Document : 1777-04-00 // 1777-05-00

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 97

Date(s)

1777-04-00 // 1777-05-00

Auteur ou organisme producteur

Pérusse

Destinataire

Blossac

Résumé et contenu

Pérusse à Blossac. Se plaint de nouvelles lettres venues de Nantes et voudrait qu'on annonce publiquement et officiellement la suspension des secours pour ceux qui ne sont pas établis. Les Acadiens de Nantes ont rencontré le frère du Roi.

Les Acadiens ont reçu encore des lettres de Nantes : on leur dit qu'ils n'auront pas la chance de pouvoir partir quand ils le veulent du Poitou, tandis qu'eux seront libres de sortir pour aller en Amérique chez les insurgés si les affaires de ces derniers continuent à prospérer ou que sinon les Anglais seront contents de les reprendre. Ont trouvé un protecteur en la personne du frère du Roi [probablement le Comte d'Artois] qui a passé à Nantes et leur a assuré une solde éternelle (tandis que ceux de l'établissement la perdront bientôt et qu'on ne tiendra pas les promesses qu'on leur a tenues, de toute façon). Demande donc à Blossac d'intervenir auprès du C.G. pour qu'il fasse cesser les intrigues ; celles ci ne cesseront pas tant qu'on n'aura pas supprimé leur solde et tant que des lettres patentes "pour les privilèges et l'établissement d'une paroisse". Il avait demandé cela à Turgot trois semaines avant le départ de celui-ci. Pérusse est las d'écrire et suppose qu'on doit être las de le lire. "si on se contente de dire ici dans les bureaux qu'on veut supprimer la solde à tous ceux qui ne sont pas établis et qu'on ne leur annonce pas authentiquement ils croiront toujours que tout ce qu'on leur dit sont des chansons."

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Pérusse à Blossac, avril ou mai 1777.

M. de Blossac. J'ai reçu par le dernier courrier deux lettres venant de notre colonie acadienne par lesquelles j'apprends que la cabale formée par quelques uns de ceux que nous avons renvoyé à Nantes recommencent à vouloir dégoûter ceux qui sont restés en Poitou, afin de les attirer à eux, et ne pouvant aujourd'hui leur rien dire sur la qualité de leurs terrains, ils leurs mandent qu'ils sont bien dupes de se fatiguer à former des établissements qui ne vaudront jamais ceux de l'Amérique et dont ils n'auront pas la facilité de sortir lorsqu'ils le voudront, au lieu qu'eux qui n'ont pas voulu s'établir étant assurés de recevoir toujours la solde auront la facilité d'aller joindre les insurgés si leurs affaires continuent à prospérer, ou même dans le cas contraire, trouveront toujours les Anglais disposés à les voir revenir en Acadie lorsqu'ils voudront se remettre sous leur domination, qu'ils auront bien à se reprocher par la suite d'avoir été si crédules à tout ce que M. le sub. de Châtellerault leur a dit de votre part, qu'ils ont trouvé de grands protecteurs auprès du frère du Roi qui a passé à Nantes et que présentement ils sont bien sûrs de conserver éternellement la solde au lieu qu'eux à l'établissement la perdront incessamment que d'ailleurs on ne leur tiendra jamais à rien de ce qu'on leur a promis puisqu'ils n'ont pas encore les lettres patentes pour les exemptions qu'on leur a promis, ni même un pasteur pour instruire leurs enfants, et qu'ils devraient bien voir que toutes les lettres des ministres dont M. Hérault leur a fait lecture ne sont jamais venues de la Cour. Quoique j'aie lieu d'espérer que cette nouvelle intrigue n'aura pas tout l'effet que ces gens en attendent, il est cependant indispensable que vous ayez la bonté de déterminer M. le C.G. à faire finir de semblables manoeuvres qui auront toujours lieu, tant qu'il n'aura pas été statué définitivement sur la suppression de solde de ceux qui ne sont pas établis et qu'il n'aura pas été pourvu aux différents objets qui décident de la solidité de l'établissement, telles que les lettres patentes pour les privilèges et l'établissement d'une paroisse. J'ai remis ces différents objets depuis si longtemps sous les yeux du ministre et même un projet de déclaration que m'avait demandé M. Turgot trois semaines avant qu'il ne quitte le ministère laquelle avait pour objet tous les Acadiens en général sur le compte desquels ce ministre commençait alors à être éclairé.
Je n'ai assurément pas à me reprocher d'avoir négligé rien de tout ce que j'ai cru utile à la colonie et aux intérêts du Roi, mais on doit être ennuyé de moi dans les bureaux et je le suis beaucoup de parler, écrire et agir sans cesse inutilement. Et quoique cet établissement ne doive pas me procurer par la suite plus d'une centaine d'écus de revenus, j'y ai fait tout ce qui m'a été possible, mais si le gouvernement ne veut pas faire expédier ce qui convient pour consolider l'établissement et le mettre en considération, vis-à-vis de ceux qui le frondent, et si on se contente de dire ici dans les bureaux qu'on veut supprimer la solde à tous ceux qui ne sont pas établis et qu'on ne leur annonce pas authentiquement ils croiront toujours que tout ce qu'on leur dit sont des chansons.
J'ai l'honneur, etc...[FIN]

Notes

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Mots-clés

// repartir : 13 colonies, Acadie
// protecteur : le frère du Roi
// Acadiensis
// Poitou
// Nantes (ont rencontré frère du Roi)
// lettres patentes

Numéro de document

001736