Document : 1763-05-14c
Références / localisation du document
MAE, Correspondance politique, Angleterre, Supplément 13, folio 69
Date(s)
1763-05-14c
Auteur ou organisme producteur
La Rochette
Destinataire
d'Eon
Résumé et contenu
Compte-rendu par La Rochette de sa mission à Bristol pour le renvoi en France des Acadiens.
Arrivé le 11 mai 1763 à Brisol. Les Acadiens l'attendaient "avec la plus grande impatience" et avaient "emballés leurs meubles". 3 convois partis le 12, le 13 et le 14. A délivré les 40 Acadiens qui "étaient prisonniers de guerre" (faits prisonniers à Louisbourg et à l'île Saint-Jean). "Je ne crois pas au reste que tous ceux-là veuillent se joindre à la colonie acadienne. Un grand nombre d'entre eux ayant dessein de passer à Miquelon, mais comme ils ont tous été réclamés par les Acadiens eux-mêmes, je n'ai pu me dispenser de les mettre sur le rôle des émigrants". Avec eux, au total 185 Acadiens à Bristol. Beaucoup de bagages : "Les Acadiens ayant un grand nombre de femmes et d'enfants et plus de bagages à eux seuls que quatre régiments de dragons il ne m'a pas été possible de leur fournir moins de deux chariots par division." Donne des détails sur les chariots (peuvent abriter 26 femmes ou enfants). Dispositions pour les malades, etc... Procédera à l'embarquement le plus rapidement possible à Southampton et pour cela a donné l'ordre au capitaine de faire embarquer les effets dès l'arrivée des Acadiens. Les Acadiens n'ont plus touché de paye depuis le 1er mai.
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Lettres de M. de la Rochette au sujet des prisonniers français et des Acadiens en Angleterre à M. D'Eon
A Bristol, le 14 mai 1763
Monsieur,
Etant parti de Londres le 9 de ce mois en conséquence des ordres de son excellence, je suis arrivé le 10 au soir à Bristol. Le 11 au matin je me suis rendu chez le S. Lloyd commissaire anglais que j'ai trouvé prévenu de mon arrivée et qui a bien voulu m'accompagner sur le champ au quartier des Acadiens.
Ces bonnes gens qui m'attendaient depuis plusieurs jours avec la plus grande impatience avaient déjà emballé leurs meubles et fait toutes les préparations nécessaires pour leur départ, en sorte que j'ai pu expédier la première division le 12 à 5 heures du matin, la seconde le 13 et la troisième aujourd'hui 14. Quoique le Sr Lloyd n'eut reçu aucun ordre des commissaires de Londres touchant la marche des Acadiens, il n'a fait aucune difficulté de me les remettre et je ne peux que me louer de l'empressement qu'il a apporté à me seconder dans toutes mes opérations à ce sujet.
Mr Miller négociant de cette ville et agent de M. Guillot m'a délivré pareillement dès que je l'en ai requis les Acadiens qui étaient prisonniers de guerre au chateau de Knowl. Il s'en est trouvé près de quarante, y compris ceux qui après la dispersion générale de toute la peuplade ont été faits prisonniers à Louisbourg ou dans l'île Saint-Jean où ils étaient établis. Je ne crois pas au reste que tous ceux-là veuillent se joindre à la colonie acadienne. Un grand nombre d'entre eux ayant dessein de passer à Miquelon, mais comme ils ont tous été réclamés par les Acadiens eux-mêmes, je n'ai pu me dispenser de les mettre sur le rôle des émigrants et j'en ai donné mon reçu au commissaire. Malgré cette addition qui a porté le nombre total des Acadiens de Bristol à 185 personnes je ne les ai expédiés qu'en trois divisions, d'après l'avis des voituriers et des gens du pays.
Les Acadiens ayant un grand nombre de femmes et d'enfants et plus de bagages à eux seuls que quatre régiments de dragons il ne m'a pas été possible de leur fournir moins de deux chariots par division. J'ai préféré les chariots qu'on nomme "Broad wheel'd waggons" dont les roues ont 9 pouces de large. Ils sont attelés de huit chevaux, portent six milliers pesant, et il y reste encore assez d'espace pour placer à l'aise vingt six femmes ou enfants à couvert des injures du temps. J'ai fait mettre des matelats pour les malades, et j'ai donné ordre aux conducteurs des chariots de pourvoir d'avance aux logements ainsi qu'aux dépenses extraordinaires que des accidents imprévus pourraient occasionner sur la route, tant à l'égard des femmes enceintes que des malades. La route n'est que de trois jours : ainsi la première dividion arrivant aujourd'hui 14 à Southampton, le seconde et la troisième y seront rendues le 15 et le 16. Je procéderai à l'embarquement le 17 et afin de n'être point retardé dans cette dernière opération, j'ai adressé au capitaine de la Corvette la Dorothée une lettre dont la copie est ci-jointe dans laquelle je lui mande de recevoir à son bord les coffres et les ballots des Acadiens de Bristol à mesure que les charriots arriveront.
Comme les Acadiens de Bristol n'ont point reçu de paye depuis le commencement de ce mois et que le Sr Lloyd leur commissaire n'ayant aucun ordre à ce sujet n'a pa jugé à propos de leur délivrer la paye, je me suis fait donner un certificat dans lequel le Sr Lloyd reconnait que les Acadiens de son département n'ont point reçu de paye depuis le 1er de mai jusqu'au jour de leur départ. Au reste j'ai acquité toutes leurs dettes et ils partent de Bristol quittes envers tout le monde et regrettés de tous les gens de bien.
[finit par dire que des prisonniers français ont suivi le convoi des Acadiens et que lui même se rend à Bristol]
de la Rochette
Notes
Correspondance de M. de la Rochette, commissaire français pour le transport et l'émigration des Acadiens détenus en Angleterre, avec d'Eon, chargé d'affaires à Londres (14 mai-8 juin 1763) [extrait de l'inventaire]
Mots-clés
// nouveau(2005-01)
// désignation : peuplade
// repartir : Miquelon
// UK
// conditions matérielles
// secours (retard : pas de retard en Angleterre) : Les Acadiens n'ont plus touché de paye depuis le 1er mai [seulement]
// recensement
Numéro de document
002016