Document : 1775-11-22
Références / localisation du document
ADV J dépôt 22, art. 124-1
Date(s)
1775-11-22
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
M. de la Croix [secrétaire du C.G. je pense]
Résumé et contenu
Départ du second convoi. Dénonce les prêtres qui encouragent les hommes des environs à se rebeller comme les Acadiens.
Départ d'un second convoi (300 individus). Ils se disaient tous laboureurs pour toucher la solde, se disent tous marins pour repartir. Chimères : les curés les encouragent, et un cordelier les encourage en leur lisant des lettres "dont le résultat est toujours de les ramener en Acadie". Reparle de la qualité des terres et des dangers de la prêtraille qui agite le peuple en sous main : donne l'exemple de sa soeur abbesse où des hommes armés se sont opposés à des défrichements. Idem pour son cas : pas d'extrêmités comme dans le cas de sa soeur car opération royale, mais beaucoup de gens ont essayé de faire échouer cet établissement.
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M. de la Croix, Monthoiron, 22 novembre 1775.
Annonce le départ d'un second convoi vendredi (300 marins et quelques autres individus). Un troisième convoi sera bientôt envoyé. Tous ces gens là se disaient laboureurs pour toucher la solde (mais ils étaient en fait marins), ils se disent maintenant marins pour retourner dans les ports de mer. "Au surplus ils continuent de se repaître des chimères que leurs chefs leur ont inculquées. (...) [ils sont encouragés par les curés d'Archigny, de Ste Radegonde, de Cenan, de Prieur de l'Etoile, et] "un petit cordelier de Châtellerault qui leur lit tous les jours de prétendues lettres qu'il reçoit (dit-il) de Paris, de la Cour, et même des pays étrangers, dont le résultat est toujours de les ramener en Acadie". Des personnages du Pays qui agissent en secret veulent "perdre les Acadiens".
Reparle de la qualité des terrains, pas mauvaise selon lui (ce n'est pas ça qui fera échouer les établissements). Le peuple croit que parce que les terres ont été abandonnées depuis longtemps, c'est qu'elles sont stériles. Il fustige "l'esprit de vertige que la prêtraille et plusieurs autres gens peu éclairés et mal intentionnés ne cessent par dessous mains de souffler aux Acadiens en abusant par tous les moyens possibles de leur ineptie et de leur crédulité, se manifeste aujourd'hui à 10 ou 12 lieues d'ici pour semblable objet de la façon la plus ouverte et qui mérite la répréhension la plus sévère." [suit l'exposé de la situation : lui expose le cas de défrichements chez sa soeur abbesse de Sainte-Croix, où des paysans se sont opposés à ce qu'elle défriche les terres de son abbaye. Quand elle s'apprête à faire arpenter le terrain, "le peuple s'attroupe et tombe sur eux [les arpenteurs] à main armée. Ce ne sont point des particuliers qui font opposition à ce défrichement sous le prétexte que le terrain soit à eux, mais un public qui se croit autorisé d'user de violence pour s'opposer à ce que un particulier use de sa propriété. Cette affaire ci est toute pareille à la circonstance où nous nous trouvons ici pour les Acadiens. Le peuple de ce canton que je puis dire sans me flatter ne me vouloir point de mal, n'a pas osé se porter à de semblables extrémités. D'ailleurs, l'établissement des Acadiens étant une opération royale, il n'est pas étonnant que la violence n'y ait pas été employée, mais en revanche les prêtres dont je vous ai parlé et beaucoup d'autres gens d'une espèce faite pour mieux penser qu'eux et qui rougiraient de se faire connaître n'ont cependant rien épargné pour le faire échouer. "
Notes
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Martin parle de cette lettre p. 217.
Mots-clés
// repartir : Acadie
// Poitou
// religion
Numéro de document
001835