Document : 1774-08-02a

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 97

Date(s)

1774-08-02a

Auteur ou organisme producteur

Pérusse

Destinataire

Duc de Nivernais

Résumé et contenu

Démarches à faire pour envoyer pétition à la Reine. Prévention de Terray et Bertin contre lui. Il faut un nouvel examen par Maurepas. Certains acadiens bien intentionnés ont été exclus volontairement de la possibilité de venir dans le Poitou.

Démarches à faire pour faire passer la demande à la Reine. Pérusse sait que les Ac. ne doivent pas trop espérer sa protection. Doléances habituelles : prévenance contre l'établissement du C.G. Parle du mouvement d'humeur du Roi en 1772 (alors que dans les lettres précédentes il ne s'agissait que de "surprise" - déformation progressive...). [les Acadiens avaient fait passer leur demande par le duc d'Aiguillon]. Ne peuvent rien espérer des ministres. Il faudrait un nouvel examen de la question par le Comte de Maurepas et le Roi (Pérusse parle de sa lettre au Roi qui a été remise au Comte de Maurepas). Il faudrait qu'il soit à Paris pour plaider, mais ne peut pas partir à cause de cabales fomentées par Lemoyne (il ne le nomme pas) qu'il accuse implicitement d'avoir détourné une partie de l'argent des Acadiens. S'interroge ensuite à nouveau sur la voie à suivre pour faire parvenir la requête à la Reine : il demande si après tout il ne pourrait pas faire parvenir par la voie ordinaire la requête maintenant qu'elle est connue du Roi. Résume le contenu de cette lettre et l'explicite quelque peu : selon lui, certains "vrais" acadiens n'ont pas pu venir dans le Poitou et ont été exclus du rôle. A la place on a mis quelques uns de ceux qui étaient les plus cabaleurs pour passer en Espagne pour dégoûter les autres Acadiens et faire échouer le projet.

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M. le duc de Nivernais, Monthoiron, le 2 août 1774.

A reçu ses lettres du 24 et 26 du mois dernier. La première concerne les démarches à faire par les Acadiens pour obtenir la protection de la Reine. "Je sens bien qu'ils ne doivent pas se flatter qu'elle [barré, remplacé par "Sa Majesté"] puisse s'occuper sérieusement de leur affaire, mais ils pensaient que leur établissement étant honoré de son nom, et de son appui, ceux qui s'intéressaient à leurs succès et à leur bonheur seraient plus écoutés qu'ils ne l'ont été, et pour vous dire franchement l'objet de leurs désirs, des miens, et même de ceux de M. de Blossac, ils seraient que tout ce qui à rapport à eux put être examiné par un ministre un peu humain et qui voulut s'instruire à fond de leurs malheurs, avant d'être arrivés en France et de tout ce qu'ils ont éprouvé depuis qu'ils y sont. (...) M. le C.G. a toujours paru fort prévenu contre eux et ne s'est prêté à commencer l'établissement de cette province que d'après le mouvement d'humeur que le feu Roi marqua en 1772 lorsque M. le duc d'Aiguillon à qui les Acadiens s'étaient adressé pour obtenir la permission de S.M. de passer en Espagne, dit qu'il était surpris qu'on lui demanda de permettre la sortie de son royaume de plus de 2000 de ses sujets qu'il croyait déjà établis depuis 12 ans. D'après cela on ne doit donc espérer aujourd'hui aucune démarche, ni avis favorable de la part de ce ministre pour ces gens là, hors que le Roi, avant de lui en parler, ne s'en soit fait rendre un compte clair et exact par quelqu'un en qui S.M. ait mis sa confiance tel que M. le Comte de Maurepas, sous les yeux duquel, vous, Monsieur le duc, M. de Blossac et moi aurions bientôt éclairci la matière et mis le Roi en état de la connaître à fond. J'ai lieu de présumer qu'au moment où je vous écris M. le Comte de Maurepas a déjà peut-être quelque connaissance de cette affaire par le Roi même, ayant pris la liberté d'en écrire à S.M. le 10 du mois dernier et M. l'ancien évêque de Limoge qui s'intéresse comme nous aux Acadiens ayant bien voulu lui remettre ma lettre. SM. lui a dit qu'elle ferait examiner cette affaire et M. de Limoge en a prévenu M. le Comte de Maurepas qui a promis d'y donner une attention particulière. Il me mande que dans ces circonstances ma présence pourrait être utile au succès de mes représentations, mais il ne m'est pas possible de [partir du Poitou à cause d'un chantier de construction qu'il doit surveiller et qu'il peut seul diriger parce que : ]. (...) Il se présente journellement des difficultés locales qu'il faut aplanir et qui sont très souvent suscitées par la cabale secrète des bureaux de M. Bertin et de M. le C.G. dont le principal moteur est un commissaire de la marine qui veut à Paris jouer le rôle de protecteur des Acadiens tandis qu'il a peut-être partagé leurs dépouilles par le retranchement de leur solde dont les Finances du Roi n'ont certainement pas profité.
Je mettrai M. l'abbé de Luynes [?] au fait de tout ce mystère d'iniquité j'espère le voir mais je ne sais, Monsieur le duc, si d'après ma lettre remise au Roi et surtout si SM en a parlé à M. le Comte de Maurepas il ne serait pas possible dis-je et même à propos de ne pas différer de faire remettre à la Reine la requête des Acadiens, leur lettre à M. la Comtesse de Noailles après tout ne signifie rien, ils se seraient adressé à Madame le duchesse de Cossé (?) et c'était assurément la voie naturelle qu'ils devaient prendre comptant comme ils le font sur vos bontés, mais d'après votre lettre du 7 juillet, j'imaginais que vous préféreriez peut-être qu'ils prissent pour parvenir à leur but la voie ordinaire de Madame la Comtesse de Noailles, mais aujourd'hui que le Roi est prévenu et que vraisemblablement M. Le Comte de Maurepas l'est par lui, serait-il déplacé de faire parvenir cette requête à la Reine ? Elle ne contient que des choses vraies et qui ne sauraient être désagréables à SM. On lui demande de vouloir honorer de sa protection un établissement naissant, de permettre qu'il porte son nom, de vouloir jeter ses yeux bienfaisants sur un peuple fidèle et infortuné et finalement de faire obtenir à plusieurs frères et proches parents de ceux qui sont ici la grâce d'être réunis au reste de leurs familles, car il faut vous dire ici, Monsieur le duc, que plusieurs de ceux que la cabale dont j'ai eu l'honneur de vous parler à fait rayer de dessus l'état de l'établissement s'y sont fait inscrire des premiers, il y a un an, et lors du
dernier envoi qui en parti de Saint-Malo on a substitué à leur place plusieurs de ceux qui étaient les plus entêtés pour passer en Espagne afin que par leur présence ils pussent dégoûter ceux qui sont venus ici avec l'espoir d'y réussir. Je crois cependant que cette dernière manoeuvre n'aura pas le succès qu'ils en espèrent, surtout si la protection qu'ils réclament leur est accordée, ce qui sera le fruit de vos bontés pour eux.
J'ai l'honneur, etc...
[FIN]

Notes

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Mots-clés

// protecteurs : Aiguillon ; Nivernais, ancien évêque de Limoges
// Poitou

Numéro de document

001743