Document : 1774-11-29a
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 97
Date(s)
1774-11-29a
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Blossac
Résumé et contenu
Pérusse à Blossac : il faut faire sanctionner les députés acadiens ayant menacé leurs compatriotes. Calcul démontrant la corruption de la marine selon Pérusse.
Pérusse à Blossac. Blossac va voir le C.G. : Pérusse lui demande de faire sanctionner les Acadiens qui cherchent à sortir du Royaume. Veut faire mettre en prison les deux députés qui ont obligé (par des menaces) leurs compatriotes à leur donner 5 sous. Demande cependant à ce que son nom ne soit pas mêlé à cette décision. Dénonce plusieurs comploteurs (sur place). Revient sur Lemoyne qu'il accuse d'être à la tête de la cabale et demande à Blossac de le dénoncer. Il fait ensuite un calcul savant selon lequel il apparaît que près d'un tiers de la solde des Acadiens était confisquée par la marine (corruption). "De cette courte opération il est aisé de juger que les bureaux de la marine n'ont jamais eu aucun intérêt à l'établissement des Acadiens dans le Poitou, et en ont eu au contraire un très sensible à se les conserver avec la solde que le Roi voulait bien leur donner."
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Blossac. A Monthoiron, le 29 nov. 1774
Blossac va voir le C.G. Pérusse lui recommande de "mettre ce ministre en état le plus tôt possible d'en imposer non seulement à ceux d'entre [les Acadiens] qui peu attachés à la France (dont ils reçoivent cependant depuis bien des années la subsistance) voudraient se ménager les moyens d'en sortir sans avoir l'air de chercher à quitter la domination du Roi, mais encore aux personnes mal intentionnées de ce pays qui cherchent à les dégoûter (...).
A reçu une lettre de Turgot lui demandant des explications et des comptes. La lettre de Turgot se termine par ce passage (cité texto et souligné) : "J'ai reçu beaucoup de plaintes d'une partie des Acadiens sur la mauvaise qualité du sol qui leur a été concédée, le défaut d'eau, de prairies, de bois et l'impossibilité de s'en procurer, je vous prie avant tout de vouloir bien me faire connaître à quel point ces plaintes sont fondées et par quels moyens on pourrait les faire cesser."
Il fait passer à Blossac la réponse qu'il a faite à Turgot.
demande une lettre de Turgot pour "en imposer aux mécontents".
les deux députés ont décidé de leur chef de lever une "sorte de contribution sur leurs compatriotes (car les deux députés de leur autorité privée se sont fait donner 5s par individus grands et petits avec menaces à plusieurs qui ne voulaient pas ou ne pouvaient pas donner cette somme qu'ils s'en repentiraient)." Suggère donc de faire mettre en prison ces deux députés pour quelques jours.
Il suggère qu'on les fasse mettre en prison grâce à un ordre de Blossac ou du C.G. sans qu'il [Pérusse] "soit censé en avoir la plus légère connaissance". Il dénonce ensuite plusieurs personnes comme faisant partie du complot (sur place en Poitou), c'est à dire ceux qui ont aidé les Acadiens, et en particulier un "abbé de Lunière (?) beau-frère du subdélégué de Chauvigny qui a dressé la requête avec Jean-Jacques LeBlanc qui habite au dit Chauvigny". Demande à Blossac de chercher à connaître les auteurs de cette cabale.
parle de l'abbaye de L'Etoile dont l'abbé a prêté quelques bâtiments pour mettre des voitures et des charrettes servant à l'établissement et qui essuie des critiques à cause de ça (?).
reparle de ceux qui cherchent à contrer ses vues. "Vous sentez, Monsieur, que je place ici M. Lemoyne à leur tête. Sa conduite n'ayant pas été équivoque pour l'annoncer, il est vrai que vous et moi nous n'avons que de fortes présomptions à son égard, mais il est cependant très certain qu'il a des [ou a noué ?] relation avec quantité de gens à Châtellerault qui ne font pas profession d'aimer les Acadiens : il ne serait peut-être pas inutile que si vous en trouviez l'occasion M. Turgot eut connaissance de nos soupçons (?) à cet égard." Selon Pérusse la raison de cette cabale des administrateurs de la marine vient des prélèvements qu'ils faisaient sur la paye : "depuis les retranchements faits par M. Terray sur tous les départements, on leur donnait encore 300,000 # par an pour leur solde, (...) alors les bureaux s'en appropriant plus d'un tiers, c'est à dire 104 729 # 10s [il explique plus loin d'où il tire ces chiffres], c'était autant de bon pour eux dont ils sont privés depuis que les dits Acadiens sont passés sous l'administration de messieurs les intendants et qu'on ne croie pas cette assertion idéale, le plus simple calcul en fournit la preuve, la voici. D'après les retranchements faits par M. L'abbé Terray sur tout les départements,
" j'ai dit plus haut que le gouvernement accordait encore aux Acadiens 300,000 # de solde par an
" Il n'existait alors que 2370 individus sur la matricule (car elle a été augmentée de beaucoup lorsqu'il sont passés sous l'administration de M. les intendants) lesquels à raison de 6 par jour font pour un an : 255,960
" Différence en bon pour les bureaux de la somme de 44,040 #
" à laquelle ajoutant la retenue de la moitié de la solde de 1011 enfants on trouve un objet de 54,594 #
" et pour celle d'un sol sur 334 adolescents celle de ... 6095, 10 s
" En tout la somme (...) de 104,729 # 10 s. non comprise la solde entière retenue à tous les marins pendant le temps qu'ils étaient hors de leur département.
De cette courte opération il est aisé de juger que les bureaux de la marine n'ont jamais eu aucun intérêt à l'établissement des Acadiens dans le Poitou, et en ont eu au contraire un très sensible à se les conserver avec la solde que le Roi voulait bien leur donner.
J'ai l'honneur d'être, etc...
Notes
DSCN3260.JPG
Mots-clés
// secours : corruption
// Poitou
// députés
// recensement FE : 2370 individus, mais "elle a été augmentée de beaucoup lorsqu'il sont passés sous l'administration de M. les intendants"
Numéro de document
001760