Document : 1775-07-28
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 124-1
Date(s)
1775-07-28
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
M. de Simon
Résumé et contenu
Pérusse demande de l'aide après la visite de Dubuisson.
Pérusse demande de l'aide : C.G. a envoyé Dubuisson, ami de Dupont de Nemours, ennemi de Sutières, pour vérifier les terres. Dubuisson a vu les députés acadiens (mutinerie), arrivés en dernier et qui empêchent les autres de travailler (menaces, maltraitement). Lui envoie un mémoire de ce qu'a fait Dubuisson. Dubuisson a dit que les dépenses avaient été de 800,000 livres au lieu de 600,000 (ce que prétend Pérusse). Pas de sa faute si augmentation des dépenses. Dubuisson leur a dit qu'ils pourraient tous partir et qu'il était inutile de finir les maisons. Dubuisson paraît décidé à ruiner l'établissement.
PS : parle d'une plainte contre de la Croix [commis de C.G.] qui aurait communiqué des lettres de Pérusse à Dubuisson.
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Targé, 28 juillet 1775. Pérusse à M. de Simon.
Demande son aide pour "empêcher qu'une trame ourdie par les économistes ne triomphe de la vérité". (...). M. Le C.G. qui a décidé qu'il ne serait établi que 600 Acadiens dans le Châtelleraudais a envoyé un nommé M. Dubuisson cultivateur flamand fort ami de M. Dupont [de Nemours] qui possède comme vous savez toute sa confiance, et a chargé ce cultivateur d'examiner des terrains incultes qui appartiennent au Roi près de Montmorillon et de voir en passant celui sur lequel sont construites 58 maisons acadiennes (il est bon de vous observer que M. Dupont nommément ainsi que les autres économistes tels que les abbés Bodeau [Baudeau, lecture de Martin p. 212] et Rhobeau [Roubaud, idem] (?) sont depuis longtemps les ennemis jurés du pauvre M. de Sutières ; c'est une vieille querelle littéraire dont il ne faut pas que d'autres soient la victime).
Ce M. Dubuisson homme fort décidant qui devait n'arriver ici qu'en même temps que moi s'est diligenté pour me devancer, il est arrivé à Châtellerault, s'est renfermé 5 à 6 heures avec ce qu'on appelle ici les députés acadiens, c'est à dire un petit nombre d'entre ceux arrivés les derniers, lesquels se sont érigés eux mêmes sans l'autorité de M. de Blossac ni la mienne comme chefs des Acadiens, et ils l'ont été véritablement de la mutinerie qui a duré tout l'hiver pour le travail. Vous avez sûrement du, Monsieur, en entendre parler quand vous êtes venu dans ce pays ci. Ils ont effectivement réussi à empêcher leurs camarades déjà établis de labourer, et il est même vérifié que quelques uns parmi eux plus zélés au travail que les autres, ont été non seulement menacés par leurs confrères, mais même en ont éprouvé quelques maltraitements parce qu'ils continuaient de travailler à leurs habitations.
Le mémoire ci-joint qui est le précis de ce qu'à fait le dit Sieur Dubuisson que je crois un second M. Despommiers mais cependant avec plus d'esprit, vous instruira de son opération. J'ai évité autant que je l'ai pu d'y parler de ce qui m'est personnel mais de vous à moi j'ai lieu d'être on ne peut pas plus offensé d'apprendre qu'il a dit au Prieur de l'Etoile que les dépenses de l'établissement montaient à 800,000 livres et que M. de la Croix lui avait dit qu'on en avait fourni des comptes peu en règle. Je suis donc bien aise de vous faire sur cela un petit détail dont voici le précis.
La dépense depuis le mois de juin 1773 dont tous les comptes ne sont même pas encore rendus ne peut guère excéder 600 000 livres, si elle y va, sur quoi il y a plus de 200,000 livres de solde, pour environ 120,000 livres de bois, dont il reste en bois abattu de quoi faire la charpente d'environ 100 maisons, sans compter les 58 déjà construites, et une partie très considérable encore de bois qui reste sur pied.
[résumé : les dépenses ne sont nées que des contretemps, contrariétés nés des retards du gouvernement et de Terray en particulier]. "Il serait indécent cependant que ce fut un cultivateur flamand qu'on chargeât de vérifier la conduite de quelqu'un de mon espèce." Il écrit à Maurepas, à Turgot et lui en envoie des copies.
donne des arguments qui permettront à son interlocuteur de convaincre Maurepas de la valeur des terrains de la colonie, etc... [...] "Au reste, ce M. Dubuisson qui a promis sa protection aux Acadiens qui l'ont accompagné et qui par parenthèse le qualifient de Monseigneur, leur a dit qu'il allait faire changer les ordres que M. le C.G. m'a adressé le 18 de ce mois par lesquels il doit en rester 600 dans ce pays ci qu'il les en ferait partir tous et qu'il était inutile qu'on finit 3 ou 4 maisons qu'on achève de couvrir présentement, quoiqu'il ne soit pas raisonnable de présumer que le gouvernement voulut rendre inutile une dépense déjà faite et qui n'exige désormais que quelques fourrages pendant 2 ou 3 ans cependant le ton décidé de ces hommes donne lieu de penser qu'avant son départ de Paris, M. Dupont pourrait bien avoir décidé l'anéantissement de ce qui est fait ici, et qu'il n'y a pas de temps à perdre pour prévenir l'exécution de ce projet. Je remets tout entre vos mains, je connais votre amitié et votre zèle à m'obliger, et vous connaissez aussi l'attachement inviolable avec lequel j'ai l'honneur d'être parfaitement, Monsieur, votre, etc...
P.S. J'ai peut-être omis à M. de Maurepas quelques uns des objets dont je vous parle, comme aussi de vous parler de quelques uns dont je lui fais l'article tels que celui de M. de la Croix contre lequel je ne veux point former de plainte en règle, quoique j'aie lieu de juger par les propos du Sieur Dubuisson qu'il lui a communiqué des lettres que j'ai écrit cet hiver à M. Turgot par lesquelles je demandais qu'on renvoyât à Nantes ceux des Acadiens qui répugnaient à se fixer dans ce pays ci, et le Sieur Dubuisson pour leur rendre M. de Sutières odieux leur a dit que M. de la Croix lui avait montré les lettres par lesquelles il demandait leur expulsion.
Notes
DSCN3629.JPG ou DSCN3630.JPG
Mots-clés
// députés
// Poitou
Numéro de document
001816