Document : 1764-05-21
Références / localisation du document
Clarence-Joseph d'Entremont, "Documents inédits de la famille Mius d'Entremont d'Acadie", Mémoires de la société généalogique canadienne-française, XIX-XX, 97-100 (1968-1969) : n°97 : pp. 143-166 ; n°98 : pp. 216-233 ; n°99 : pp. 19-46 ; n°100 : pp. 67-78. # 1436 // Jean-François Mouhot, "Des « Revenantes » ? A propos des « Lettres fantômes » et de la correspondance entre exilés acadiens (1758-1785)", Acadiensis. Journal of the History of the Atlantic Region - Revue d'Histoire de la région Atlantique, XXXIV, 1 (Automne 2004) : pp. 96-115. # 1476
Date(s)
1764-05-21
Auteur ou organisme producteur
Marguerite d'Entremont, acadienne de Cherbourg
Destinataire
Joseph d'Entremont, acadien au Massachusetts
Résumé et contenu
Marguerite d'Entremont, veuve de Pierre Landry, de Cherbourg, à son neveu Joseph d'Entremont, au Massachusetts, le 21 mai 1764 (n°6 )
Marguerite exprime son désir de revoir sa famille (elle ne parle pas de l'Acadie elle même), mais elle craint de ne pouvoir revoir sa famille prochainement (à cause de Cayenne). Evocation du projet d'établissement à Cayenne : on y destine "tous les Acadiens" ; chaleurs mortelles ; ils ont écrit au ministre qui leur fait continuer la paye et qui leur a promis de ne pas les envoyer à Cayenne puisqu'ils ne le souhaitent pas. Elle tiendra son neveu au courant de sa destination pour que ce dernier puisse les rejoindre.
Donne ensuite quelques nouvelles de la famille et salue tout le monde.
"Mon gendre vous fait bien ses compliments et vous prie que si vous savez des nouvelles de ses frères de lui faire savoir et pareillement de lui faire savoir leur résidence si vous la savez"
------------
Monsieur Joseph d'Entremont, Acadien - Miquelon.
Mon très cher neveu,
J'ai l'honneur de vous écrire ces deux lignes pour m'informer de l'état de votre santé. Pour à l'égard de la nôtre, elle est très mal, car je vous dirai que tous mes enfants sont tous malades de la même maladie que mon fils Joseph avait à Pobomcoup. C'est la deuxième lettre que je vous écris mais comme j'appréhende que vous n'ayez point reçu la première je prie le Seigneur que la présente vous trouve en bonne disposition mon très cher neveu.
Je ne saurais vous exprimer le désir que j'aurais de vous voir ainsi que toute votre famille et ne sachant aucunement et ne voyant guère d'apparence que nous puissions nous revoir encore de sitôt car je vous dirai que l'on destine une très grande quantité et pour ainsi dire tous les Acadiens qui sont dans la France pour aller établir La Cayenne qui est un pays près des Indes, laquelle je ne vous conseillerais pas d'en prendre le parti parce que le climat et les chaleurs sont très contraires à notre tempérament et ce serait nous exposer à la mort d'en prendre le parti. Pour à l'égard de notre destinée ainsi que toute la famille des d'Entremont, je vous dis en vérité que nous n'en savons rien pour le présent. Soyez persuadé qu'aussitôt que nous pourrons savoir notre sort que nous vous le ferons savoir. Nous avons envoyé plusieurs placets à la Cour pour nous faire reconnaître, desquels Monseigneur le ministre a fait réponse à Monsieur notre commissaire de nous continuer la paye et de nous tenir tranquille jusqu'à nouvel ordre et qu'il savait qui nous étions et que l'on ne nous proposerait point la Cayenne puisque nous avions répugnance d'y aller et par conséquent mon cher neveu je vous prie de vous tenir tranquille jusqu'à ce que nous sachions notre destinée et nous vous la ferons savoir telle qu'elle puisse être et j'espère que vous ferez ainsi que nous votre possible pour nous rejoindre.
Je vous dirai mon très cher neveu que depuis que vous avez reçu la lettre de votre belle-s?ur Marguerite Landry qu'il n'y est mort personne de la famille. Soyez assuré que je ne négligerai pas de vous écrire par toutes les occasions qui se présenteront et je vous prie de faire votre possible pour nous faire savoir de vos nouvelles par toutes les occasions que vous trouverez. Tous mes enfants ainsi que moi vous font bien leur compliment ainsi qu'à toute votre famille et en particulier à ma chère belle-s?ur que j'embrasse du meilleur de mon c?ur. Votre tante et toute la famille vous assurons de leur très humble ainsi que toute votre famille en particulier Etienne d'Entremont qui vous embrasse de tout son c?ur ainsi que toute votre famille.
Je vous prie d'assurer tous vos oncles et tantes et toute leur famille de vos [sic] très humbles respects ainsi que tous nos amis et connaissances en général et de nous faire savoir leur situation et leur résidence, mon cher neveu. Je vous dirai que ma s?ur est morte et [Jean-Baptiste Ange du Pont du Chambon] et Dutraque (?) sont morts priez Dieu pour le repos de leur âme. Mon gendre vous fait bien ses compliments et vous prie que si vous savez des nouvelles de ses frères de lui faire savoir et pareillement de lui faire savoir leur résidence si vous la savez. Autre chose ne puis vous dire sinon que je suis, très cher neveu, votre très humble et très affectionnée tante, Marguerite d'Entremont.
A Cherbourg, le 21 mai 1764.
Mon très cher neveu je vous prie d'adresser vos lettres à Germain Landry demeurant chez Monsieur de La Couture fils de Monsieur du L'onprès [?] marchand à L'île de Saint-Pierre de Miquelon pour remettre à Marguerite d'Entremont veuve Landry.
Notes
// voir les notes complémentaires de "Revenantes. Article Acadiensis Dec.2003.Final.doc"
Mots-clés
// Acadiensis
// repartir : Cayenne
// RED
// Cherbourg
Numéro de document
001537