Document : 1774-12-13
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 97
Date(s)
1774-12-13
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Blossac
Résumé et contenu
Pérusse à Blossac : sur les sanctions à prendre contre les députés, l'établissement d'un conseil acadien de 10 membres et la visite de Lemoyne à Châtellerault.
Pérusse à Blossac : il faut ôter quelques individus qui "(soit dit sans vous déplaire) nous ont porté en Poitou tous le mauvais de l'esprit breton". Retour des députés les a un peu calmés. Revient au complot de Lemoyne qui a mis JJ Leblanc à la place de familles qui s'étaient enregistré depuis juin 1773 pour aller dans le Poitou. Litanie habituelle : plusieurs n'ont pas pu venir tandis qu'on a envoyé des cabaleurs. Le coût de l'établissement a augmenté d'un 1/4 depuis leur arrivée. Ils ont établi un conseil de 10 membres qui décide si on obéira ou pas aux ordres. Pérusse a interdit évidemment cette "petite administration républicaine". Passage de Lemoyne le 6 décembre 1774 (cf. fiche à cette date). Suggère une lettre type que Turgot pourrait lui écrire pour faire partir les rebelles. Suggère de les envoyer à Nantes. Suggère qu'il autorise toutes les familles qui ne veulent pas rester à partir prochainement. Il prévoit déjà que plusieurs familles de celles qu'il suggère de faire partir voudront rester, ce qu'on pourra leur permettre, sauf aux trois familles les pire. Le choix de Nantes s'explique : "Leur transport par eau à Nantes ne sera pas fort coûteux, ils y seront éloignés de tous les départements où il y a le plus d'Acadiens et serons hors de portée de communiquer à d'autres leur mauvais esprit." Demande le soutien de Blossac pour obtenir cette lettre.
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Blossac. A Monthoiron le 13 décembre 1774
Blossac a dû recevoir ses précédentes lettres. "Il est indispensable qu'il soit ôté le plus tôt possible un petit nombre d'individus chefs de parti qui (soit dit sans vous déplaire) nous ont porté en Poitou tous le mauvais de l'esprit breton. Ils n'ont été envoyés ici que pour détourner du travail les premiers arrivés et les dégoûter de tout établissement tel qu'il puisse être dans le Royaume. Il est vrai que le retour de leurs députés que j'ai lieu de croire n'avoir pas été parfaitement accueillis et qui disent que M. le C.G. veut absolument qu'ils soient établis dans un endroit ou dans un autre a fait un peu baisser la crête (?) au petit nombre de mutins et peu de chose aujourd'hui nous rendrait la tranquillité dont nous jouissions avant l'arrivée des deux derniers convois venus de Saint-Malo.
Vous savez, Monsieur, combien j'ai été surpris et vous aussi de voir arriver Jean Jacques LeBlanc dont nous connaissions les mauvaises intentions, et il me paraîtra toujours singulier que M. Lemoyne ait fait comprendre sur les deux derniers convois le dit LeBlanc et 18 autres familles qui lors de sa revue avaient refusé de venir en Poitou et qu'il ait pris sur lui de les substituer à la place de celles qui étaient enregistrées du mois de juin 1773 pour s'y rendre, ce qui est d'autant plus surprenant qu'il y en a beaucoup plus d'enregistrés dès ce temps là pour l'établissement du Poitou que M. l'abbé Terray ne voulait en établir. Nombre de ces enregistrés se désolant de n'y pas être et plusieurs pour se conformer à l'avertissement qui leur avait été donné de se tenir prêt à partir du mois d'avril, ont quitté à la Notre Dame de mars dernier des métairies où ils étaient aux environs de Saint-Malo. Tous ces pauvres gens revenus à la ville pour s'embarquer ont été refusés par le subdélégué qui leur a dit que M. Lemoyne avait donné ordre de les faire rester et d'en faire partir d'autre à leur place. C'est par ce changement que JJ LB, Basile Henry, et autres de leur espèce nous sont venus. Leur arrivée est l'époque de la cessation du travail, des représentations continuelles sur les moindres choses, du dégoût et de la méfiance sur les bontés du Roi ou plutôt de ses ministres. Ils affectent de dire du bien de vous et de moi, mais ils semblent ne nous pas croire apparemment à l'un et à l'autre assez de crédit pour les retenir et les empêcher de retomber dans l'état d'abandon où ils se sont trouvés sous l'administration de la marine. Cette façon de penser n'est pas générale. [Pérusse estime que depuis leur arrivée, les dépenses ont augmenté d'1/4, à cause de leurs déprédations, de l'augmentation de leur journées, etc...]. Il est bon de vous dire que ces derniers venus ont établis un conseil entre eux composé de dix personnes pour décider comme aux Etats de Bretagne si on exécutera on non les ordres qu'on donne, au moyen de quoi les syndics n'osent rien dire ni faire sans leur aveu. J'ai défendu comme vous jugez bien cette petite administration républicaine et je crois que très peu de choses détruira cet esprit qui n'existe que parmi cette clique.
M. Lemoyne, dont vous voyez bien que la conduite que nous avions lieu de soupçonner depuis longtemps être opposée au succès de l'établissement, est (ou ?) au moins fort équivoque, a passé à Châtellerault le 6 de ce mois. Il s'y est arrêté exprès pour causer avec ce monde là et vraisemblablement pour les endoctriner. Il n'a demandé aucun autre Acadien que 5 ou 6 de ceux du Conseil qui sont logés à Châtellerault. Les autres étant à Chauvigny et nommément JJ LB mais le hasard a voulu qu'aucun des conseillers ne s'y soit trouvé. Ils travaillaient au loin, ne devaient revenir qu'à la fin de la semaine, et tout s'est réduit à une conversation qu'il a eue avec un nommé Firmin Aucoin (?) et la femme de Charles Dugast l'un des prétendus conseillers. Il a paru très fâché de ne les pas trouver et est parti pour Rochefort. Voilà, M., ce que j'ai su de son apparition à Châtellerault.
Suggère ensuite les mesures à prendre : (...) Il est donc question que M. Turgot ait la bonté de m'écrire que [passage souligné suit :] d'après les requêtes qu'il a vues des Acadiens il juge que ceux qui les ont signées ont un éloignement décidé à rester en Poitou et qu'il va prendre des mesures pour les faire passer en Corse ou à l'île de France puisqu'ils désirent ne pas rester dans le Royaume, et qu'il vous donne ordre de faire partir provisoirement les nommés Basile Henry, JJ LB, Jean Renault, Jean Doiron et Alexandre Robichaux avec leurs familles et de les faire embarquer sur la Vienne pour être conduits à Nantes où ils recevront des ordres sur leurs destinations ultérieures, et qu'à l'égard des autres familles dont les chefs demandent également à ne pas être de l'établissement du Poitou, il y pourvoira incessamment d'autant que le Roi ayant à coeur le succès de cet établissement auquel S.M. veut bien accorder sa protection, elle désire qu'il n'y soit employé que ceux qui se dévoueront à y travailler avec zèle. [fin du passage souligné]. Il espère recevoir cette lettre dans quelques jours, cela aurait le meilleur effet.
Il prévoit que sur les cinq familles deux demanderont probablement à rester ; on pourrait les laisser ; par contre trois autres familles devront être éloignées coûte que coûte. Le choix de Nantes s'explique : "Leur transport par eau à Nantes ne sera pas fort coûteux, ils y seront éloignés de tous les départements où il y a le plus d'Acadiens et serons hors de portée de communiquer à d'autres leur mauvais esprit."
Demande le soutien de Blossac pour obtenir cette lettre. [FIN]
Notes
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Mots-clés
// députés (conseil) = administration républicaine, 10 membres, interdit par Pérusse
// Poitou
// culture (esprit breton)
// Nantes
// coercition
Numéro de document
001761