe

Numéro de document

000126