Document : 1761-01-14b

Références / localisation du document

Archives diocésaines de Coutances // AD Manche, Saint-Lô, 6 Mi 252 à 257 // Michèle Godret, "Mariages acadiens à Cherbourg", Racine et Rameaux Français d'Acadie, 26, (2e semestre 2002) : pp. 9 à 17.

Date(s)

1761-01-14b

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Cherbourg // Eustache Parré et Anne Mélanson

Destinataire

Acadiens de Cherbourg

Résumé et contenu

Dispense de consanguinité : Dossier 3. 14 janvier 1761 : Eustache Parré et Anne Mélanson

Raisons avancées :
- " La raison qui fonde leur espérance [d'une dispense de l'empêchement canonique] c'est qu'ils ne peuvent vraisemblablement se marier qu'avec [des] gens de leur pays premièrement parce qu'ils espèrent retourner à l'Acadie ou autres îles après la paix, ce qui ne serait peut-être pas du goût d'une fille du pays "
- 2. paye (le suppliant : " il perdrait la paye du Roi pour sa nouvelle épouse comme il est arrivé à un nommé l'Anglois, originaire de l'île Saint-Jean ")
- 3. parmi les autres acadiennes, une seule non-parente trop jeune pour lui (il a 37 ans) et la suppliante (âgée de 45) serait exposée au danger de ne trouver personne. L'exposant écrit que les autres acadiennes sont trop jeunes pour lui et que : " D'ailleurs il appréhenderait qu'une jeune fille avec peu de tête et peu d'inclination à élever ses enfants ne troublât la paix de sa maison et qu'il aimerait mieux ne point se marier que de s'exposer à ce danger, lequel il ne craint point du côté de la dite Mélançon, qu'il connaît sage, douce et prudente et d'un âge mur ". (p.3)
- les suppliants sont pauvres et hors d'état de recourir au Saint-Siège (cet argument figure chez tous les suppliants et leurs témoins mais pas dans la page de présentation).
- Suppliante : " crainte de ne pas trouver d'autres partis "
- Premier témoin parent : " que d'ailleurs étant dans le dessein, le dit suppliant, de retourner s'établir à l'Acadie après la paix faite, comme lui déposant et les autres acadiens se le proposent, une épouse prise dans ce pays ne serait peut-être pas du goût comme l'expérience le prouve, de suivre son mari, ni en état de supporter la difficulté du trajet de la mer ou même de s'accoutumer à l'air d'un pays étranger ? " (p. 7).
- Premier témoin non parent (p. 11) : " on a même été obligé d'en forcer plusieurs [femmes non acadiennes qui ne voulaient pas suivre leurs maris] de sa connaissance par le secours du militaire pour les faire embarquer "
- Deuxième témoin parent : " si le suppliant venait à épouser une fille de Cherbourg ou des lieux voisins, il aurait lieu de craindre que cette fille devenue son épouse ne voulut pas le suivre dans son retour aux îles du Canada après la paix faite, comme il est arrivé déjà que plusieurs filles de Cherbourg mariées à des Acadiens déclarent hautement qu'elles ne suivront pas leurs maris lors de leur embarquement pour être transportées dans leur ancien pays ". (p. 13)


Résumé de Madame Godret (cf. # 1470) :
De nouveau, le 14 Janvier 1761, " Eustache PARRE, fils de feu Pierre et défunte Jeanne DUGAST et Anne MéLANSON, fille de feu et de défunte Madeleine FITOT originaires de l'Acadie et domiciliés à Cherbourg depuis le quatorze janvier de l 'année dernière se sont fréquentés et recherchés pour le mariage " bien qu'ils soient parents du trois au troisième degré. Les raisons évoquées sont toujours les mêmes : la perte de la pension si le suppliant épouse une fille non acadienne, son refus probable de le suivre " en Acadie ou aux autres Isles " dès qu'il en aura la possibilité. Dans le cas d'Eustache PARRE, qui a trente sept ans " complets " et d'Anne Mélanson, qui en a quarante cinq, il évoque la difficulté d'épouser une fille jeune " qui n'acceptera pas le party à cause de son âge disproportionné " et la fille " est exposée à manquer d'établissement " à cause de son âge.

Enquête du 20 Janvier.

Eustache PARRE, poissonnier pêcheur, dit que son père est mort à l'Acadie il y a environ 34 ans, sa mère est aussi morte à l'Acadie il y a 35 ans. Il est veuf d'Anastasie BELLEFONTAINE " décédée elle aussy à l'Acadie sur les bords de la rivière St Jean où elle fut tuée par les Anglois le deux de mars de l'année mil sept cent cinquante neuf. Il est parti de Chibouctoug dans la Nouvelle Angleterre dans le mois de Novembre mil sept cent cinquante neuf pour passer en France. Il est chargé de deux enfants, il doit donc se remarier.

Il est sûr qu'" aucune fille jeune qui ne luy soie pas parente ne voudroit l'épouser eut égard à son âge, aussy bien qu'à la charge de ses enfants; et que d'ailleurs il appréhenderait qu'une jeune fille avec peu de tête et peu d'inclinaison à élever ses enfants ne troublât la paix de sa maison et qu'il aimeroit mieux ne point se marier que de s'exposer à ce danger, lequel il ne craint point du côté de la ditte MéLANSON qu'il connoit sage douce et prudente et d'un âge mûre ". Il marque.

Anne Mélanson comparait. Elle dit que son père et sa mère son décédés à Cherbourg en Janvier et Février mil sept cent soixante. Elle a appris après avoir commencé à fréquenter Eustache qu'il étaient parents. Elle n'a jamais été mariée. Elle est déterminée à retourner au Canada après la paix et est très sûre que le suppliant est d'un caractère à vivre en paix avec elle. Elle marque.

Abraham DUGAST, souche commune, d'où :

Claude DUGAST, d'où : Marie DUGAST
x Jacques MéLANSON, d,où :

Jeanne DUGAST Jean MéLANSON, d'où :
x Pierre PARRE, d'où :

Eustache PARRE, suppliant. Anne MéLANSON, suppliante.

Premier témoin parent : Joseph BELLEFONTAINE, originaire de l'Acadie où il faisait les fonctions de Major de Milice, 64 ans. Il a été lui aussi transporté de Chibouctoug à Cherbourg sur le même transport. Il est maintenant sans profession. Il est le beau-père du suppliant, étant le père de sa première femme, Anastasie. Il pense que ce mariage convient très bien aux deux parties. En effet, "il est dans le dessein (du suppliant) de retourner s'établir à l'Acadie après la paix faitte, comme luy sieur déposant et les autres acadiens se le proposent, une épouse prise dans ce pays ne serait peut-être pas du goût, comme l'expérience le prouve, de suivre son mary, ny en état de supporter la difficulté du trajet de la mer, ou même de s'accoutumer à l'air d'un pays étranger ". Il semble que les deux enfants soient des garçons, car il parle de ses petits fils. Il signe assez maladroitement.

Second témoin parent : Jean MéLANSON, 33 ans, poissonnier pêcheur. Il a fait partie du même transport que les autres. Il est le frère d'Anne. Il emploie les mêmes arguments, y compris celui sur la perte de la pension de Roy " dont les acadiens en général son gratifiés, comme l'expérience le prouve, même à Cherbourg ". La suppliante, sa s?ur, à laquelle il est lié d'une amitié étroite, et il la croit " d'un caractère d'esprit et de c?ur à élever les enfants du premier lit avec affection " . Il marque.

Premier témoin non parent : Joseph LAPIERRE, 35 ans, poissonnier pêcheur. Il n'est pas au courant de la mort d'Anasthasie BELLEFONTAINE car il était déjà passé en France et arrivé à Cherbourg, mais qu'on le lui a dit de plusieurs côtés, en particulier de la bouche de feu Simon LE ROY, " qui avait vu le massacre, étant lui-même blessé et s'étant échappé ". Dans le cas de mariages avec des filles du pays, elles refusent d'ordinaire de suivre leurs maris aux Isles et " qu'on a même été obligé d'en forcer plusieurs de sa connaissance, par le secours du militaire, pour les faire embarquer ". Il marque.

Second témoin non parent : Joseph DU BOIS, 35 ans, transféré en France du fort de Beauséjour par Allifax dans un vaisseau anglais arrivé à la même date, poissonnier pêcheur. Il témoigne qu'Eustache PARRE est arrivé en France sur le même transport en provenance d'Allifax, ainsi qu'Anne MéLANSON aussy transférée de Quatre Sables, dont elle est originaire, par Allifax, en France. Il marque.

Notes

Note : selon les recherches de Patrice Berton et James P. Henry le mariage a eu lieu le : 03-02-1761

Mots-clés

// dispenses de consanguinité
// repartir : Acadie ou autres îles
// Cherbourg

Numéro de document

001527