Document : 1773-01-23
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°252-254// f° 136-7
Date(s)
1773-01-23
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Parent, chef de Bureau chez M. Bertin ministre
Résumé et contenu
Lemoyne à Parent (chef de Bureau de Bertin). Demande à ce que les choses accélèrent. Demande à le rencontrer et à partir le plus vite possible, car rester à Paris dans l'incertitude lui coûte cher.
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Copie d'une lettre de M. Lemoyne à M. Parent, chef de Bureau chez M. Bertin ministre, du 23 janvier 1773.
Le temps coule, M., le mois de mars vient à grand pas. Ce mois doit voir entamer les opérations ou elles seront encore manquées cette année. Les Acadiens sont dans l'attente, les moyens pour les établir sont connus, mais sans mettre la main dessus et disposer les volontés pour le saisir et les bien employer, pour disposer les volontés de ces gens là, il faut les voir, il faut les cathéchiser. Sans volonté on ne fera rien. Employer la force ou la rigueur est la plus mauvaise de toutes les ressources. Quoique ces gens là veuillent, le ministre a en ses mains de quoi les satifsfaire. Cela n'est pas douteux, j'en suis garant, si je puis les instruire de ce qu'ils ont à espérer ou à craindre.
J'ai rendu compte au ministre de ma conversation avec M. de la Pierre, je désirerais fort qu'il voulu le voir et discuter avec lui les difficultés qu'il entrevoit. M. de la Pierre ne voit que du très praticable dans ce que j'ai proposé. Veuillez M. le voir vous même, mon mémoire et les questions proposées à décider sont sous les yeux. Je voudrais être à la besogne parce que je regarde la réussite comme certaine. L'affaire avec M. de S.V. a manqué, parce que la tête de ces gens là est démontée. Je vous adresse le marché auquel ils se portaient d'abord avec le plus grand désir. Il est certainement on ne peut plus avantageux pour eux. Vous verrez par la lettre de M. de S.V. quelles chimères inimaginables ils ont dans leur pauvre tête. Donnez moi Monsieur, un rendez-vous que nous puissions discuter avec méthode, les conversations ordinaires ne sont pas ce qu'il faut en fait d'affaire. On quitte à tout moment son objet. Nous traiterons les papiers à la main et nous épuiseront chaque objet.
Je vous avoue que je brûle ou de travailler réellement pour ce peuple ou de retourner à mon département. Le pavé de Paris brûle lorsqu'on n'y est qu'en passant et toujours prêt à partir. L'argent se consume à des inutilités, sans procurer ni agrément, ni aisance ; je suis excédé, je ne soupire qu'après une décision formelle, je suis tout prêt à exécuter et très pressé d'être à l'oeuvre. Les moments sont précieux ; la dépense se multiplie inutilement, elle se fait en pure perte, puisqu'elle ne porte pas à l'accomplissement de ce que le ministre désire. Je n'ai en vue que la gloire des ministres qui m'honorent de leur confiance, je suis impatient de voir jouir leur âme du bien qu'ils veulent procurer à ce peuple qui mérite leurs bontés. Mon inaction ... je pars demain s'il l'on veut ; il ne me faut que des instructions en deux heures, elles seront dictées. Je n'ai jamais connu l'intérêt, jamais il n'a été pour moi un motif de servir le Roi. Je demande seulement de ne pas faire la guerre à mes dépends, j'aurai la récompense que je désire : si je réussis, elle sera de l'aveu que j'aurai répondu à la confiance. Mon zèle me fait espérer. Les Acadiens ne peuvent être heureux que par les exemples des projets de M. Bertin. Vous me rendrez un grand service si vous voulez lui faire part de mon empressement à exécuter les ordres que j'attends de lui.
Indiquez moi une heure, le moment qui vous conviendra sera le mien. Je ne suis à Paris que pour travailler pour les Acadiens.
J'ai l'honneur...., Lemoyne
Numéro de document
000177