Document : 1771-08-24
Références / localisation du document
Archives diocésaines de Coutances // AD Manche, Saint-Lô, 6 Mi 252 à 257 // Michèle Godret, "Mariages acadiens à Cherbourg", Racine et Rameaux Français d'Acadie, 26, (2e semestre 2002) : pp. 9 à 17.
Date(s)
1771-08-24
Auteur ou organisme producteur
Acadiens de Cherbourg // Joseph Landry - Madeleine Landry
Destinataire
Acadiens de Cherbourg
Résumé et contenu
Dispense de consanguinité : 9.1771, 24 août : Joseph Landry - Madeleine Landry
Raisons avancées :
[pas de mention de passage dans les Amériques ou dans les îles ni de la suspension de la paye]
demandent surtout à ne point payer.
- les dispenses étaient faites directement par l'évêque en Acadie : " Les suppliants font remarquer que "quelque proximité qu'il y ait entre eux et tous ceux de leur pays ils n'ont dans aucune circonstance été obligés, Monseigneur, de s'adresser au Pape, parce que dans l'Acadie leur Evêque dispensait d'un pareil empêchement ce que n'étant pas Européens, ni règnicoles, les Banquiers de France n'ont point pouvoir d'exploiter pour eux" .
- des dispenses similaires ont été accordées gratuitement à d'autres Acadiens qui n'auraient pas été en mesure de payer de toute façon : La même dispense a été accordée " par votre Illustrissime prédécesseur " à Joseph DEMIUS d'ENTREMONT et à Anne LANDRY, pareillement cousins. " Cette dispense leur a été (?) accordée gratuitement, et comment des malheureux expatriés et transportés par les Anglais en France, après une spoliation entière, expropriés d'immenses possessions, réduits aujourd'hui dans le plus triste état sans autres ressources que leur industrie, auraient ils été en état de l'obtenir s'il avait fallu la payer ".
- si la suppliante ne se marie pas, peur de l'indigence : Si vous ne l'accordiez pas aux suppliants, " la suppliante déjà âgée de près de trente ans, demeurée sans père ni mère ni personne qui prenne intérêt à elle resterait sans établissement, exposée à toutes les horreurs de l'indigence "
- suppliant : difficulté à rompre une longue et étroite amitié ; risque de ne jamais se marier ; " dans leur pays on les dispensait d'un tel empêchement sans recourir à Rome, que d'ailleurs les Banquiers de France ne peuvent exploiter pour des personnes comme eux qui ne sont point regnicoles " (p. 2)
- pauvreté, incapables de recourir au Saint-Siège.
- La suppliante : Elle redonne les mêmes raisons, son âge, le fait qu'elle n'a jamais été mariée ni recherchée, leur attachement mutuel de plus en plus fort, l'égalité de leur caractère et, pour obtenir la gratuité, le fait qu'ils n'ont que la paye du Roy pour vivre et que " le Banquiers de France ne peuvent exploiter pour eux, car les Acadiens ne sont point règnicoles ".
- Le premier témoin parent déclare : " Le triste état des suppliants qui n'ont que simplement la paye du roi pour subsister ne pourrait jamais leur permettre de faire les frais de Cour de Rome quand même il serait permis aux banquiers de France d'exploiter [recherché dans Dictionnaire Académie et Littré, par trouvé ce sens] pour eux. " (p. 4)
Résumé de Madame Godret (cf. # 1470) :
1771. Monseigneur Jacques LEFEBVRE DUQUESNOY est décédé. Son successeur n'est pas nommé dans les actes suivants.
Le 24 Avril 1771, " Joseph LANDRY, natif de l'Acadie, païs de la nouvelle France, fils de feu François lequel était frère de feu René et Magdeleine LANDRY, aussi de l'Acadie, fille dudit feu René frère de François " étant cousins germains doivent, malgré leur inclinaison mutuelle, solliciter une dispense du deux au deuxième degré de consanguinité. Les suppliants font remarquer que " quel que proximité qu'il y ait entre eux et tous ceux de leur païs ils n'ont dans aucune circonstance été obligés, Monseigneur, de s'adresser au Pape, parce que dans l'Acadie leur Evêque dispensait d'un pareil empêchement ce que n'étant pas Européens, ni régnicoles (qui habitent le pays où ils sont nés, auquel ils appartiennent, par opposition aux étrangers-définition LAROUSSE)(habitant naturel d'un royaume, étranger naturalisé-Dictionnaire Français-BOISTE-1832), les Banquiers de France n'ont point pouvoir d'exploiter pour eux " .
La même dispense a été accordée " par votre Illustrissime prédécesseur " à Joseph DEMIUS d'ENTREMONT et à Anne LANDRY, pareillement cousins. " Cette dispense leur a été accordée gratuitement, et comment des malheureux expatriés et transportés par les Anglais en France, après une espoliation entière, expropriés d'immenses possessions, réduits aujourd'huy dans le plus triste état sans autres ressources que leur industrie, auraient ils été en état de l'obtenir s'il avoit fallu la payer ".
Si vous ne l'accordiez pas aux suppliants, " la suppliante déjà âgée de près de trente ans, demeurée sans père ni mère ni personne qui prenne intérêt à elle resterait sans établissement, exposée à toutes les horreurs de l'indigence "
L'enquête a lieu le 29 Avril.
Joseph LANDRY comparait. Il est fils de feu François et de deffunte Marie BELIVEAU, originaire de Port Royal, navigateur, transporté par les Anglais il y a douze ans, 28 ans. Il fréquente honnêtement la suppliante depuis huit ans en vue du mariage. Il signe.
Magdeleine LANDRY, fille de défunt René LANDRY et de deffunte Marie Josephe d'ENTREMONT, arrivée à Cherbourg il y a environ onze ans sur un vaisseau anglais, est occupée journellement chez elle au travail du mesnage. Elle redonne les mêmes raisons, son âge, le fait qu'elle n'a jamais été mariée ni recherchée, leur attachement mutuel de plus en plus fort, l'égalité de leur caractère et, pour obtenir la gratuité, le fait qu'ils n'ont que la paye du Roy pour vivre et que " le Banquiers de France ne peuvent exploiter pour eux, car les Acadiens ne sont point régnicoles "
Pierre LANDRY, père commun, d'où :
François LANDRY René LANDRY
x Marie BELIVEAU, d'où : x Marie Joseph D'ENTREMONT, d'où :
Joseph LANDRY, suppliant Magdeleine LANDRY, suppliante
(Complète l'arbre de Joseph DEMIUS d'ENTREMONT et d'Anne LANDRY, x en 1764).
Premier témoin parent : Pierre LANDRY, navigateur, 31 ans, frère de Joseph. Il marque.
Second témoin parent : Joseph LANDRY, navigateur, 48 ans, frère de Magdeleine. Il marque.
Premier témoin non parent : Pierre NONAINVILLE, drapier, bourgeois de Cherbourg, 41 ans. Il signe.
Second témoin non parent : Loüis NONAINVILLE, aussy drapier, et aussy bourgeois de Cherbourg, 23 ans. Il signe.
Tous les témoins répètent inlassablement les mêmes arguments.
Notes
cette dispense est une dispense au 2e degré. Avec le numéro 7, c'est la seule dispense au 2e degré retrouvée. Normalement, selon l'abbé Couppey (archives diocésaines de Coutances), ces dispenses de consanguinité au 2e degré devaient aller à Rome, contrairement aux autres qui étaient traitées couramment sur place par l'évêque. C'est probablement pour cela qu'il est fait davantage allusion dans ce texte à Rome et aux dispenses en Acadie.
Note : selon les recherches de Patrice Berton et James P. Henry le mariage a eu lieu le : 18-06-1771 (il y a probablement une erreur sur la date)
Mots-clés
// dispenses de consanguinité
// regnicoles
// Cherbourg
Numéro de document
001533