Document : 1777-01-00
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 97
Date(s)
1777-01-00
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Taboureau // Blossac
Résumé et contenu
Pérusse, prétendant être Blossac, pour le C.G. : historique assez succinct de la colonie du Poitou.
Pérusse écrit la lettre pour Blossac. "historique" (très succinct) du début de l'établissement. Les Acadiens étaient d'abord bien disposés mais certains séduits par les espérances flatteuses d'aller en Louisiane, ont refusé de travailler et ont taché de détourner leurs compatriotes du travail. Soutenus par des gens qui avaient intérêt à l'échec de la colonie. Raconte la visite dans le Poitou de Dubuisson qui les dégoûte et promet de les établir en Normandie. 1/3 des Acadiens voulaient rester, mais les intrigues des autres les ont fait partir à Nantes. Pérusse pourra lui donner plus de détails à Paris.
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Précis de réponse à faire par M. de Blossac à la lettre de M. Taboureau, du 29 décembre 1776
Il est vrai qu'en 1772, sur la demande que fit M. Bertin à M. le Marquis de Pérusse des terrains incultes de la terre de Monthoiron pour y établir des familles acadiennes, M. le C.G. fit passer tout de suite 300 et quelques familles de Châtellerault formant environ 1,500 individus et M. de Pérusse fut chargé de se donner tous les soins nécessaires pour le succès de cet établissement, et n'a rien épargné pour remplir à cet égard la mission qui lui avait été donnée et par l'examen que lui et M. de Sutières que le gouvernement avait chargé de surveiller aux travaux d'agriculture ayant reconnu que la plus grande partie des terrains incultes de la terre de Monthoiron appartenant à M. de Pérusse étaient inférieurs en bonté à d'autres qui appartiennent à M. l'évêque de Poitiers, à M. le Marquis de Chataîgnes (?), aux religieuses de La Puye, et à l'abbaye de l'Etoile, ils décidèrent que l'établissement serait porté dans cette partie, préférant le bonheur des Acadiens aux avantages qu'auraient pu retirer M. de Pérusse de les avoir tous sur son terrain. On a commencé en 1773 cinquante-huit habitations dont 57 ont été achevées excepté les granges qui ne le sont que sur 15. Les Acadiens paraissaient d'abord disposés à se livrer au travail et satisfaits des soins qu'on se donnait pour eux, mais lorsque les maisons ont été construites et qu'il a été question de se mettre à l'ouvrage, plusieurs d'entre eux qui avaient été séduits par les espérances flatteuses qu'on leur avait données dans les ports de mer de leur procurer des établissements fort avantageux à la Louisiane, voyant que si l'établissement qui se formait en Poitou avait quelque succès ils seraient tous obligés de s'y fixer, refusèrent non seulement de travailler mais employèrent même toutes sortes de moyens pour induire ceux de leurs compatriotes qui étaient satisfaits de leur sort à suivre leur exemple. Ils ont paru être soutenus dans leurs menées par des gens qui avaient apparemment quelque intérêts à s'opposer au succès qui paraissaient se préparer en Poitou pour cette colonie naissante. Le voyage que fit au mois de juillet 1775 un prétendu cultivateur flamand qui se disait envoyé par M. le C.G. pour examiner les terrains de la petite colonie et qui n'était rien moins que cela, est une preuve bien certaine de l'intrigue qui existait à cet égard, autre part que dans le Poitou. Cet homme envoyé pour les dégoûter de leur établissement, non seulement les assura que leur terrain ne pourrait jamais produire de récoltes, mais il fut du côté de Montmorillon dire qu'il n'y avait pas dans toute cette partie de la province un arpent de terre susceptible d'une production soutenue pendant 10 ans, ce qui découragea les habitants du pays des défrichements qu'ils avaient entrepris depuis quelques années, et il recommanda aux Acadiens de ne pas donner un coup de charrue ni de pioche à leurs terrains, leur promettant que sitôt son retour à Paris il leur procurerait des établissements sur les meilleurs terrains de la Normandie. Le dégoût et la mauvaise volonté des Acadiens fut alors à son comble et il n'y eut d'autre parti à prendre que d'éloigner de l'établissement tout ceux qui témoigneraient de la mauvaise volonté. Il y en eut environ le tiers qui se méfiant un peu des promesses du soi-disant flamand avaient d'abord envie de rester, mais les intrigues et les persécutions des autres les entraînaient insensiblement et il n'en est resté que [espace] familles formant alors un nombre de [espace] individus dont le nombre est augmenté par les naissances et les mariages qui se sont faits depuis 6 mois. Je ne puis vous faire passer le dénombrement et tous les détails que vous désirez sur ce qui compose la colonie. M. le Marquis de Pérusse qui est présentement à Paris et qui certainement à l'honneur de vous voir est en état de vous donner tous les éclaircissements que vous souhaitez et je le préviens de vos désirs à cet égard. Il sait ce qui est dû de solde à ceux qui sont à Nantes ayant été chargé de tous les détails
DSCN3116.JPG concernant les Acadiens dont il s'est essentiellement occupé depuis 4 ans. Les dépenses ont été beaucoup plus considérables par les déprédations et les destructions suites ordinaire de la mutinerie et de la mauvaise volonté. D'ailleurs, les fonds n'ayant jamais été distribués que par secousses [?], il n'a jamais été possible de faire des approvisionnements dans les temps convenables et de payer argent comptant les livraisons, ce qui a augmenté de beaucoup la dépense de certains objets tels que les fourrages, et autres, comme les ordres avaient été donnés dans le principe pour au moins 150 habitations [etc...] - continue sur le fait que on avait prévu pour encore 100 habitations ; que cette partie de la France s'est dépeuplé suite aux guerres civiles et révocation de l'Edit de Nantes
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Il est vrai qu'en 1772, sur la demande que fit M. Bertin à M. le Marquis de Pérusse des terrains incultes de la terre de Monthoiron pour y établir des familles acadiennes, M. le C.G. fit passer tout de suite 300 et quelques familles de Châtellerault formant environ 1,500 individus et M. de Pérusse fut chargé de se donner tous les soins nécessaires pour le succès de cet établissement, et n'a rien épargné pour remplir à cet égard la mission qui lui avait été donnée et par l'examen que lui et M. de Sutières que le gouvernement avait chargé de surveiller aux travaux d'agriculture ayant reconnu que la plus grande partie des terrains incultes de la terre de Monthoiron appartenant à M. de Pérusse étaient inférieurs en bonté à d'autres qui appartiennent à M. l'évêque de Poitiers, à M. le Marquis de Chataîgnes (?), aux religieuses de La Puye, et à l'abbaye de l'Etoile, ils décidèrent que l'établissement serait porté dans cette partie, préférant le bonheur des Acadiens aux avantages qu'auraient pu retirer M. de Pérusse de les avoir tous sur son terrain. On a commencé en 1773 cinquante-huit habitations dont 57 ont été achevées excepté les granges qui ne le sont que sur 15. Les Acadiens paraissaient d'abord disposés à se livrer au travail et satisfaits des soins qu'on se donnait pour eux, mais lorsque les maisons ont été construites et qu'il a été question de se mettre à l'ouvrage, plusieurs d'entre eux qui avaient été séduits par les espérances flatteuses qu'on leur avait données dans les ports de mer de leur procurer des établissements fort avantageux à la Louisiane, voyant que si l'établissement qui se formait en Poitou avait quelque succès ils seraient tous obligés de s'y fixer, refusèrent non seulement de travailler mais employèrent même toutes sortes de moyens pour induire ceux de leurs compatriotes qui étaient satisfaits de leur sort à suivre leur exemple. Ils ont paru être soutenus dans leurs menées par des gens qui avaient apparemment quelque intérêts à s'opposer au succès qui paraissaient se préparer en Poitou pour cette colonie naissante. Le voyage que fit au mois de juillet 1775 un prétendu cultivateur flamand qui se disait envoyé par M. le C.G. pour examiner les terrains de la petite colonie et qui n'était rien moins que cela, est une preuve bien certaine de l'intrigue qui existait à cet égard, autre part que dans le Poitou. Cet homme envoyé pour les dégoûter de leur établissement, non seulement les assura que leur terrain ne pourrait jamais produire de récoltes, mais il fut du côté de Montmorillon dire qu'il n'y avait pas dans toute cette partie de la province un arpent de terre susceptible d'une production soutenue pendant 10 ans, ce qui découragea les habitants du pays des défrichements qu'ils avaient entrepris depuis quelques années, et il recommanda aux Acadiens de ne pas donner un coup de charrue ni de pioche à leurs terrains, leur promettant que sitôt son retour à Paris il leur procurerait des établissements sur les meilleurs terrains de la Normandie. Le dégoût et la mauvaise volonté des Acadiens fut alors à son comble et il n'y eut d'autre parti à prendre que d'éloigner de l'établissement tout ceux qui témoigneraient de la mauvaise volonté. Il y en eut environ le tiers qui se méfiant un peu des promesses du soi-disant flamand avaient d'abord envie de rester, mais les intrigues et les persécutions des autres les entraînaient insensiblement et il n'en est resté que [espace] familles formant alors un nombre de [espace] individus dont le nombre est augmenté par les naissances et les mariages qui se sont faits depuis 6 mois. Je ne puis vous faire passer le dénombrement et tous les détails que vous désirez sur ce qui compose la colonie. M. le Marquis de Pérusse qui est présentement à Paris et qui certainement à l'honneur de vous voir est en état de vous donner tous les éclaircissements que vous souhaitez et je le préviens de vos désirs à cet égard. Il sait ce qui est dû de solde à ceux qui sont à Nantes ayant été chargé de tous les détails concernant les Acadiens dont il s'est essentiellement occupé depuis 4 ans. Les dépenses ont été beaucoup plus considérables par les déprédations et les destructions suites ordinaire de la mutinerie et de la mauvaise volonté. D'ailleurs, les fonds n'ayant jamais été distribués que par secousses [?], il n'a jamais été possible de faire des approvisionnements dans les temps convenables et de payer argent comptant les livraisons, ce qui a augmenté de beaucoup la dépense de certains objets tels que les fourrages, et autres, comme les ordres avaient été donnés dans le principe pour au moins 150 habitations [etc...] -
continue sur le fait que on avait prévu pour encore 100 habitations ; que cette partie de la France s'est dépeuplé suite aux guerres civiles et révocation de l'Edit de Nantes
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Précis de réponse à faire par M. de Blossac à la lettre de M. Taboureau, du 29 décembre 1776
Il est vrai qu'en 1772, sur la demande que fit M. Bertin à M. le Marquis de Pérusse des terrains incultes de la terre de Monthoiron pour y établir des familles acadiennes, M. le C.G. fit passer tout de suite 300 et quelques familles de Châtellerault formant environ 1,500 individus et M. de Pérusse fut chargé de se donner tous les soins nécessaires pour le succès de cet établissement, et n'a rien épargné pour remplir à cet égard la mission qui lui avait été donnée et par l'examen que lui et M. de Sutières que le gouvernement avait chargé de surveiller aux travaux d'agriculture ayant reconnu que la plus grande partie des terrains incultes de la terre de Monthoiron appartenant à M. de Pérusse étaient inférieurs en bonté à d'autres qui appartiennent à M. l'évêque de Poitiers, à M. le Marquis de Chataîgnes (?), aux religieuses de La Puye, et à l'abbaye de l'Etoile, ils décidèrent que l'établissement serait porté dans cette partie, préférant le bonheur des Acadiens aux avantages qu'auraient pu retirer M. de Pérusse de les avoir tous sur son terrain. On a commencé en 1773 cinquante-huit habitations dont 57 ont été achevées excepté les granges qui ne le sont que sur 15. Les Acadiens paraissaient d'abord disposés à se livrer au travail et satisfaits des soins qu'on se donnait pour eux, mais lorsque les maisons ont été construites et qu'il a été question de se mettre à l'ouvrage, plusieurs d'entre eux qui avaient été séduits par les espérances flatteuses qu'on leur avait données dans les ports de mer de leur procurer des établissements fort avantageux à la Louisiane, voyant que si l'établissement qui se formait en Poitou avait quelque succès ils seraient tous obligés de s'y fixer, refusèrent non seulement de travailler mais employèrent même toutes sortes de moyens pour induire ceux de leurs compatriotes qui étaient satisfaits de leur sort à suivre leur exemple. Ils ont paru être soutenus dans leurs menées par des gens qui avaient apparemment quelque intérêts à s'opposer au succès qui paraissaient se préparer en Poitou pour cette colonie naissante. Le voyage que fit au mois de juillet 1775 un prétendu cultivateur flamand qui se disait envoyé par M. le C.G. pour examiner les terrains de la petite colonie et qui n'était rien moins que cela, est une preuve bien certaine de l'intrigue qui existait à cet égard, autre part que dans le Poitou. Cet homme envoyé pour les dégoûter de leur établissement, non seulement les assura que leur terrain ne pourrait jamais produire de récoltes, mais il fut du côté de Montmorillon dire qu'il n'y avait pas dans toute cette partie de la province un arpent de terre susceptible d'une production soutenue pendant 10 ans, ce qui découragea les habitants du pays des défrichements qu'ils avaient entrepris depuis quelques années, et il recommanda aux Acadiens de ne pas donner un coup de charrue ni de pioche à leurs terrains, leur promettant que sitôt son retour à Paris il leur procurerait des établissements sur les meilleurs terrains de la Normandie. Le dégoût et la mauvaise volonté des Acadiens fut alors à son comble et il n'y eut d'autre parti à prendre que d'éloigner de l'établissement tout ceux qui témoigneraient de la mauvaise volonté. Il y en eut environ le tiers qui se méfiant un peu des promesses du soi-disant flamand avaient d'abord envie de rester, mais les intrigues et les persécutions des autres les entraînaient insensiblement et il n'en est resté que [espace] familles formant alors un nombre de [espace] individus dont le nombre est augmenté par les naissances et les mariages qui se sont faits depuis 6 mois. Je ne puis vous faire passer le dénombrement et tous les détails que vous désirez sur ce qui compose la colonie. M. le Marquis de Pérusse qui est présentement à Paris et qui certainement à l'honneur de vous voir est en état de vous donner tous les éclaircissements que vous souhaitez et je le préviens de vos désirs à cet égard. Il sait ce qui est dû de solde à ceux qui sont à Nantes ayant été chargé de tous les détails
DSCN3116.JPG concernant les Acadiens dont il s'est essentiellement occupé depuis 4 ans. Les dépenses ont été beaucoup plus considérables par les déprédations et les destructions suites ordinaire de la mutinerie et de la mauvaise volonté. D'ailleurs, les fonds n'ayant jamais été distribués que par secousses [?], il n'a jamais été possible de faire des approvisionnements dans les temps convenables et de payer argent comptant les livraisons, ce qui a augmenté de beaucoup la dépense de certains objets tels que les fourrages, et autres, comme les ordres avaient été donnés dans le principe pour au moins 150 habitations [etc...] - continue sur le fait que on avait prévu pour encore 100 habitations ; que cette partie de la France s'est dépeuplé suite aux guerres civiles et révocation de l'Edit de Nantes
Notes
DSCN3113.JPG ---> DSCN3118.JPG [FIN]
Auteur : Pérusse ; probablement joint à la lettre précédente
date incertaine, avant le 10 janvier 1777 (la lettre suivante est du 10 janvier)
Mots-clés
// repartir : Louisiane
// Poitou
Numéro de document
001728