Document : 1775-04-21

Références / localisation du document

ADV J 64 / M 7

Date(s)

1775-04-21

Auteur ou organisme producteur

Blossac

Destinataire

Hérault, subdélégué

Résumé et contenu

CR d'une entrevue de Blossac avec Turgot : Turgot se plaint des Acadiens paresseux.

Turgot vient de délivrer des fonds pour les Acadiens (à cause de sa maladie, les bureaux ont pris beaucoup de retard. Turgot parait de bonne volonté vis à vis des Acadiens, mais "cependant il est fort mécontent d'eux. Il dit qu'ils ne travaillent point à leurs défrichements, qu'il n'entend que plaintes de leur part". Se plaint qu'ils ne travaillent pas, qu'on ne pourra leur continuer indefiniment la solde, qu'il ne les retient pas à Châtellerault. La solde sera versée à Châtellerault et non pas à Poitiers comme court la rumeur.

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Il n'y a pas bien longtemps, Monsieur, que je sais que nos pauvres acadiens sont aussi arriérés pour leur solde. Mais depuis ce temps qui est à peu près 3 semaines M. de Pérusse et moi ne cessons de solliciter leur payement. M. Turgot s'y est prêté de bonne grâce, malgré cela les ordres ne s'expédiaient point. Sa longue maladie a tant surchargé ses bureaux d'affaires qu'ils en ont par dessus la tête. Bref, cependant, il part demain des ordres à M. d'Auvilliers pour 25 000 # et on en promet d'autres incessamment. Malgré ces 25 000 livres j'ai encore écrit hier à M. Turgot que ces pauvres gens étaient aux abois et lui ai même envoyé copie de votre lettre, ce qui ne peut faire qu'un bon effet. Je lui demande par ma lettre un rendez-vous et lui en reparlerai très fortement encore avant mon départ, car je suis obligé de m'en aller en Bretagne marier ma fille. Je comptais m'en aller passer 2 ou 3 mois en Poitou et n'en passer qu'un ici, et voilà plus de 4 mois qu'on m'y retient inutilement. Pour revenir aux Acadiens, M., M. Turgot me parait avoir de la bonne volonté, mais cependant il est fort mécontent d'eux. Il dit qu'ils ne travaillent point à leurs défrichements, qu'il n'entend que plaintes de leur part, que s'ils ne se mettent pas peu à peu en état de vivre des fruits de leurs terres, ils en seront la dupe parce que l'on n'entend pas leur continuer toujours leur solde. Qu'enfin il n'entend pas forcer ceux qui ne veulent point être établis près Châtellerault d'y rester, et qu'ils peuvent aller ailleurs nommément ceux qui ont signé une requête de plaintes sur cet établissement. Je ne sais qui a pu faire courir le bruit qu'ils toucheraient leur solde à Poitiers. Il est vrai que l'argent s'y délivre cela a toujours été, c'est là qu'est le commis à la recette, mais M. de Pérusse y fait prendre l'argent et porter à Châtellerault ou bien par rescription sur le receveur des tailles de Châtellerault. On continuera d'en faire de même, pourquoi obligerait-on des gens à faire 14 lieues ? [la suite concerne le renchérissement des blés et les mesures à prendre - il ne peut pas faire grand chose, le commerce des blés est libre, mais il se souviendra des spéculateurs et sera reconnaissant à ceux qui apporteront du blé dans la généralité].

Signé : De Blossac, 21 avril 1775

Notes

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Mots-clés

// perception : paresseux, etc...
// secours
// Poitou

Numéro de document

001713