Document : 1761-01-14a

Références / localisation du document

Archives diocésaines de Coutances // AD Manche, Saint-Lô, 6 Mi 252 à 257 // Michèle Godret, "Mariages acadiens à Cherbourg", Racine et Rameaux Français d'Acadie, 26, (2e semestre 2002) : pp. 9 à 17.

Date(s)

1761-01-14a

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Cherbourg // Joseph Lapierre - Rosalie Hébert

Résumé et contenu

Dispense de consanguinité. Dossier 2 : 1761, 14 janvier : Joseph Lapierre - Rosalie Hébert

Raisons avancées :
Raisons prises sur la page d'intro
- se sont cherchés depuis 2 mois et demi et ne savent que depuis 15 jours que parenté.
- Retour aux îles : " il craindrait qu'une épouse du pays ne voulu pas le suivre " (Précisions du suppliant : " dans le dessein où est le suppliant de retourner aux îles du Canada après la paix faite, il a lieu d'appréhender comme l'expérience l'a prouvé dans le temps de la dernière guerre et le fait craindre dans celle ci une fille prise pour son épouse à Cherbourg ou lieux voisins ne voulu pas le suivre dans son retour comme refusent déjà de le faire plusieurs filles du lieu mariées à Cherbourg ". Le second témoin parent précise que certaines femmes de Cherbourg " l'annoncent dès aujourd'hui " (qu'elles ne repasseront pas avec leurs maris). (p. 12)
- Perte de la paye " qui serait refusée à sa nouvelle épouse prise du lieu ". Le premier témoin non parent précise que la paye du roi n'est accordée qu'aux femmes et filles canadiennes. (p. 13)
- Tous les Acadiens sont parents avec lui sauf des jeunes filles de 15 à 18 ans.
- Amitié avec la suppliante qu'il estime beaucoup pour son caractère, la régularité de sa conduite, etc?
- La suppliante est chargée d'orphelins
- La suppliante est parente avec presque tous les autres acadiens [sous entendu elle ne peut peut-être pas se marier] (précision du suppliant) : la suppliante n'a été recherchée par aucun autre parti
- (précision du suppliant) : " Les suppliants sont pauvres et hors d'état de recourir au Saint-Siège ". (cet argument ne figure que chez le suppliant et pas dans la page de présentation).

Résumé de Madame Godret (cf. # 1470)
Le 14 Janvier 1761, " supplient très humblement Joseph LAPIERRE fils de feu Charles et de Marie PITRE, veuf de Marguerite Josèphe BOURK et Rosalie HéBERT, fille de feu Charles et de défunte Claire MIEUSSE [MIUS], tous originaires de l'Acadie et domiciliés à Cherbourg, sçavoir le suppliant depuis deux ans complets et la suppliante depuis le quatorze janvier mil sept cent soixante ". Ils se fréquentent " en vue de mariage " depuis deux mois et demy mais savent seulement depuis quinze jours qu'ils ont entre eux un empêchement canonique du trois au quatrième degré d'affinité. Ils énumèrent les raisons qui leur font solliciter une dispense. En effet le suppliant " ayant dessein de retourner aux Isles après la paix faite, il craindroit qu'une épouse du pays ne voulût pas l'y suivre ". Ensuite " il perdroit la paye du Roy qui seroit refusée à sa nouvelle épouse prise du lieu ". Et enfin " parmy les autres Canadiennes, il n'en trouve point qui ne luy soient parentes, exceptées des jeunes filles de quinze, seize et dix huit ans. Qu'enfin il est lié d'amitié avec la suppliante âgée de vingt trois ans complets du jour St Michel dernier, laquelle il estime particulièrement par son caractère d'esprit et la régularité de sa conduite. D'ailleurs la ditte suppliante est chargée de jeunes orphelins et parente de presque tous les autres Acadiens "

L'enquête a lieu le 22 janvier.

Premier témoignage : Joseph LAPIERRE, 35 ans, suppliant. Il est arrivé d'Acadie à Cherbourg sur un vaisseau anglois la veille du jour de la St André mil sept cent cinquante huit. Il est poissonnier pêcheur de profession.

Il dit que son père, Charles LAPIERRE est décédé " avant même qu'il fut né. Sa mère Marie PITRE " s'est réfugiée il y a deux ans du jour St Louis dans les bois de l'Acadie pour éviter la fureur des Anglois, qu'il est veuf de Marguerite Josèphe BOURK qu'il avait épousée et qui est morte en pleine mer dans le vaisseau qui les transportait en France ". La suppliante, Rosalie HéBERT 23 ans, a perdu son père, sa mère et ses deux frères aînés depuis qu'elle est à Cherbourg. Il lui reste un jeune frère de 20 ans et trois s?urs dont l'aînée n'a que 17 ans. Sylvain AUCOIN, 25 ans, son parent du deux au troisième degré consent à son mariage.

Il s'agit d'une dispense d'Affinité, la suppliante étant parente du troisième au quatrième degré avec la première épouse de Joseph LAPIERRE.

Les arguments de Joseph LAPIERRE pour justifier sa demande sont les mêmes que dans l'acte précédent : la trop grande jeunesse des autres Acadiennes, leur peu de maturité, son désir de retourner " aux Isles du Canada après la paix faite ", lui interdisant de courtiser un fille du pays qui pourrait refuser de partir avec lui, " comme l'expérience l'a prouvé dans la dernière guerre et le prouve encore aujourd'huy à Cherbourg ", le fait qu'il perdrait ce faisant " la paye journalière du Roy qui n'est accordée qu'aux femmes et filles canadiennes ". En outre, la suppliante chargée de l'éducation et de l'entretien d'une s?ur de douze ans (on peut supposer que ses deux autre s?urs sont en âge de gagner leur vie) a à charge un neveu "âgé d'un an à la Toussaint dernière sans père ny mère " et n'a jusqu'ici été recherchée par aucun autre parti. Il considère donc qu'il doit prendre en charge toute la famille. Il ne signe pas mais marque.

Deuxième témoignage : Rosalie HéBERT. Le vaisseau anglais qui la transportait est entré dans la rade de Cherbourg le 10 Janvier 1760, elle a débarqué le 14. Elle a vécu " pour subsister du travail de ses mains ". Elle est originaire de la pointe de Quatre Sables en Acadie. Ses parents et son frère aîné sont décédés en mars 1760, son deuxième frère en Août. Elle n'a jamais été mariée. Elle ne signe pas mais marque.

Un HéBERT, souche commune, natif de France, dont on ignore le nom de baptême, d'où :

Etienne HéBERT, d'où : Anthoine HéBERT, d'où :

Marie HéBERT Charles HéBERT
x Martin HENRY, d'où : x Claire MIEUSSE, d'où :

Anne HENRY Rosalie HéBERT, suppliante.
x Claude BOURK, d'où :

Marguerite Josèphe BOURK,
première épouse du suppliant.

Premier témoin parent : Charles HENRY, 28 ans, originaire de l'Isle St Jean (actuellement l'Ile du Prince Edouard), transféré à Cherbourg le jour St André mil sept cent cinquante huit, pêcheur de profession. Il est cousin germain du suppliant étant " sorti d'une s?ur de sa mère " et parent du deuxième au troisième degré de Marguerite Josèphe BOURK. .Il dépose que le suppliant a été transféré de l'Isle St Jean le même jour que luy. L'éloignement des demeures des suppliants en Acadie explique qu'ils ignoraient leur parenté. Les deux seules filles qui ne sont pas apparentées au suppliant sont , l'une promise, l'autre " sur le point d'être mariée ". Il ne signe pas mais marque.

Second parent parent : Sylvain AUCOIN, 25 ans, poissonnier pêcheur. Il est lui aussi arrivé de l'Isle St Jean. Il est parent du deuxième au troisième degré des deux parties. Il consent au mariage et est d'avis qu'elle épouse le suppliant. Il ne signe pas mais marque.

Premier témoin non parent : Jean Baptiste GALHERME, 23 ans, venant de l'Isle St Jean, poissonnier pêcheur.

Second témoin non parent : Eustache PARRE, 37 ans, originaire de l'Acadie, prisonnier à Chibouctoug dans la nouvelle angleterre puis transféré à Cherbourg, poissonnier pêcheur. Le suppliant a débarqué avant le déposant, mais celui-ci est arrivé avec la suppliante qui était emprisonnée à Chibouctoug avec lui. Lui aussi marque.

Ces deux témoignages sont entièrement concordants avec tous les autres.

Notes

Note : selon les recherches de Patrice Berton et James P. Henry le mariage a eu lieu le : 07-02-1761

Mots-clés

// dispenses de consanguinité
// repartir : îles
// Cherbourg

Numéro de document

001526