Document : 1784-03-22
Références / localisation du document
AMAE, Correspondance politique, Espagne, vol. 612 f° 240
Date(s)
1784-03-22
Auteur ou organisme producteur
Peyroux de la Coudrenière
Destinataire
non précisé [ambassade d'Espagne ; Aranda ou Hérédia]
Résumé et contenu
Peyroux : Les Acadiens sont allés voir le subdélégué pour la Louisiane. Veulent savoir. Demande à ce qu'Hérédia ne diffère plus à demander la permission de passer à la Louisiane sinon la saison ne sera plus bonne.
Malgré ses soins, les Acadiens n'ont pas su rester discrets et ont averti leurs compatriotes ; les Acadiens sont désireux de savoir quelque chose de positif ; se sont transportés en corps chez le subdélégué pour savoir si les ordres de les laisser partir en Louisiane avaient été donnés. Lettres envoyées à SM. et Morlaix. Misère des Acadiens augmente, car propriétaires et marchands ne font plus crédit ; de plus, Peyroux craint qu'il lui arrive quelque chose.
Lui demande donc de ne plus différer à faire les démarches auprès de la Cour de France. Il faut aussi se dépêcher car il ne faudrait pas partir pendant l'automne où tempêtes dans le Golfe du Mexique et Acadiens arriveraient trop tard pour cultiver pour l'année suivante.
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Copie / A Nantes, le 22 mars 1784
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous informer que malgré tous mes soins pour tenir l'affaire des Acadiens dans une sorte d'assoupissement jusqu'à ce que vous ayez demandé et obtenu la permission de la Cour de France, ceux qui étaient dans le secret n'ont pu s'empêcher d'en instruire leurs compatriotes ; et à ce moment j'apprends qu'un grand nombre de ces Acadiens ne pouvant résister au désir de savoir quelque chose de positif sur leur départ se sont transportés en corps chez le subdélégué pour apprendre et savoir si le ministère avait donné l'ordre de les laisser partir pour la Louisiane. Des lettres qui ont été écrites à St Malo et à Morlaix ont occasionné la même fermentation parmi les Acadiens qui habitent ces deux villes. Tous sont dans une impatience difficile à contenir : mais quoique je voie avec plaisir cette ardeur générale, je suis néanmoins fâché que cette nouvelle soit aussi répandue car déjà les propriétaires des maisons et les marchands ne veulent plus faire de crédit aux Acadiens, ce qui augmente la misère de ce peuple. Enfin il est hors de doute que M. le subdélégué va écrire en cour pour l'informer de tous ces mouvements ; et le ministère n'en ayant point été prévenu par d'autres voies il pourrait bien m'arriver quelque chose de désagréable.
D'après toutes ces considérations, je vous supplie, Monsieur, de ne pas différer davantage à en faire la démarche à la Cour de France. Voilà l'équinoxe passée et la belle saison commence ; si cette affaire traîne encore quelque temps, on ne pourra débarquer les Acadiens à la Nouvelle-Orléans que dans l'automne ; c'est à dire en la saison où il règne le plus de tempètes dans le Golfe du Mexique : d'ailleurs ces gens arrivant à l'entrée de l'hiver à la Louisiane n'auraient pas le temps de préparer leurs terres pour la récolte suivante et ce serait une année de perdue.
J'ai l'honneur, etc...
Mots-clés
// nouveau(2005-01)
// Nantes
// repartir : Louisiane (probablement)
// "Corps"
// impatience
Numéro de document
001996