Document : 1889-00-00 // 1862-00-00
Références / localisation du document
Edme Rameau de Saint-Père, Une colonie féodale en Amérique, l?Acadie (1604-1881), Paris et Montréal, Librairie Plon et Granger frères, 1889. (p. 228 et suivantes)
Date(s)
1889-00-00 // 1862-00-00
Auteur ou organisme producteur
Rameau de Saint-Père
Résumé et contenu
Récit de la visite de Rameau : constatation des divergences avec les notes personnelles de Rameau retranscrites par Damien Rouet et l'extrait de son livre :
- visite du Poitou en 1862 (et non pas mars 1860 comme le disent les notes de Rouet)
- autre divergence : dans les notes de Rameau, le frère (Isaac) et le père de Boudrot veulent partir, c'est la mère qui les retient ; dans le récit ci-dessous, c'est Isaac seulement qui veut partir, et c'est Pérusse qui convainct le père et la mère de rester (parce que la soeur est mariée au cocher de Pérusse).
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reproduction du récit de Boudrot.
Rameau explique que "parmi le très petit nombre de familles acadiennes qui étaient demeurées dans la contrée, il y en avait une dont le chef, nommé Benjamin Boudrot, âgé de 88 ans, était le propre fils de l'un de ceux qui étaient venus directement d'Acadie en France, et qu'il avait conservé le souvenir fort clair des récits et traditions que lui avait transmis son père. Il vivait non loin de là. [...] Je résumerai ici en quelques lignes la substance de ses récits : "Mon père, Pierre Boudrot, était né dans le quartier "des Mines" (nous supposons, mais sans en être sûr, qu'il venait de Cobeguid). "Il quitta la maison paternelle vers l'année 1754, à l'âge de 18 ans, parce que les Anglais voulaient forcer la jeunesse du pays à entrer dans leur armée ; ils gagnèrent le rivage de la mer, vis-à-vis de l'île Saint-Jean, et ils atteignirent cette île non sans difficulté, parce que les Anglais surveillaient les côtes. Ils trouvèrent facilement à s'occuper parmi les Français de l'île, dont les cultures étaient très prospères. Malheureusement, les Anglais l'envahirent en 1758 et firent prisonniers tous ceux qui ne purent pas se sauver du pays. Il fut donc embarqué avec beaucoup d'autres."
Ici, sur ma question, il me dit qu'il ignorait si son père avait été conduit d'abord en Angleterre ou en France, mais qu'il pensait qu'il avait été amené à Saint-Malo, où nous le trouvons dans l'état de 1772. J'oubliai de lui demander où son père s'était marié, mais d'après l'âge de ses enfants, il paraît évident qu'il a dû se marier après son arrivée en France avec une Acadienne, car son fils aîné, Isaac Boudrot, a dû naître en 1763 ou 1764. "Mon père, reprit B.B., a élevé sept enfants : mon frère Isaac, qui était l'aîné, quatre filles et deux autres fils, moi et mon frère Paul, qui sommes nés après son arrivée dans le Poitou. Il regrettait beaucoup son pays, dont il nous parlait très souvent." Ici suivirent différents détails sur la manière de vivre des Acadiens. "Mon frère Isaac a voulu absolument nous quitter, quand tous les autres sont partis, mais comme une de mes soeurs avait épousé le cocher de M. de Pérusse, nommé Gervais, et que M. de Pérusse nous aimait beaucoup, il parla si bien à mon père et à ma mère qu'il nous détermina à rester, et c'est, en effet, par l'appui de ce Gervais, mon beau-frère, que j'ai pu acquérir la petite aisance que je possède aujourd'hui. J'ai épousé une Acadienne, nommée Marie Daigle, et j'ai deux garçons, mariés tous les deux, dont l'un demeure avec moi dans cette ferme que nous cultivons. Généralement les Acadiens ne se plaisaient pas dans ce pays-ci. Ils se plaignaient de la mauvaise qualité des terres, des privations au milieu desquelles ils vivaient, et passaient leur temps à parler de l'Acadie et à regretter les beaux biens qu'ils y avaient possédés".
Notes
J'ignore comment s'expliquent les divergences entre les notes de Rameau et ce qu'il écrit dans son livre. A-t-il fait deux visites successives, en 1860 puis en 1862 ?
Mots-clés
// notes diverses
Numéro de document
001910