Document : 1774-11-23

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 97 // Christopher Hodson, Conversations with Power: The Acadians' Atlantic, 1755-1785, Working Paper, Atlantic Seminar, Harvard, 2003.

Date(s)

1774-11-23

Auteur ou organisme producteur

Pérusse

Destinataire

Turgot

Résumé et contenu

Eclaircissements de Pérusse au C.G. (qui les avait demandées apparamment) sur diverses questions relative à l'établissement.

[cette lettre est une réponse à une lettre de Turgot lui demandant des explications et des comptes qui se termine par ce passage (cité texto et souligné) (extrait de la lettre du 1774-11-29) : "J'ai reçu beaucoup de plaintes d'une partie des Acadiens sur la mauvaise qualité du sol qui leur a été concédée, le défaut d'eau, de prairies, de bois et l'impossibilité de s'en procurer, je vous prie avant tout de vouloir bien me faire connaître à quel point ces plaintes sont fondées et par quels moyens on pourrait les faire cesser."]

Pérusse argumente en faveur de la qualité des sols (examen de Sutières). Première visite des Acadiens : " deux d'entre eux me dirent que cela ne valait pas l'Acadie ni les établissements que leur proposaient les Espagnols et qu'ils feraient l'impossible pour obtenir du Roi la permission de les accepter". Retour à SM : essaient de convaincre les Acadiens attachés à la France que les terres sont mauvaises. Envoi de nouveaux députés (en juin 1773 selon Pérusse, en fait fin juillet ce qui prouve qu'il n'a pas les dates très précises) qui disent le contraire. Plusieurs Acadiens sont très zelés, mais "sont retenus par les espèces de menaces de quelques uns de leurs confrères."
Donne ensuite des nouvelles de l'avancement des travaux et suggère de dédommager les Acadiens qui travaillent et qui sont désavantagés par rapport à ceux qui touchent la même paye mais qui travaillent à côté.
Reparle encore de la cabale (passer en Louisiane = seulement un prétexte pour retourner en Acadie) : "mue par quelques jeunes marins qui depuis 1772 ont en tête de passer dans les colonies espagnoles. Il y a des faux frères parmi eux qui disent qu'à la vérité il y en a quelques uns qui voudraient passer sous la domination d'Espagne mais que le plus grand nombre de ceux qui désirent de sortir du Royaume veulent retourner sous la domination anglaise et se sont servis du prétexte de l'Espagne croyant qu'il serait plus accueilli du gouvernement."
Acadiens paraissent peu intéressés par les îles de France ou de Corse. Il faut être ferme, il n'est pas normal qu'ils veuillent partir même si c'est vrai qu'ils ont été mal administrés (retenues etc...) jusqu'en juillet 1773. Certains sont indigents, mais les plus remuants ne le sont pas : il donne le nom des députés.

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Turgot, C.G. A Targé 23 nov. 1774
S'excuse du retard à lui donner des éclaircissements (à cause des travaux en cours). Le C.G. lui a visiblement demandé des comptes pour répondre aux demandes des Acadiens sur "la qualité du sol, le prétendu manque d'eau, et les représentations sur les prairies et les bois".

Réponses de Pérusse.
1° : Qualité des sols. Au mois d'octobre 1772, envoi par Bertin de Sarcey pour examiner les terres.
Examen de Sutières [Pérusse n'a pas voulu prendre sur lui de dire qu'elles étaient les bonnes et les mauvaises terres] qui déclare que les meilleures terres sont celles prés de Cénan - terres de Pérusse et de l'évêque de Poitiers

2° "Peu de jours après ce premier examen de M. de Sutières, il arriva ici 3 Acadiens qui venaient par ordre de la Cour avec M. l'abbé Le Loutre, lequel mourut à Nantes. Les trois Acadiens seulement se rendirent, M. de Sutières recommença avec eux la même tournée que précédemment il avait fait. Ils décidèrent comme lui que les cantons de Cenan, d'Archigny et de Gastine étaient bien meilleurs que tous mes autres terrains, mais deux d'entre eux me dirent que cela ne valait pas l'Acadie ni les établissements que leur proposaient les Espagnols et qu'ils feraient l'impossible pour obtenir du Roi la permission de les accepter ; ils retournèrent ensuite à Saint-Malo et pour détourner ceux de leurs confrères qui par une suite de leur attachement pour la France inclinaient plutôt à y rester qu'à passer en Espagne, ils leur dirent que les terrains qu'ils venaient de voir étaient des espèces de marais couverts d'eau pendant 9 mois de l'année et qu'il n'y aurait pas un arbre à 20 lieues à la ronde pour y construire des maisons. D'après un rapport aussi contraire à la vérité et si différent de celui que M. de Sutières avait fait à M. Bertin, on envoya au commencement de juin de l'année dernière d'autres acadiens du département de Saint-Malo. (...) [Ces Acadiens] trouvèrent si différents de la description qu'en avaient fait leurs confrères qu'ils ne voulaient pas même croire que ce fussent les mêmes terrains qu'on leur faisait voir.

description ensuite du PV. Parle ensuite des prairies.

"Il y en a plusieurs qui montrent le plus grand zèle mais qui sont retenus par les espèces de menaces de quelques uns de leurs confrères."
Discussion ensuite sur les bois

Le C.G. a "eu la bonté de demander à l'Evêque de Céran M. Girard".

donne ensuite des nouvelles de l'avancement des travaux : avancée des maisons et des débuts de défrichements ; quelques Acadiens ont commencé à se faire des jardins.
demande le payement d'un petit quelque chose pour ceux qui défrichent en plus de leur solde de 6 s, parce que ceux qui ne défrichent pas ont la solde de 6s et en plus peuvent gagner un peu d'argent à côté en travaillant.

reparle de la cabale "mue par quelques jeunes marins qui depuis 1772 ont en tête de passer dans les colonies espagnoles. Il y a des faux frères parmi eux qui disent qu'à la vérité il y en a quelques uns qui voudraient passer sous la domination d'Espagne mais que le plus grand nombre de ceux qui désirent de sortir du Royaume veulent retourner sous la domination anglaise et se sont servis du prétexte de l'Espagne croyant qu'il serait plus accueilli du gouvernement. La liberté que j'ai annoncée que vous leur laissiez celle de choisir d'être établis dans le Royaume ou aux îles de France ou de Corse ne parait pas les flatter. Il ne s'agit donc que de leur déclarer avec fermeté la volonté du Roi. Il parait indiscret (?) à ce peuple qui à la vérité a témoigné du zèle pour la France de demander à en sortir, lorsqu'on veut les y fixer par un établissement, surtout après avoir reçu pendant 18 ans des marques de bonté du maître qu'ils se sont choisis et dans les bras duquel ils se sont jetés. Je conviens que peut-être ceux sous l'administration desquels ils ont été jusqu'au 1er juillet 1773 n'ont pas remplis à cet égard les intentions bienfaisantes du Roi. Les retenues et privations de solde qu'ils ont éprouvées n'ayant pas été revêtues du sceaux de son approbation ; leurs représentations respectueuses pourraient être fondées à cet égard. Plusieurs d'entre eux se trouvent aujourd'hui par cette privation réduits à la plus affreuse indigence et sont presque nus : ce ne sont cependant pas ceux là qui font le plus de bruit, ils voient qu'on est occupé de leur sort, qu'on représente leur état actuel et tout ce qu'ils ont éprouvé ci-devant à des ministres sages et humains, et ils attendent patiemment l'effet de leur justice et de leur sensibilité ; ce sont au contraire ceux qui paraissent le moins accablé par la suite de leurs malheurs tels que Jean Jacques Leblanc, Basile Henry, Basile Boudrot, Jean Doiron, Charles Hébert, Jean Leblanc, Jean Bourg, Antoine Boulay, Joseph Leblanc, Jean Renault, Charles du Gast, Alexis Brault, Etienne Terriot et Zacharie Boudrot [tous ces noms soulignés], ce sont ceux là dis-je qui font du train et qui témoignent le moins de dispositions à s'attacher au Royaume. Je pense que dans tous les cas le Roi ne peut et ne doit consentir que ces gens là quittent sa domination. (...) [FIN]

Notes

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signalé par HODSON avec la note suivante :
Pérusse to Turgot, 23 November 1774, ADV, Série J, Dêpot 22, liasse 98. en fait c'est plutôt dans ADV J 22 liasse 97 et non 98 [Hodson semble s'être trompé pour toute la liasse].

Although families from Le Havre, Cherbourg, and Boulogne accepted Pérusse's plan quickly, many Acadians demanded proof. In October of 1772, three Acadians arrived at Pérusse's chateau from St. Malo-the town with the largest, most influential refugee community in the kingdom. The men took a tour of the region, examining both cultivated farms and unimproved marshes. Upon the journey's completion, two of the men said something brash. "This is not worth Acadia," they told Pérusse, "or the settlements proposed . . . by the Spanish." They headed back to St. Malo "to convince their brethren . . . that the lands they had seen were a kind of marsh, covered with water nine months of the year, and that there was not a tree within twenty leagues to construct a house."

Mots-clés

// repartir : Louisiane vs. Acadie : selon Pérusse aller en Espagne n'est qu'un prétexte
// LCF : plusieurs Acadiens eux veulent rester en France
// députés
// Poitou
// CRPV
// Corse
// Ile de France
// travail

Numéro de document

001759