Document : 1772-11-18a

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°188-190// f° 104-105

Date(s)

1772-11-18a

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Bertin directeur du bureau d'agriculture (dépend du Contrôle Général)

Résumé et contenu

Lemoyne à Bertin. Présentation de plusieurs plans pour établir les Acadiens. Projet de mêler les Acadiens à des bons cultivateurs pour qu'ils apprennent mieux l'agriculture.

Le ministère a promis de dédommager les Acadiens en les établissant sur des terres qui leur permettent de vivre. Désespoir pour les Acadiens si engagement non tenu. Intérêt de l'État à faire cesser les dépenses.
On avance à l'aveuglette parce qu'aucune connaissance des terrains. Il faut que le ministère fasse de la publicité et force ses agents à lui donner des détails.
Mémoire donne des détails sur les familles parce que beaucoup n'ont jamais ou peu pratiqué l'agriculture et sont marins ou autres métiers : il faut les placer près des familles dans les bourgs et près des côtes ou alors les mêler aux cultivateurs. Il faut attacher à la glèbe, on trouvera une solution pour le petit nombre des non-cultivateurs.
Doublement de la solde pendant 3 ans (= 6 ans de solde) = seul moyen pour épargner de quoi s'établir. Détail de ses prévisions.
Retour sur le coût de l'établissement de BIM (800 #) et sur celui en Corse (1.500 #). Nouveau plan [lequel ?] : 1.296 #. Evocation de plusieurs terrains dans le Comteau de Blaye et de la mise en vente des terres. L. regrette l'indécision des communes autour de Blaye qui ne peuvent se décider ni à défricher les terres, ni à vendre.
Il faut se hâter de catéchiser les Acadiens et il faut faire vite. Dès qu'on aura les terrains, l'affaire sera terminée.

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Extrait du mémoire sur les Acadiens remis à Bertin le 18 novembre 1772 et dont copie est ci après page 191 [il semble que la copie de la page 191 et suivante soit largement plus longue en effet que celle-ci ; celle-ci est destinée à Bertin, l'autre à de Boynes]

Le ministère à pris avec les Acadiens l'engagement de les dédomager de leur propriété en Acadie en leur concédant des terrains et en les établissant sur des terres, de la culture desquels il pussent tirer leur subsistance et qui leur assurassent un domicile certain et constant. Ils ont été sans interruption entretenus dans cette espérance. Ne pas remplir cet engagement, c'est les jetter dans le désespoir.
L'Etat est intéressé à le remplir, puisqu'il est le seul moyen de le libérer de la dépense qu'occassionnent les secours qu'il ne peut refuser à ce peuple.
Les opérations pour y reussir paraissent difficiles, parce que l'on a aucune connaissance des terrains qui pourraient être concédés aux familles que M. les intendants des provinces soient instruits des vues du ministère, qu'ils les rendent publiques ce qu'il existe des terres en friches susceptibles de culture soit au Roi soit aux particuliers ; que M. des Eaux et forets indiquent celles de leur connaissance, que les Académies d'agriculture soient intérrogées, en un mot que le ministère force à lui donner des connaissances en ordonnant la plus grande publicité de ses intentions, les terrains se montreront surabondants. Ils doivent être la base de l'opération, comme on la trouvera des plus faciles.
Le mémoire présente quelques détails sur les individus qui composent les familles ; leur indication a paru nécessaire parce que, quoique le plus grand nombre des chefs de familles soient bons cultivateurs, et joignent à ce talent des professions utiles qui les rendent plus intéressants aux établissements et (?) culture, il en est beaucoup qui n'ayant point ou peu pratiqué le labour en Acadie n'ayant point eu d'occasion de le pratiquer en France, se sont adonnés à la marine et à des métiers (?), raison de les placer ou près des côtes dans les bourgs ou de les mêler avec les bons cultivateurs pour qu'ils deviennent plus utiles à leurs familles sans cesser l'usage de leur profession principale.
Le plus grand et le plus sûr moyen que le ministère ait de décharger absolument et sans inquiétude sur l'avenir l'Etat du secours qu'il fournit aux Acadiens, est certainement de les attacher à la glèbe. Il sera facile de bien traiter le petit nombre d'individus qui ne pourront pas y être appliqués.
Il est certain que la somme que le gouvernement veut accorder, pris au total, peut remplir ses vues. Mais il faut la répartition en 3 ans au lieu de 6 parce que en doublant le secours la moitié suffit à la subsistance et l'autre à former les établissements.
Ce n'est que de l'épargne qu'on peut espèrer les établissements ; l'épargne ne peut se tirer que de l'excedent aux besoins journaliers indispensables. Il faut donc répartir le fond accordé, en trois ans.
Les fonds accordés en 6 ans ne donnent que 6 s. par jour par chaque tête. Les besoins de la subsistance la plus étroite les consomment. Les accordant en 3 ans chaque tête aura 12 sol dont 6 sol par jour excédent aux besoins de la subsistance et seront employés aux établissements.
Une famille de 6 têtes se trouve dans l'année 648 # à employer pour s'établir. Associant 2 familles on aura 1 296 # pour l'année, somme suffisante pour établir des familles dès la deuxième année, les 2 familles seront établies solidement et également à la 3e le simple secours de subsistance devient suffisant. La moitié du fonds de toute richesse ; il pourra servir à payer les frais que l'opération exigera. Il aura encore de l'excédent qui servira à augmenter l'aisance des établissements dépenses que des accidents qu'on ne peut prévoir peuvent occassionner.

L'établissement des familles à BIM à coûté 800 # bâtiments fournis de bestiaux, outils arratoires, etc... tous compris. Voir le détail du mémoire :

Le projet qui avait été fait pour la Corse portait la dépense à 1 500 # il ne paraît pas dans les vues du ministre. Voir le mémoire.

Le plan proposé pour le présent porte la dépense à 1 296 #, les différents articles ont été forcés, les 2 familles réunies donnent une masse de moyens plus étendus, conséquemment plus utiles, la dépense est établie sur la connaissance de ce que les chose coûtent en Aulnix (? Aunis), en Xaintonge (Saintonge), dans le Limousin, le Périgord, même en Poitou. On parviendra à connaître assez de terrain pour ne s'attacher qu'aux bons, si on emploie les moyens proposés ci-dessus.
On indique au mémoire 1 000 journaux de terres appartenant au Roi dans le Comteau de Blaye, dont 300 en bois et 700 en friches, mais suseptibles de bonne culture. Il ne peut y avoir de difficulté à concéder les 700 journaux faisant 500 arpents ; on peut y établir 25 familles, il y a 2 vaisseaux d'eau bonne à boire.
On indique un autre terrain d'environ 4 130 arpents aussi dans le Comteau de Blaye qui, sur les représentations de M. Boutin lors intendant de Bordeaux a été jugé par un arrêt du conseil du 3 mars 1764 propre à la culture et inutile à la commune de 19 paroisses auxquelles on a permi de les vendre aux gentilhommes, lieutenants (?) ... dans les dites paroisses et au profit de ces paroisses qui ne veulent ni vendre ni cultiver quoiqu'elle n'en puissent faire usage. Il semble qu'il faut qu'elles ouvrent la porte ou la ferment, qu'ils achètent pour cultiver ou qu'ils laissent cultiver (?) ceux qui peuvent le faire. Voir l'article au mémoire.
Les précautions à prendre pour consolider les établissements assurent les conduites que les Acadiens pourront prendre avec des particuliers, les grâces qu'ils dérivent des établissements ne sont qu'indiquées. Il sera temps d'entrer dans le détail lorsque l'on sera en état d'exécuter.
La nécessité de remonter les têtes de ce pauvre peuple remplis d'idées chimériques, de les cathéchiser différement de ce qu'ils l'ont été, de lui faire sentir sa position, son devoir, ce qu'ils doivent espérer ou craindre, est instante [Littér. Qui presse vivement]. Tous les préalables proposés sont à exécuter au moment et indispensablement d'ici au petit printemps, temps où il faut commencer à travailler en grand. Plus on tardera plus on consommera inutilement et même au dépend de la chose. Le point d'appui assuré (les terrains, l'opération est faite. On croit cette proposition démontrée.

Signé. Lemoyne

Mots-clés

// dispersion
// RED
// projet d'établissement
// glèbe
// Blaye

Numéro de document

000154