Document : 1774-12-14b
Références / localisation du document
Ernest Martin, Les Exilés Acadiens en France au XVIIIe siècle et leur établissement en Poitou, Paris, Hachette, 1936 (rééd. en fac-similé, Brissaud, Poitiers, 1979). p. 277 // Papiers de Murard
Date(s)
1774-12-14b
Auteur ou organisme producteur
Girard
Destinataire
Pérusse
Résumé et contenu
Refus de l'abbé Girard de s'occuper des Acadiens du Poitou. Raconte ses mésaventures depuis son arrivée en France (il touchait une pension de 400 livres jusqu'en 1766 qu'elle lui a été retirée, mais il a ensuite reçu un bénéfice). Les Acadiens sont fort en état de recevoir, mais pas de donner [je ne sais pas s'il parle financièrement parlant ou pas].
Lettre de l'abbé Girard au Marquis de Pérusse.
A Jouarre proche la Ferté, le 14 décembre 1774.
Monseigneur, je ne suis point propre à habiter et à fréquenter les châteaux. S'il y avait une église, une maison curiale bâties, et un fixe attaché pour vivre, alors je pourrais me prêter, si j'étais en état [à venir m'occuper des Acadiens sur l'établissement du Poitou].
J'ai bientôt 62 ans. J'ai couru le Canada, l'Acadie et l'île Saint-Jean. J'ai toujours vu accorder aux nouveaux habitants de ces pays-là trois ans de vivres, des outils, des habits, et malgré tous ces secours, ils ne pouvaient vivre sans être assistés. Ils l'ont été, tant en vivres qu'en semences, la 4e et même la 5e année à l'Isle Saint-Jean.
Depuis mon arrivée en France avec ces pauvres gens que j'ai vu périr en mer en partie (300 âmes dans le vaisseau où j'étais qui a coulé à fond, un autre a péri aussi près de nous, et un troisième sur les côtes d'Espagne [note de Martin : sur le rôle en Acadie et le rapatriement en France de l'abbé Girard, voir E. Lauvrière, ouv. cité, t. II, p. 74.]
J'ai reçu chaque année 400 livres de pension de subsistance et d'entretien jusqu'en 1766, qu'on a jugé à propos de les supprimer. Par bonheur, j'ai eu alors un petit bénéfice à peu près de même valeur ces années-ci.
Je ne vous en dis pas davantage. M. l'abbé de l'Isle-Dieu est en état de vous rendre compte de nos travaux et de notre conduite...
Ces pauvres gens sont fort en état de recevoir, mais nullement de donner. Aussi ne peut-on compter raisonnablement sur eux, quoique en grand nombre et capables d'occuper deux prêtres, si l'on persévère à vouloir les former en paroisse et en succursale.
J'ai l'honneur, etc... Girard (Papiers de Murard)
Notes
sur le détail du naufrage de ce bateau, voir Lockerby # 1441 p. 62 environ.
Jouarre : orthographe vérifiée et correcte
Mots-clés
// secours
// Poitou
// religion
Numéro de document
001899