Document : 1773-05-16 // 1773-01-09

Références / localisation du document

SHM Brest 1 P 1 / 11 (1773) pièce 4

Date(s)

1773-05-16 // 1773-01-09

Auteur ou organisme producteur

Alexis Trahan (acadien)

Destinataire

Guillot

Résumé et contenu

Réponse de Trahan à Guillot à propos de l'accusation de "vol" dont Guillot l'accuse (argent de Le Loutre).
Utilisation du terme "nations acadiennes". Il se justifie en disant que les restes de l'argent du voyage étaient toujours partagés entre tous les participants par Le Loutre. Il dit en outre qu'il est réduit à la misère la plus affreuse. Il dit qu'il est sans solde et qu'il vit de la charité de gens bienveillants en attendant que Guillot lui fasse rétablir sa paye. Lui envoie l'attestation de probité établie pour lui par les Acadiens de BIM avant leur départ. On lui a conseillé de faire le voyage de Paris pour plaider sa cause devant le ministre.

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Monsieur,

J'ai reçu votre lettre en date du 31 mars ou j'ai recueilli [récolté] vos remontrances avec bien du respect. Vous me dites qu'à votre avis je défends une mauvaise cause [en refusant de rendre une partie de l'argent] ; j'ai cependant consulté non seulement mon directeur, j'ai consulté aussi les premiers de cette ville auxquels j'ai fait comme à vous le sincère exposé des évènements [écrit avènements] de ce voyage qui ne pensent pas comme vous ni qui ne croient que les intentions du ministre soient de nous faire faire ces sortes de voyages sans récompense.

Vous me dites que je manque de charité à mes compagnons de voyage. Je vous réponds, Monsieur, que lorsque la vie de ma famille en dépend, que je suis bien obligé de dire les choses telles qu'elles sont définitivement [?]. Et je vous dirai encore de plus qu'ils m'ont [?] écrit à ce sujet que vous leur aviez fait rendre cet argent que par menace de la prison. En vain vous avaient-ils représenté qu'il convenait de leur payer leur voyage, vous ne les avez pas écoutés, et que vous trouviez que nous avions beaucoup dépensé et que nous serions d'heureux si nous nous tirions de vos menaces sans qu'il nous en coûte de notre argent. Chose bien vraie, et que j'expérimente (?). Ha, quelle triste réflexion à faire ; après avoir quitté nos familles et souffrir (?) la misère pour tâcher de rendre service à la nations [sic] acadiennes [sic] qui y sont très sensibles.

Permettez Monsieur qu'ils vous disent avec moi qu'il n'est point surprenant que vous ayez été autorisé du ministre de nous faire remettre cet argent sans avoir égard à notre salaire ; puisque suivant votre lettre à notre commissaire vous lui avez marqué que nous demandions à la remettre comme des gens satisfaits tandis qu'on me fait faire décritment (?) le plus affreux ; je vous prie de croire Monsieur que je ne suis point un homme fourbe tel que vous le croyez et tachez de le faire croire ; je n'ai point fait voir votre lettre à notre commissaire ; vos précédentes ont déjà que trop terni ma réputation et ne croyez pas que je sois un homme sans probité. J'en ai toujours prouvé et j'en prouve toujours moignant [moyenant] (?) la grâce de Dieu.

Vous me demandez si l'argent trouvé avec M. Le Loutre à sa mort était à moi ; oui, Monsieur, il l'était d'autant que nous avons [sic, probablement pour savons] très bien qu'il était donné de la Cour par rapport aux Acadiens de qui j'ai été député pour faire ce voyage. Et conséquemment pour payer à portion égale ce que les évènements [avènements] de ce voyage peut nous avoir occasionné de dépense. Pourquoi payer tous les frais de l'un [Le Loutre ?], en ruinant les autres ? Ce ne doit point être là les intentions du Roi ni du ministre. Souvent les frais d'une longue maladie sont aussi coûteux que ceux de la maladie desquels on meurt. Il serait donc raisonnable de portionner [sic] cet argent à chacun de nous ; les voyages précédents que j'ai fait avec M. Le Loutre et les Acadiens ont été faits à peu près de même, c'est à dire que la Cour ne nous a jamais fait rendre de compte de l'argent qu'elle nous avait donné, et les restes de l'économie de nos différents voyages nous a toujours été partagé à notre retour, par Mr l'abbé Le Loutre pour nous tenir lieu de l'absence de nos familles. Est-ce parce que nous avons eu le malheur de le perdre qu'on nous fait ce fâcheux traitement qui m'est d'autant plus funeste que je ne puis vous répéter que ce que je vous répéterai toujours, que j'en ai remis 6 Louis à notre commissaire à vos ordre ne pouvant lui en remettre davantage. Je suis donc réduit où je ne me suis jamais vu, de ne vivre que du pain que des gens d'humanité me faisaient donner en attendant de votre équité que vous me fassiez remettre la paye du Roi pour les satisfaire au défaut de quoi ils me conseillent de faire le voyage de Paris pour y faire mes sincères exposés au ministre. Voyage que vous pouvez m'épargner. Il ne dépend que vous seul. Ce que j'attends Monsieur de votre humanité et ne puis faire davantage pour vous persuader de ma sincérité et pour tâcher de me mettre bien en votre esprit comme je le désire, que vous envoyiez la copie d'attestation de probité que mes confrères qui sont établis à Belle-Île en Mer m'ont donné avant leur départ.

Je suis avec toutes sortes de respect,

Alexis Trahan, Acadien. Morlaix, le 16 mai 1773.

Notes

[écriture autographe avec pas mal de fautes, mais assez bien calligraphiée]
photographie numérique 2729.jpg et suivantes

relu le document origininal le 13 Fév. 2003 à Brest ; je suis sûr à 95 % des mots entre crochets ; les pluriels des verbes sont souvent avec un "s" au lieu de "ent" ; les phrases sont souvent mal construites, incorrectes grammaticalement, et difficilement compréhensibles ; la lettre est de la main de Trahan, ainsi que le document d'accompagnement (du 18 septembre 1765)

Mots-clés

// ADAN : au pluriel
// SM
// Morlaix

Numéro de document

001692