Document : 1772-10-11b
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°178-180// f° 99-100
Date(s)
1772-10-11b
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Guillot
Résumé et contenu
Pérusse à Guillot. Compte-rendu de la visite des Acadiens sur ses terres.
Les Acadiens sont arrivés le 8 et repartent le 12. Désolation du Poitou à la suite des guerres et de la Révocation de l'EN. Pérusse pourrait établir 1 000 familles.
"Les Acadiens accoutumés à cultiver un sol fort riche et comme il y en a très peu en France, n'ont pas été séduits par ces terrains là ; et toute la culture du pays qui est la plus mauvaise possible et unique dans son espèce jointe à l'année qui n'a pas été bonne, tout cela ne leur a pas offert un tableau bien agréable".
Pérusse juge que c'est la raison véritable qui leur fait refuser l'établissement, malgré les propositions très favorables faites par le C.G.
La Cour a envoyé Sutière pour examiner les terres. Pérusse aura besoin de l'Etat des familles les plus nécessiteuses qui ont besoin de l'établissement.
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Monthoiron. Copie d'une lettre de M. le Marquis de Pérusse des Cars à M. Guillot, de Turgé, près Châtellerault en date du 11 octobre 1772.
Les trois acadiens, M., que le pauvre M. l'abbé Le Loutre amenait ici sont arrivés jeudi 8 et en repartent demain 12. Ils ont vu beaucoup de terrain incultes en brandes et bruyères, tristes restes des ravages et de la dépopulation occasionnés par 80 ans de guerres civiles de religion dont le Poitou a été le théatre ; ensuite la Révocation de l'Edit de Nantes y a mis le comble. J'ai dans mes seules possessions l'étendue suffisante pour établir plus de 1 000 familles. Les Acadiens accoutumés à cultiver un sol fort riche et comme il y en a très peu en France, n'ont pas été séduits par ces terrains là ; et toute la culture du pays qui est la plus mauvaise possible et unique dans son espèce jointe à l'année qui n'a pas été bonne, tout cela ne leur a pas offert un tableau bien agréable, d'autant que les propositions que M. le contrôleur général avait autorisé feu M. l'abbé Le Loutre à leur faire sont fort intéressantes pour leur procurer un établissement susceptible de les faire vivre, car il n'est pas possible que la continuation pendant 5 ans du traitement que leur fait le Roi puisse leur construire des maisons, acheter des bestiaux, des charrues, des semences, fossoyer les héritages et vivre au moins 3 ans, car il faut ce temps là, s'il n'en faut plus pour qu'ils recueillent leur subsistance et sûrement l'établissement de 200 ne saurait coûter moins de 900.000 livres ou un million.
C'est la vraie raison qui leur donne je crois de l'éloignement pour ces terrains et qui sans être excellentes sont des plaines d'une nature de terre beaucoup meilleure que celles que cultivent les gens du pays et à peu près de la même espèce que les plaines de Beauce. La cour a envoyé M. de Suretière pour les examiner et il les trouve très susceptibles d'une bonne production et répond de le faire voir par expérience. Je compte me rendre à Paris la semaine prochaine où je verrai les ministres. Je solliciterai M. le contrôleur général pour obtenir que le Roi se charge de l'établissement des familles et en ce cas il vous demandera surement, M., l'état de celles qui sont le plus dans la peine et qui ayant moins de moyens ou d'intelligence pour se procurer du travail, ont plus de difficultés à vivre et ce serait celles là qu'on commencerait à établir, si elles réussissaient comme je l'espère et même j'oserais l'assurer si toutefois M. de Sutière est chargé de présider à leurs travaux, il n'est pas douteux que leur réussite ne décidât les autres à venir les joindre et il y a du terrain pour tous.
Je vous serais bien obligé, M., si vous vouliez me faire passer l'état des familles de cette espèce et le nombre d'individus que cela peut former ayant la bonté de spécifier la quantité de travailleur qui seraient dans ces familles là.
Je prends la liberté de vous adresser un exemplaire de l'arrêt du conseil qui m'a été accordé il y a 10 ans et qui exempte mes terrains de toutes impositions pendant 30 ans du jour qu'ils sont mis en culture. J'en ai donné un aux Acadiens qui sont venus.
Mon adresse est au Marquis de Pérusse Descars, Maréchal de camp, en son hôtel rue du Port Royal à Paris, si vous avez quelques paquets à m'adresser je vous prierai de les mettre sous le couvert de M. Bertin.
Je joins à mon arrêt du conseil un exemplaire d'un petit ouvrage d'agriculture fait d'après M. de Sutières, je connais ses travaux et son ouvrage n'annonce rien qui ne soit constamment suivi de succès.
Je suis, etc...
Marquis de Pérusse.
Notes
pas retrouvé à Brest
Mots-clés
// CRPV
// SM
// Poitou
Numéro de document
000147