Document : 1784-03-11
Références / localisation du document
Clarence-Joseph d'Entremont, "Documents inédits de la famille Mius d'Entremont d'Acadie", Mémoires de la société généalogique canadienne-française, XIX-XX, 97-100 (1968-1969) : n°97 : pp. 143-166 ; n°98 : pp. 216-233 ; n°99 : pp. 19-46 ; n°100 : pp. 67-78. # 1436 // Jean-François Mouhot, "Des « Revenantes » ? A propos des « Lettres fantômes » et de la correspondance entre exilés acadiens (1758-1785)", Acadiensis. Journal of the History of the Atlantic Region - Revue d'Histoire de la région Atlantique, XXXIV, 1 (Automne 2004) : pp. 96-115. # 1476
Date(s)
1784-03-11
Auteur ou organisme producteur
Marguerite Landry, veuve de Jacques d'Entremont III, de Saint-Servan, acadienne de Saint-Servan
Destinataire
son beau-frère Joseph d'Entremont à Pobomcoup
Résumé et contenu
Marguerite Landry, veuve de Jacques d'Entremont III, de Saint-Servan, à son beau-frère Joseph d'Entremont à Pobomcoup, le 11 mars 1784 (n° 16)
Les Acadiens de SM ont fait passer une pétition pour demander à aller les rejoindre (en Acadie).
[notes personnelles : on a l'impression, à la lecture de cette lettre légérement contradictoire, que Marguerite Landry n'est pas vraiment décidée sur ce qu'elle va faire - aller en Acadie ; elle rejette l'offre des "îles" (contagieuses), mais ne semble pas totalement enthousiaste par rapport à passer en Acadie (peut-être authentique ressentiment vis à vis des Anglais et ne souhaite pas revivre la même chose).]
Demande de nouvelles (de santé et du pays), "afin de voir à quoi je me déciderai" [probablement à propos d'un passage éventuel en Acadie]. Peines en France depuis 7 ans qu'on a retiré la paye, seulement à ceux de Cherbourg (injustice). Ils ont écrit au ministre [peut-être une allusion à la fiche @ 001209] pour obtenir un passage pour aller vous joindre, et nous attendons sa réponse pour partir.
Désire recevoir des nouvelles avant de partir : elle ne sait pas encore quand elle partira. On parle encore de les envoyer sur des "îles contagieuses" : "Comme on veut nous envoyer sur des îles contagieuses je ne saurais m'y décider, j'aime mieux tâcher d'aller vous rejoindre étant avec vous, et une partie de la famille, j'aurai toujours plus de satisfaction."
Donne des voeux et les instructions pour faire passer la lettre réponse (par SPM).
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A Monsieur Joseph d'Entremont à Pobomcoup du côté de l'île de Grave du département du Cap Sable Côte Acadienne
Saint-Servan ce 11 mars 1784
Mon cher frère, puisque enfin j'ai le bonheur de trouver occasion de vous donner de mes nouvelles j'en profite avec un vrai plaisir pour m'informer de votre santé, laquelle je désire qu'elle soit bonne, et vous prier de me faire réponse et me mander comment tout se passe au pays, afin de voir à quoi je me déciderai. Car pour ici je vous assure que nous avons assez de peines depuis entre autres sept ans que l'on nous a retiré notre paye, sans en savoir le sujet. Le pire est qu'il n'y a qu'à ceux qui étaient à Cherbourg.
Nous avons écrit au ministre pour obtenir un passage pour aller vous joindre, et nous attendons sa réponse pour partir, mon fils Jacques et moi et un de ses enfants car il faut vous dire qu'il est marié à Saint-Malo et je suis actuellement avec lui. Il vous assure de son respect, également son épouse. Il a un grand désir de vous voir et de savoir de vos nouvelles. Ainsi donc je vous prie de ne pas différer de m'écrire par la première occasion et de me mander toutes les nouvelles qu'il se passe. Je serai bien contente de recevoir une lettre de vous avant de partir et comme nous ne savons pas encore positivement dans quel temps nous partirons si vous êtes exact je pourrais peut-être bien en recevoir. Je vous dirai que j'ai eu le malheur de perdre mon fils Abraham il y a 3 ans ce qui ma fait grand tort mais enfin Dieu m'a fait la grâce de me laisser celui ci [qui] m'a toujours bien soulagée. Comme on veut nous envoyer sur des îles contagieuses [peut-être une allusion à la Louisiane car Terrio vient de passer, probablement, par Saint-Malo pour faire de la réclame pour le projet de Louisiane ; cf. 1784-01-00] je ne saurais m'y décider, j'aime mieux tâcher d'aller vous rejoindre étant avec vous, et une partie de la famille, j'aurai toujours plus de satisfaction.
Ce sera toujours le plus tôt possible, l'espérant je vous prie de faire bien des amitiés de ma part à ma s?ur, je lui souhaite bien de la santé et à tous les frères et s?urs et tous nos parents et amis à qui je fais bien des compliments. Mon fils et sa femme font aussi bien des compliments à tous et moi qui suis espérant le plaisir de vous voir qui ne sera jamais sitôt que je le désire.
Votre s?ur, Marguerite Landry.
Réponse le plus tôt possible à l'adresse de Mr. Dubois à son habitations à St Pierre et Miquelon pour remettre à Mr d'Entremont à St Servan, sur le quai de Solidor par St Malo en France et faites votre possible pour m'envoyer quelque argent. Comme mon fils espère aller vous voir si on ne veut pas nous accorder un passage il serait a lieux (?) d'emporter des marchandises avec lui et vous lu (?) dresserez à Mr Dubois.
Notes
// voir les notes complémentaires de "Revenantes. Article Acadiensis Dec.2003.Final.doc"
// sur Marguerite Landry, une lettre déclare qu'elle est partie de Cherbourg pour aller à SM : cf. 1784-07-16 : "Je vous renvoie aussi l'ordonnance de Marguerite Landry veuve de Jacques d'Entremont parce que cette femme demeure depuis quelque temps à Saint-Malo et paraît y fixer sa demeure ; et qu'elle m'a écrit et m'a demandé de la faire déclasser du département de Cherbourg. Je vous envoie la lettre qu'elle m'a écrite pour cela, peut-être veut elle suivre le sort des Acadiens de Bretagne. Vous voudrez donc bien annuler aussi cette ordonnance ou me donner sur ce de nouveaux ordres. "
Mots-clés
// Acadiensis
// repartir : Acadie
// SPM
// secours
Numéro de document
001545