Document : 1773-08-04a
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 97
Date(s)
1773-08-04a
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Lemoyne
Résumé et contenu
Pérusse à Lemoyne : CR de la seconde visite ; raison de l'échec de la première. Il ne faut pas forcer les Acadiens de SM à venir : il va même inciter le C.G. à leur accorder un délai ; il veut placer tous les Acadiens ensemble. [ce qui fait deux sujets d'opposition à Lemoyne : les placer ensemble et continuer leur solde même s'ils restent à SM].
Lui envoie le PV de la seconde visite. Récit de la conduite de JJ Leblanc (comme avait prévu Lemoyne), mais il n'a pas pu s'empêcher de voir. Le PV est "bien au dessous de la réalité". Répete sa lettre précédente sur les raisons pour lesquelles le premier rapport était mauvais.
Il dit par ailleurs qu'il ne veut pas recevoir de familles de mauvaise volonté (il préférerait n'avoir personne). Les Acadiens de SM ne pourront pas vivre aussi peu cher en mangeant de la viande et du pain de froment pour 6 sous par jour [cherche à les décourager].
Pérusse va voir le CG pour parler des Acadiens.
Il veut placer les Acadiens sur "une seule et même terre afin de les [les Acadiens] placer tous également bien à portée de s'entraider les uns et les autres" (ils pourront même prendre des métayers parmi les gens du coin). Demande un Acadien pour tenir les comptes. Répète qu'il préfère que Leblanc ne vienne pas ainsi que tous ceux qui ne souhaitent pas venir.
Pérusse demandera au C.G. un délai d'un an pour les Acadiens qui ne voudront pas venir (voilà qui explique sans doute pourquoi Lemoyne n'obtiendra pas satisfaction lorsqu'il demandera la punition des Acadiens de Saint-Malo et la suspension de leur solde)
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CR de Pérusse à Lemoyne (?) de la seconde visite des Acadiens
Targé, 4 août 1773, à M. Lemoyne (écriture très pale, très difficile à lire).
lui envoie le PV de la seconde visite des Acadiens.
"M. le subdélégué, homme d'esprit a fait la tournée des terrains destinés aux Acadiens étant accompagné de JJ LB, du cultivateur breton et d'un cultivateur du pays. Augustin Doucet, Simon Aucoin et un autre cultivateur ont fait la même tournée avec moi. Jacques [sic] LB que vous connaissez comme si vous l'aviez fait s'est conduit précisément comme ceux qui vinrent l'année passée. Il aurait désiré je crois avoir les yeux bandés et ne pas voir ce qu'il a vu afin de soutenir les fausses assertions de ses compatriotes, mais il a été obligé de se rendre à l'évidence. Vous pouvez être assuré ainsi que vous le dira le cultivateur breton de ce que Doucet et Aucoin sont de trop honnêtes gens pour contrarier que le procès-verbal est dans presque [toutes ?] ses parties beaucoup au dessous de l'exacte vérité sur la bonté des terrains destinés à l'établissement. (...) J'attribue l'infidélité des rapports de ceux qui vinrent l'année dernière à l'accablement où les avait mis la mort de M. l'abbé Le Loutre. Je dirai avec vérité que Alexis Trahan et Pierre Henry eurent l'air de regarder très peu les choses qu'il aurait fallu examiner de près telle que la qualité de la terre et le plus ou moins de facilité des eaux. Alexandre Bourg avait l'air d'y regarder un peu davantage, mais la seule chose à laquelle ils firent attention et qui je l'avoue était frappante, c'est la mauvaise récolte que nous eûmes l'année dernière d'où il résultait que toutes les granges étaient vides. Ils ne voulurent faire aucune attention à la mauvaise culture du pays qui certainement dans les années défavorables aggrave encore le mal.
" j'aimerais mieux qu'il ne vint que 4 familles de bonne volonté que de voir des gens s'établir chez moi contre leur gré ". (...) Pérusse estime ensuite qu'il est impossible que les Acadiens vivent comme à Saint-Malo sans dépenser au moins 9 à 10 s. par jour et par personne. Il serait impossible de leur donner de la viande et du pain de froment pour 6 s / jour.
Pérusse va se rendre à Compiègne dans les jours qui viennent et verra probablement le C.G. Il lui parlera des meilleurs moyens d'établir les Acadiens.
Il s'est arrangé avec l'évêque de Poitiers pour mettre leurs deux terres ensemble, ce qui "ne fait qu'une seule et même terre afin de les [les Acadiens] placer tous également bien à portée de s'entraider les uns et les autres". Il a obtenu des conditions avantageuses pour eux. Les Acadiens pourront s'étendre à proximité de l'établissement.
il y a des milliers d'arpents de terrains tous aussi bons que celui de leur établissement à proximité. Il pourrait prendre quelques uns de ceux qui sont le plus dans la misère comme métayers (?) (pour les arranger).
Les Acadiens pourront construire des maisons à proximité pour leurs enfants. A propos des puits : il en a fait creuser quelques uns et a trouvé de l'eau a seulement huit pieds.
" même s'il y a quelqu'un parmi eux en qui ils reconnaissent l'intelligence nécessaire pour secourir mes vues, ce sera celui là que je prendrai auprès de moi pour tenir état des recettes et des dépenses. Je désirerais beaucoup qu'il vous fut possible dans vos tournées d'en faire choisir un dans ce goût là. Il faudrait un homme un peu actif qui eut la confiance de ses compatriotes et qui su assez bien écrire pour tenir des états de recettes (?) et de dépenses. Cela allégerait beaucoup mes gens d'affaire et devrait être agréable à ces gens là.
J'ai remis à chacun des trois acadiens 18 # craignant qu'ils ne se trouvent courts dans leur route. Je n'ai que lieu d'être fort content d'Augustin Doucet et de Simon Aucoin. Ils ont examiné tout comme d'honnêtes gens doivent le faire, ils ne peuvent rien dire qu'ils n'aient examiné et goûté. A l'égard de LeBlanc il est honnête et respectueux, mais il a vu malgré lui ce qu'il ne voulait pas voir, il est je crois fort décidé à ne pas venir et moi encore plus à ne point désirer son retour ni l'arrivée d'aucun de ceux qui pensent comme lui. Je ne leur nuirai certainement pas auprès de M. le C.G. et l'engagerai au contraire à accorder s'il est possible un délai d'un an au moins à ceux qui ne seront pas pressés de venir. Peut-être que suivant ces principes économiques il n'y perdrait rien parce que si une partie de l'établissement était bien commencée, chacun s'empresserait d'y venir et beaucoup d'objets qui sont fort coûteux aujourd'hui seraient tout naturellement facilités par les secours qu'ils trouveraient sur l'établissement de leurs confrères. J'attends de vos nouvelles à Compiègne.
J'ai l'honneur, etc...[FIN]
Notes
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Mots-clés
// RED : raison : l'entraide
// Poitou
// DV
// CRPV
// SM
// secours : signification des 6 sous
Numéro de document
001771