Document : 1775-08-30a

Références / localisation du document

ADV J dépôt 22, art. 124-1

Date(s)

1775-08-30a

Auteur ou organisme producteur

Pérusse

Destinataire

M. de la Croix [secrétaire du C.G. je pense]

Résumé et contenu

Pérusse : plaintes des Acadiens qu'on ne veut empêcher les femmes de suivre leurs maris à Nantes = fausse. Mutinerie dégénère : toitures détruites, puits bouchés, fumiers vendus.
Pérusse à de la Croix. A vu le S. Amy qui lui même a vu de la Croix. de la Croix lui a dit que les Acadiens se plaignaient de la dureté avec laquelle on les traitait (on refuserait de laisser partir les femmes et les enfants de ceux qui voulaient quitter le pays). Totalement faux. Au surplus, personne n'est encore parti parce qu'on attend toujours les ordres promis. Les Acadiens ne devraient pas se plaindre de trop de dureté, mais de l'inverse. Il n'a jamais rien fait de son propre chef et a toujours attendu les ordres précis. Il a attendu deux ans l'ordre d'en renvoyer à Nantes, et maintenant c'est trop tard : la mutinerie a gagné, ils vendent leur fumier, des pierres ont été jetées sur les maisons non encore habitées, les puits ont été bouchés, on a vendu du bois de chauffage, etc...

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M. de la Croix. Monthoiron le 30 août 1775

Je reçois M. une lettre du S. Amy qui me mande avoir eu l'honneur de vous voir et que vous lui avez dit que les Acadiens se plaignaient de la dureté avec laquelle on les traitait, qu'on refusait de faire partir les femmes et les enfants de ceux qui désiraient quitter le pays et que vous l'aviez même chargé de m'écrire qu'il ne fallait faire partir que 8 familles désignées. Je ne sais en vérité ce que tout ceci veut dire, il est de toute fausseté qu'on ait annoncé à aucun de ces Acadiens (qui en conséquence de la lettre que M. le C.G. m'a écrit le 18 juillet et de l'état que vous m'avez remis de ceux qui ont demandé au mois d'octobre dernier à ne pas être établis en Poitou) qu'on refusait de faire partir avec eux leurs femmes et leurs enfants, au surplus M. on n'en a pu faire partir aucun puisque les ordres que la même lettre du 18 juillet annonce devoir être adressée en même temps à M. de Blossac pour l'envoi de ces mêmes familles à Nantes ne sont point encore arrivées. Il est donc très certain que ceux des Acadiens qui s'avisent d'écrire en leurs noms en imposent. Ils ne peuvent assurément se plaindre d'aucune dureté de la part de qui que ce soit dans ce pays ci, on ne leur y laisse que trop faire tout ce qu'ils veulent, moi tout le premier qui ne commandant point dans la province n'ai jamais voulu m'arroger aucune autorité sur eux avec d'autant plus de raison que les désagréments multipliés que j'ai constamment éprouvé depuis le premier moment de leur établissement m'ont annoncé que leur cabale l'emporterait toujours sur mes plus justes représentations, ce qui fait que j'ai sans cesse demandé des ordres précis du ministre. La lettre du 18 juillet obtenue après 2 ans de sollicitations en est la preuve, mais j'ai lieu de présumer qu'elle sera nulle dans son effet puisque le premier et le plus essentiel de tous les règlements qu'elle contient (qui est l'envoi à Nantes de ceux qui alors étaient les seuls moteurs du désordre) n'a point encore eu lieu et qu'au contraire il n'a fait qu'augmenter depuis la fin du mois de juillet par les impressions désavantageuses qu'on leur a suggéré sur leur établissement. Et aujourd'hui M. ce même désordre est poussé au point qu'il y a de ces gens là qui habitant une habitation depuis un an où ils ont des bestiaux se sont avisés d'en vendre les fumiers d'autres ont été la nuit jeter des pierres sur quelques unes des nouvelles maisons qui ne sont pas encore habitées et y ont cassé beaucoup d'ardoises, ont jeté des pièces de bois dans des puits, de l'ardoise qui n'était pas encore employée, et des pierres par dessus, d'autres enfin qui auraient désiré de prendre du bois de chauffage provenant de la dépouille de l'exploitation dont le montant doit leur être retenu au profit du Roi se sont (...) pareillement de vendre ce même bois à des habitants du pays, (et...) Il a envoyé il y a quelques jours au C.G. l'état des familles de vrais laboureurs. [FIN]

Notes

DSCN3675.JPG

Mots-clés

// Poitou
// menaces

Numéro de document

001828