Document : 1773-01-19

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°251-252// f° 136

Date(s)

1773-01-19

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Guillot

Résumé et contenu

Lemoyne à Guillot. Confrontations d'horizons d'attente. Lemoyne très remonté contre les Acadiens et en particulier Daigne / Daigle et ceux de Morlaix.

Les Acadiens se prennent pour des seigneurs vs. les mettre au niveau des autres. Confrontation des horizons d'attente différents.
Crainte de Lemoyne de l'irritation du ministre [mais c'est lui qui semble toujours le plus énervé]. S'il ne les trouve pas mieux disposés quand il fera sa revue, il faut s'attendre à ce que les Acadiens ne conservent que leur solde pendant un petit moment. Rancune de Lemoyne contre les deux Acadiens qui ont visité les terres à propos de l'échec de SV qui ne pourra créer d'émulation. Demandes de sanction contre les Acadiens de Morlaix, qui frisent l'insolence en réclamant mille écus (càd. 3.000 livres).

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Copie d'une lettre de Lemoyne à Guillot, 19 janvier 1773

En vérité, M., la tête tourne absolument aux Acadiens. Je ne conçois pas le pourquoi : les deux que vous aviez envoyé à M. de S.V. se sont refusés à ses propositions. Ces gens imaginent-ils qu'on veut faire d'eux des Seigneurs, des gens riches au moins ? On veut leur donner de quoi travailler et les mettre au niveau des autres sujets du Roi habitants la campagne et y gagnant leur vie à la sueur de leur corps. Rien de plus. Cette grâce est pour toute tête sensée très précieuse et pour le gouvernement l'effort le plus généreux et le plus étendu auquel il puisse se prêter. Comment faire, M., pour rendre ces gens raisonnables, je suis à bout de toutes mes ressources vis à vis du ministre qui certainement leur veut du bien. Je suis en crainte (toutes les fois que j'ai à lui rendre compte des difficultés qu'ils font naitre) qu'il ne se rebute et qu'il ne les traite avec toute la réserve la plus stricte, ce qui les réduirait à l'état le plus dur ; en vérité, je crains qu'on ne les abandonne.
J'attends des ordres pour aller faire la revue de ces gens dans les différents lieux où il sont épars. Je puis vous assurer que si je ne leur trouve pas plus de dispositions à se prêter à ce que le ministre désire, que leur état sera bientôt décidé, la conservation des 6 sols et des 3 sol encore quelques années sera le comble des grâces auxquelles ils pourront prétendre. Je serai forcé de cesser mes représentations sur cette première spéculation que j'ai eu le bonheur d'écarter. M. de S. V. vous a écrit, M., et sans doute vous fait part des idées creuses (?) de ces gens. Il faut cependant rendre justice à qui il appartient, c'est le nommé Martin Daigne qui a tourné la tête à son neveu Prosper Giroire. Je m'en souviendrai en son temps. Ce n'est pas sans chagrin, que je vois ce que M. de S.V. voulait faire, manqué, car cela fera un effet cruel : les amis de M. de S.V. ses voisins gentilshommes de la province eussent suivis, vous jugez bien que toutes les idées sont anéanties : qui voudra contracter avec tous ces gens là, comment ferai-je prendre cela à M. Bertin ? En vérité, je suis peiné à l'excès ; et M. de S.V. leur a avancé 120 # pour leur retour. J'en serai très fâché. Je pense, Monsieur, que vous leur retiendrez leur solde et qu'au moins elle fait partie de la dépense de leur voyage. Cela me parait, je crois, nécessaire, sans quoi ils ne demanderaient qu'à faire des équipées de cette nature. Ceux de Morlaix payeront leur infidélité qui m'a indignée. Je crois que ma lettre sera croisée par la votre. J'attendrai quelques jour pour rendre compte. Comment, M., faudra-t-il placer ce peuple, déf[iant ?] sans écouter ni volonté ni représentation ; ma foi, je crois fort qu'ils me réduisent à cette extrêmité. Cathéchisez les je vous en prie, remontez leur pauvre tête que l'abbé Le Loutre par trop de bonté a bouleversé. On veut leur faire du bien, veulent-ils qu'on leur fasse du mal ? Leur ton (?) vis à vis du gouvernement approche de l'insolence, à en juger par celui de Martin Daigne. Il a eu l'insolence de dire qu'il ne se fixerait nulle part à moins d'être assuré de mille écus (?) de revenu, quel ton ! Si on le réduit à rien à qui s'en prendrait-il ? Oh, quels gens, M. !

J'ai l'honneur, etc...

Lemoyne

Mots-clés

// perception = seigneurs
// confrontation des horizons d'attente
// glèbe : refus
// SM
// Saint-Victour
// perception : peuple
// Morlaix

Numéro de document

000176