Document : 1774-09-14a

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 97

Date(s)

1774-09-14a

Auteur ou organisme producteur

Pérusse // Acadiens (traduction de leurs désirs d'être ensembles)

Destinataire

Nivernais

Résumé et contenu

Pérusse à Nivernais : long passage sur l'intérêt de laisser les Acadiens ensemble.

Pérusse à Nivernais. Espère qu'il pourra, par l'intermédiaire de M. de Cosne, placer les différents mémoires et adresses sous les yeux du Roi et de la Reine. Eloge de ses terres.
"Ils désirent généralement d'être établis tous ensemble ou du moins fort à portée les uns des autres, et je crois qu'il serait très mal de les disperser car outre que les motifs qui les ont mené dans le Royaume doivent ôter toute crainte de les y voir rassemblés, il est certain que les bons principes dans lesquels ils ont été élevés d'où dérivent leur religion, leurs moeurs, et leur fidélité se conserveront si ils restent ensemble, leur bon exemple pourra même faire quelque chose sur les voisins qu'ils auront autour d'eux au lieu que si on les dispersait ils se trouveraient noyés dans la foule de la licence et du mauvais exemple. Le leur serait tourné en ridicule. Les vieux pourraient conserver leurs moeurs mais leurs enfants seraient bientôt corrompus ; (...) "L'honnête homme isolé doit craindre d'être entraîné par le mauvais exemple"
Exhorte Turgot à ne plus écouter les fonctionnaires corrompus de la marine qui voulaient faire des Acadiens "une affaire de finances pour leur utilité", s'ils doivent rendre des comptes et que Turgot protège l'établissement, Pérusse assure du succès de ce dernier.

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Duc de Nivernais, Monthoiron, 14 septembre 1774

Espère que Madame de Cosne (?) voudra bien mettre sous "les yeux de la Reine l'état que j'ai pris la liberté de vous adresser, le petit mémoire historique ci-joint et le mémoire ou requête que les Acadiens vous ont adressé eux mêmes. Je pense que S. M. voulant bien en leur accordant la grâce de les avouer pour ses protégés leur permettra de faire porter son nom à leur établissement. Dites un mot en leur faveur à M. Turgot ; leur affaire ira bien. [...]
Je suis persuadé que cet établissement ne saurait être placé dans un canton du Royaume où les terres incultes soient plus susceptibles de bonnes productions et où ils puissent avoir par la suite plus de moyens d'étendre leur population et leur culture, car de proche en proche ils se trouvent presque au centre de plusieurs centaines de milliers d'arpents incultes sur les provinces de Poitou et de Berry. Ils désirent généralement d'être établis tous ensemble ou du moins fort à portée les uns des autres, et je crois qu'il serait très mal de les disperser car outre que les motifs qui les ont mené dans le Royaume doivent ôter toute crainte de les y voir rassemblés, il est certain que les bons principes dans lesquels ils ont été élevés d'où dérivent leur religion, leurs moeurs, et leur fidélité se conserveront si ils restent ensemble, leur bon exemple pourra même faire quelque chose sur les voisins qu'ils auront autour d'eux au lieu que si on les dispersait ils se trouveraient noyés dans la foule de la licence et du mauvais exemple. Le leur serait tourné en ridicule. Les vieux pourraient conserver leurs moeurs mais leurs enfants seraient bientôt corrompus ; dix honnêtes gens ont beaucoup de peine à rendre un mauvais sujet honnête homme, à plus forte raison un honnête homme ne peut se flatter de ramener au bien dix mauvais sujets, mais l'honnête homme isolé doit craindre d'être entraîné par le mauvais exemple. Si M. Turgot, qui est connu pour aimer le bien de l'humanité, veut ne pas écouter la cabale de bureau qui auraient désiré faire des Acadiens une affaire de finances pour leur utilité, si surtout les sous-ordres d'administration de la marine qui font semblant d'être les protecteurs des Acadiens, non seulement ne sont plus écoutés, mais même sont obligés par leur nouveau ministre de rendre compte des retenues qu'ils ont fait éprouver à ces pauvres malheureux sur leur solde, et qu'enfin il juge devoir prendre quelque confiance en M. de Blossac et en moi, je crois pouvoir répondre du succès de l'établissement, surtout si vous continuez de les protéger. [RED].

J'ai l'honneur, etc...

Notes

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Il est possible que Pérusse insiste tant sur le fait de regrouper les Acadiens seulement en réaction aux demandes ou suggestions de Lemoyne de disperser les Acadiens (puisqu'il existe une assez forte hostilité à ce moment là entre les deux hommes). D'ailleurs, le fait que Pérusse exhorte ensuite Nivernais à ne pas se fier aux fonctionnaires corrompus de la marine renforce cette hypothèse : l'idée lui semble venir logiquement à la suite de son incitation à laisser ensemble les Acadiens.

Mots-clés

// RED : s'ils restent ensemble, ils garderont leurs moeurs ; ils donneront l'exemple ; si on les disperse, ils se corromperont ; cf. notes également
// perception : bon
// émulation
// corruption
// Poitou
// culture
// protecteurs

Numéro de document

001753