Document : 1772-12-04
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°215-217// f° 118-119
Date(s)
1772-12-04
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Bertin directeur du bureau d'agriculture (dépend du Contrôle Général)
Résumé et contenu
Lemoyne à Bertin. Informations sur la situation à Saint-Malo et proposition de tournée de Lemoyne.
L'informe de l'envoi de deux chefs de familles acadiennes sur les terres de S.V. Espère la signature de quelque chose et Bertin en sera informé.
Informe Bertin de la visite de Destouches du Désert qui trouble l'esprit des Acadiens qui ne savent plus quoi penser à cause de l'incertitude de leur situation.
Il faut se décider à attacher à la glèbe et laisser la possibilité à ceux qui préfèrent d'autres choses de toucher le même argent. Les familles dans les grands ports de commerce (Saint-Malo et accessoirement La Rochelle) sont moins favorables à un établissement sur des terres que les autres familles.
Il faut faire une revue des familles et Lemoyne se propose pour cela.
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Copie du mémoire de M. Lemoyne à M. Bertin du 4 décembre 1772.
Monseigneur,
M. Guillot commissaire de la marine à Saint-Malo par sa lettre du 22 du mois dernier, m'informe qu'en conséquence des ordres qu'il avait reçu de M. de Boynes, il a envoyé à M. de S. V. gouverneur de Tulle, deux chefs de familles acadiennes et qu'il leur a fait donner ainsi qu'il leur était prescrit une conduite qu'il a fixé à 60 # à cause de la saison, il y a 130 lieues de S.M. à Tulle. Il assure ces hommes de bonne volonté et capables.
Il est à souhaiter que M. de S.V. s'arrange avec eux, son exemple donnerait lieu à placer plusieurs familles dans le Limousin.
M. de S.V. ne manquera pas de vous adresser M. l'accord qu'il pourra faire. Il est instruit qu'il ne doit rien terminer sans votre aveu, de plus il a besoin que vos ordres lui assurent les grâces dont vous devez disposer.
Le commissaire me marque qu'un particulier nommé M. du Dézert [Destouches du Dézert, cf. index Martin] qui serait concessionnaire par M. le Comte de la Marche d'une partie de la Province de Neblio [lecture confirmée par Martin] en Corse, a passé à Saint-Malo et a sollicité des familles sans qu'il l'ait vu ni qu'il lui ait paru avoué de quelque autorité que ce soit : que sans faire aucune opposition, il s'est contenté de dire à ceux qui l'ont questionné qu'il ne le connaissait pas.
Suivant sa lettre, tous ces pauvres gens se font des projets suivant les idées qui leur font naitre et la crainte d'être abandonnés et les propos de ceux auxquels ils ont confiance qui ne sont pas plus instruits qu'eux. Comment auraient-ils des volontés décidées ? Ils n'existent que dans l'espérance et le désir, sans objet. Leur position est un mal, mais il en résultera le bien d'avoir plusieurs moyens de remplir ce que vous vous proposez en vous prêtant aux différents désirs.
La base de l'opération, pour l'honneur de l'Etat, pour votre gloire, M., pour satisfaire vos sentiments d'humanité, pour remplir le voeu général, doit être la glèbe. Il faut l'offir aux familles, elle est la seule ressource [... ?] des familles honnêtes et du plus grand nombre. Celles qui s'y refuseront, qui préféreront des moyens plus analogues à leurs facultés, qui depuis qu'elles sont en France ont [touc... ?] sur des objets qui flattent leurs espérances, seront satisfaites avec le même argent qu'il en couterait pour les établir sur des terres. Quelle satisfaction pour vous, Monseigneur, examinant cette opération, d'être assuré que vous n'avez fait que des heureux.
Les familles résidentes à Saint-Malo seront plus flottantes sur (? ou dans) leurs idées que les autres établies ailleurs. Leurs idées valent [ou varient ?] comme les préjugés dont elles sont imbues et comme les moyens et les spéculations qu'une grande ville de commerce présente. Celles établies à La Rochelle sont aussi peu constantes. Celles dans les autres lieux paraissent ne désirer que la terre, toutes demandes à connaitre ce que le gouvernement veut exiger d'elles. Il est, M., de votre bonté de les en instruire ce qu'ils souffrent de l'incertitude est cruel.
Une revue de toutes les familes est indispensable et instante. Celui que vous en chargerez, M., devra donner toute son attention à instruire ce peuple de vos vues, à bien scruter ce que chaque individu peut penser et à juger lequel des moyens que vous avez à employer peut convenir à une famile plutôt qu'à une autre. Il est possible d'entâmer en grand en janvier, sitôt les préalables que j'ai eu l'honneur de vous présenter, sont remplies. Celui ci est un des plus intéressant, si vous me faites l'honneur de m'en charger, je suis prêt à exécuter vos ordres, mais j'ai l'honneur de de vous observer qu'il m'est indispensable d'avoir de M. de Boynes la permission écrite de me distraire de mon service le plus naturel, celui aux ports, pour me livrer sans réserve à ce que vous me ferez l'honneur de me prescrire.
Je suis, etc...
Lemoyne
Notes
cf. sur ce sujet, lire le résumé de Martin p. 96
Mots-clés
// glèbe
// SM
// chefs
// Saint-Victour
Numéro de document
000158