Document : 1774-07-20

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 97

Date(s)

1774-07-20

Auteur ou organisme producteur

Pérusse

Destinataire

Duc de Nivernais

Résumé et contenu

Pérusse à Nivernais. Difficulté de faire passer une pétition à la Reine. Acculturation des Acadiens : il faut faire attention à ce qu'ils ne soient pas contaminés par les habitants du pays.

Le remercie pour sa lettre par laquelle il veut bien aider les Acadiens. Acadiens consternés que Nivernais ne puisse présenter leur mémoire à la Reine. Ils ont éprouvé des privations des "sous ordres" de la marine. Les Acadiens qui avaient écrit en vain à des ministres voulaient envoyer des députés à la Reine mais Pérusse leur avait dit qu'il y avait des voies connues et ordinaire pour lui faire passer une requête. Les Acadiens vont écrire à la comtesse de Noaille. Lui en feront passer une copie.
Est fort content des Acadiens : la population va s'accroitre à condition qu'on leur redonne vite des curés. Peur de la contagion des mauvais exemples du pays : ils ont déjà prit certains habitudes des pays qu'ils ont habité. Distinction qu'il fait entre les habitants du havre et de cherbourg (= dociles) ; parmi ceux qui ont habité la Bretagne, ceux qui ont habité à la campagne ne posent pas problème et "pour peu qu'ils y soient heureux ils oublieront l'Acadie". Ceux de SM en revanche n'ont qu'une idée : sortir du Royaume pour aller en Espagne ou en Louisiane et sont procéduriers.

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M. Le duc de Nivernais, à Monthoiron le 20 juillet 1774

Le remercie pour sa lettre par laquelle il veut bien aider les Acadiens.

" Les pauvres Acadiens très reconnaissants de vos bontés m'ont paru consternés lorsque je leur ai dit que vous n'étiez pas à portée de présenter leur mémoire à la Reine, ils déplorent leur sort et m'ont dit que depuis qu'ils sont en France quoique dans la patrie de leurs pères et dans un pays qu'ils ont regardé comme le leur du moment où ils ont été forcés de quitter l'Acadie ils ont cependant été jusqu'à présent comme de vrais étrangers sans protecteurs et sans appuis, et soumis d'une façon très servile à des sous ordre d'administration qui leur ont fait éprouver la plus grande misère par les retenues considérables qu'on leur a fait supporter sur la solde de 6 sols par jour que le Roi leur a accordé. Ils ont plusieurs fois pris la liberté d'en écrire aux ministres sans avoir jamais pu se faire entendre et aujourd'hui la crainte qu'ils ont de trouver des difficultés insurmontables pour faire parvenir à la Reine leurs justes représentations et l'humble supplique qu'ils lui font de leur accorder sa protection spéciale et particulière les met au désespoir. Ils voulaient envoyer deux ou trois d'entre eux se jeter aux pieds de leur majesté, mais je les ai assurés en leur disant qu'il y avait des voies connues et ordinaires de faire passer à la Reine les mémoires qu'on avait à lui présenter, qu'il fallait les adresser à la dame d'honneur, cela a fait renaître leur espoir surtout les ayant assuré de vos bontés et leur ayant fait sentir que s'il était possible de mener les choses au point que la Reine vous parla d'eux vous seriez bien plus à portée de leur rendre des services efficaces que si vous vous établissiez seulement leur solliciteur : sur cela, Monsieur le duc, ils ont décidé entre eux d'écrire à M. la Comtesse de Noailles, ils prendront je crois la liberté de vous adresser cette lettre pour que vous en preniez lecture, et ils vous supplieront ensuite de vouloir bien la faire cacheter et envoyer à son adresse.

continue des généralités sur les Acadiens. Il prévoit une population nombreuse et de nombreux mariages. Mais il faut faire attention : pour l'instant, l'accroissement de la population. "Leur population est l'effet de la pureté de leurs moeurs et le fruit des vrais principes de religion dans lesquels ils ont été élevés ; ces principes ne sont point encore altérés ; leur véritable attachement pour leur souverain en est une preuve, mais il est nécessaire de ne pas différer de remettre à portée de ces gens là quelques uns des mêmes ecclésiastiques qui à l'Acadie et à l'île Saint-Jean ont travaillé avec tant de succès sur leur morale car il serait à craindre que les mauvais exemples trop fréquents dans ce pays-ci comme partout ailleurs ne gâtassent bientôt le coeur et l'esprit des jeunes gens. [contraception ?] Je vois parmi les Acadiens même qu'on prend aisément l'esprit dominant du pays qu'on habite et quoique tous excellents pour la conduite et les moeurs ce qui leur a attiré déjà l'estime générale de ce pays ci. Je trouve parmi eux des différences très marquées pour le plus ou le moins de souplesse de caractère suivant les provinces qu'ils ont habités : ceux qui étaient au Havre et à Cherbourg sont dociles, confiants dans les bontés du Roi, n'ont d'autre désir que d'être bien établis et ils espèrent qu'en travaillant leurs terres produiront par la suite de quoi les faire vivre ; ceux qui ont habité la Bretagne font deux classes très différentes, les uns y étaient répandus dans les campagnes et les autres habitaient Saint-Malo, ceux qui étaient dans la campagne ne désirent que travailler et travaillent à merveille, ils sont dociles et ne pensent qu'à réparer dans ce pays ci par leur travail les pertes qu'ils ont faites au delà des mers et pour peu qu'ils y soient heureux ils oublieront l'Acadie ; ceux au contraire qui ont habité Saint-Malo n'ont pas le même (diff.)... , ils ne sont occupés que des offres que les Espagnols leur ont faites en différents temps, soit de les établir en Espagne ou à la Louisiane. Ils sont persuadés de ne jamais réussir dans le Royaume, ils se forment toutes sortes de chimères et ayant habité la Bretagne ils voudraient pour ainsi dire qu'il fut rendu une délibération comme aux Etats sur les moindres opérations relatives à leur établissement, ce qui prouve bien que l'esprit bon ou mauvais du pays qu'on habite influe sur le plus grand nombre. D'après cette petite observation, je regarde comme très essentiel de ne pas négliger leur morale, je n'ai pas négligé jusqu'à présent d'en dire quelque chose, mais sans avoir été écouté. (etc...) [FIN]

Notes

DSCN3204.JPG et suivantes

Mots-clés

// LCF
// Acadiens = étrangers sans protecteurs et sans appuis
// acculturation des Acadiens
// perception
// repartir : Louisiane
// Poitou
// culture
// protecteur
// SM
// Le Havre
// Cherbourg
// religion

Numéro de document

001742