Document : 1766-12-06

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°260-262// f° 141-2 // SHM Rochefort 1 R 11

Date(s)

1766-12-06

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne [alors commissaire général pour les colonies à Rochefort, selon inventaire série B3]

Destinataire

Praslin

Résumé et contenu

L. : logement des familles allemandes, départ d'un certain nombre ; horreur des colonies ; craintes suscitées par les Allemands.

Lemoyne a reçu les instructions pour réduire la subsistance des laboureurs allemands à 6 sols par jour (dont 1 sol pour le logement). Lemoyne a chargé Delattre d'enquêter sur le prix du logement dans les casernes (puisque pour 1 sol, il est impossible de se loger chez les bourgeois. Logement des familles ensemble pour des problèmes de coûts.
Quelques familles partent. Lemoyne les fait partir par petits groupes par des routes différentes pour éviter qu'elles n'engorgent des endroits.
On a tenté de les inciter à s'engager dans les légions, mais sans succès. Idem pour le passage dans les colonies : "le mot de colonies les effraie singulièrement ; la crainte qu'on ne les contraignit leur a arraché le propos qu'ils préféreraient la potence et les fait se hâter de se procurer des moyens de pouvoir partir."
Crainte que suscitent visiblement les Allemands : "M. Delattre m'a assuré que ces gens n'avaient donné aucun sujet d'inquiétude lorsqu'on leur a intimé vos ordres ; il a cependant demandé par précaution que la garde fut portée à 50 hommes".

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Copie d'une lettre de M. Lemoyne à M. le duc de Praslin de Rochefort le 6 décembre 1766

Monseigneur,

Par votre dépêche du 27 octobre dernier vous prescriviez de réduire au 1er janvier la subsistance et logement des familles des laboureurs allemands en entrepot à Saint-Jean d'Angély, à 6 sols dont 1 sol pour le logement.
J'ai chargé M. Delattre d'examiner le prix du loyer des casernes qui seront nécessaires pour les loger pour constater si le sol sera suffisant pour le payement des loyers des casernes et l'entretien des meubles. Je vous prie M. d'observer qu'il est impossible que ces gens trouvent à se loger chez les bourgeois pour un sol, qu'il est de toute nécessité de loger ces familles ensemble et de leur fournir des meubles.
Plusieurs de ces familles de laboureurs demandent à se retirer chez eux. Quand à celles des gens d'art et de métier, toutes font des préparatifs. J'aurai l'honneur d'informer Mgr de tous les mouvements tous les quinze jours.
J'ai l'honneur de représenter à Mgr. qu'il me paraît convenable de donner deux routes à tout ce peuple et donc les faire partir qui de deux jours l'un, au nombre de 25 personnes au plus, ce qui fera 3 jours d'intervalle pour chaque route, sans quoi les traineurs engorgeront quelque endroit et en général tous se trouveront dans le cas de manquer de subsistance si on ne les faisait partir de deux jours l'un. Il ne convient point, je crois, non plus de les faire partir le même jour, quoique par des routes différentes, pace que quoique l'on fit, ils tromperaient et se joindraient. Je prends la liberté de vous observer, M., qu'il y a de ces ouvriers et artisans qui pourraient se fixer dans les villes, qu'il y en a qui le désirent et qui seraient très contents s'ils obtenaient le même traitement accordé aux familles qui voudront rester en Alsace qui est 6 s. par jour pendant l'année, indistinctement, Pères, mères, et enfants. Si M. se pretait à le permettre, il me semble qu'il conviendrait qu'ils se fissent agréer par les officiers municipaux des villes. Je crois intéressant que la retraite de ces gens là soit connue et qu'ils soient toujours sous la main de la police.

Je prie Monseigneur de me donner ses ordres sur ces objets le plus tôt qu'il sera possible : on a tenté inutilement de leur faire prendre parti dans les légions, on n'en a pas trouvé un seul : il en est de même pour les engagements qu'on leur a proposé pour travailler de leur profession dans les colonies : le mot de colonies les effraie singulièrement ; la crainte qu'on ne les contraignit les a arraché le propos qu'ils préféreraient la potence et les fait se hâter de se procurer des moyens de pouvoir partir. M. Delattre a permis et permet successivement à certain nombre d'aller dans les environs à 8 ou 10 lieues pour se procurer des petites charrettes, des chevaux et des ânes ; M. Delattre m'a assuré que ces gens n'avaient donné aucun sujet d'inquiétude lorsqu'on leur a intimé vos ordres ; il a cependant demandé par précaution que la garde fut portée à 50 hommes : je joins copie d'un mémoire que M. le comte de Broglie m'a fait remettre. Je vous prie M. de m'honorer de vos ordres sur les demandes qu'il fait.

Lemoyne

Notes

retrouvé à Rochefort à la date correspondante

Mots-clés

// vision négative des colonies
// peur des Allemands
// départ des Allemands
// logement des Allemands
// Rochefort

Numéro de document

000182