Document : 1767-11-02b

Références / localisation du document

ADIV 7 B 44

Date(s)

1767-11-02b

Auteur ou organisme producteur

Françoise Heure, femme de Jean Thibaudeau // tribunal des traites de Saint-Malo

Résumé et contenu

Interrogatoire Françoise Huere, femme de Jean Thibaudeau. Elle nie à peu près tout en bloc.
Elle dit que le tabac a été trouvé dans le chemin à côté de sa maison. Elle nie avoir connaissance qu'on a trouvé des ballots de tabac chez elle. Elle nie avoir refusé d'ouvrir la porte, mais dit avoir seulement demandé à ce qu'ils attendent qu'elle s'habille. Elle nie d'avoir menacé les employés :
- Interrogée si dans le moment où les employés se saisirent des tabacs elle ne les menaça pas de faire attrouper des Acadiens, et autres particuliers qui se rendaient à la première messe pour les obliger de déguerpir.
- Répond qu'elle ne fit aucune menace.

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2 novembre 1767 [transcription intégrale de l'interrogatoire]

- Interrogée de son nom, surnom, âge, qualité et demeure.
- Répond s'appeler François Huere âgée d'environ trente trois ans [elle a sept ans de plus que son mari], femme de Jean Thibaudeau cabaretière au bourg de Pleudihen évêché de Dol
- Interrogé pourquoi elle comparait devant nous.
- Répond qu'elle l'ignore.
- Interrogé si elle sait les motifs de sa détention aux prisons de cette ville.
- Répond qu'elle a appris depuis qu'elle est en prison que c'était pour cause de tabac de fraude, qui a dû être trouvé dans le grand chemin auprès de sa maison.
- Interrogée si elle a connaissance que neuf ou dix employés s'approchèrent de sa maison le huit mars dernier environ les cinq heures du matin.
- Répond qu'elle n'en a aucune connaissance.
- Interrogée si vers les cinq heures et demie du matin il n'y avait pas chez elle plusieurs particuliers et d'autres qui étaient restés à sa porte.
- Répond que deux particuliers ayant demandé la nuit à rester chez elle l'y passèrent jusqu'au jour, qu'un d'eux s'appelait François [probablement François Guillou] sans savoir son surnom, que deux autres particuliers pareillement à elle inconnus entrèrent pareillement la nuit chez elle et l'y passèrent en partie, que François et son camarade allaient souvent à la porte voir si le jour s'y faisait, et rentrés dans la maison ils parlaient un langage à elle inconnu [François Guillou= breton ?].
- Interrogée si elle n'a pas connaissance d'une émeute qui se fit à sa porte et d'un coup de pistolet qui fut tiré sur les cinq heures et demi du matin.
- Répond qu'elle entendit plusieurs coups de fusil ou de pistolet tirés par les employés et qu'un d'eux dit hautement de manière qu'elle l'entendit que s'il n'avait pas eu peur de tuer son cheval il eut tiré sur ce grand bougre là qui montait la rue et qui allait le diable.
- Interrogée ou elle était lorsqu'elle entendit les coups de fusil ou de pistolets, et l'employé dire qu'il eut tiré sur le bougre qui montait la rue, s'il n'eut pas craint de tuer son cheval.
- Répond que lorsqu'elle entendit tirer les coups de fusil ou de pistolet elle était renfermée seule chez elle avec deux petits enfants, mais que lorsqu'elle entendit tenir les propos à l'employé elle était à sa fenêtre, à voir partir les employés avec deux chevaux chargés de deux paquets sans savoir ce qu'ils contenaient.
- Interrogée si elle n'a pas connaissance de quatre ballots de tabacs qui furent trouvés à la porte de sa maison.
- Répond qu'elle n'en a aucune connaissance.
- Interrogée si elle n'a pas connaissance de quatre autres ballots de tabac trouvés dans l'allée ou vestibule de sa maison.
- Répond qu'elle n'en a aucune connaissance.
- Interrogée si elle n'entendit pas vers les cinq heures et demie du matin plusieurs fois frapper à sa porte par des particuliers qui déclarèrent lors leurs qualités d'employés.
- Répond qu'elle entendit plusieurs particuliers frapper à sa porte, la sommant de l'ouvrir, et lui disant "ouvre ta porte bougresse, je te tenons, je te tenons" ; mais que comme elle était couchée et qu'elle ne fut pas assez prompte pour l'ouvrir, ils prirent la barre de bois de la porte, sortirent sur la rue et enfoncèrent la fenêtre de son appartement que pour lors les sieurs Vannier et Boisson y entrèrent, et y firent perquisition ainsi que dans un cellier qui était auprès et dans le grenier et autres endroits de la maison.
- Interrogée si lorsque les dits employés frappèrent à sa porte lui disant de l'ouvrir elle ne leur refusa pas de le faire, et ne leur dit pas des injures grossières.
- Répond qu'elle ne refusa pas l'ouverture de sa porte ni ne leur dit point d'injures, mais qu'elle leur dit seulement d'attendre qu'elle se fût habillée.
- Interrogée si lorsque les employés se présentèrent à sa porte Jean Thibaudeau son mari était chez lui et s'il y avait passé la nuit.
- Répond que son mari fut absent toute la nuit et qu'il ne revint chez lui qu'après que les employés s'en furent retournés.
- Interrogée où son mari avait passé la nuit.
- Répond que lui ayant demande où il avait passé la nuit, il lui répondit qu'il l'avait passée chez Tausé chirurgien demeurant au bourg de Pleudihen.
- Interrogée si lorsque les employés se saisirent des ballots qu'ils trouvèrent à sa porte et dans son allée il n'en firent pas ouverture devant elle, lui déclarant qu'ils allaient s'en saisir étant remplis de tabacs de manufacture de Jersey ou de Guernesey et par conséquent de fraude.
- Répond qu'elle ne fut point présente à l'ouverture des ballots, que même elle est prête à prouver que les ballots ne furent point ouverts, et qu'ils ne lui déclarèrent point ce qu'ils contenaient et qu'ils allaient s'en saisir.
- Interrogée si dans le moment où les employés se saisirent des tabacs elle ne les menaça pas de faire attrouper des Acadiens, et autres particuliers qui se rendaient à la première messe pour les obliger de déguerpir.
- Répond qu'elle ne fit aucune menace.
- Interrogée si dans la nuit du 7 au 8 mars dernier elle ne sortit pas de chez elle environ les trois heures et demie du matin.
- Répond que ne se rappelle pas, et que si elle avait eu besoin de sortir, il lui était libre de sortir.
- Interrogée si Jean Thibaudeau son mari et le nommé François qui était chez elle la nuit ne sortirent pas ensemble environ les trois heures et demie du matin.
- Répond que non.
- Interrogée s'il n'est pas vrai qu'elle, son mari et le nommé François allèrent à ladite heure dans une rabine près la maison du sieur Guébriand.
- Répond que non, que même elle ne connaît point de rabine auprès de la maison du Sieur Guébriand.
- Interrogée s'ils ne durent pas laisser dans ladite rabine le nommé François pendant que l'interrogée, son mari, et plusieurs Acadiens allèrent chercher les quatre ballots de tabac trouvés à sa porte, et les quatre autres trouvés dans l'allée ou vestibule de sa maison.
- Répond que non.
- Interrogée si elle a connaissance d'un attroupement fait à sa porte de différents particuliers environ les cinq heures et demie du matin, et si lorsqu'elle entendit les coups de pistolet ou de fusil, elle n'a pas connaissance que ces particuliers prirent la fuite.
- Répond n'avoir autre connaissance sinon qu'au bruit desdits coups, presque tous les voisins se levèrent et s'assemblèrent pour en savoir la cause.
- Interrogée si son mari n'avait pas la nuit qu'il s'absenta de chez lui un pistolet.
- Répond qu'il n'en avait point sur lui, mais bien un mauvais pistolet hors de service qui était sur le manteau de la cheminée de son appartement lorsque les employés y entrèrent et qui fut vu et visité par le Sieur Vannier.
- Interrogée si les quatre particuliers qui passèrent la nuit chez elle n'étaient pas armés de quelques armes, ou bâtons.
- Répond n'en avoir aucune connaissance.
- En cet endroit, représenté à l'interrogée un bâton qui a dû (?) être saisi sur un nommé François Guillou qui passa la nuit et sommé de nous déclarer si elle le reconnaît pour lui appartenir ou au dit Guillou.
- Répond qu'elle ne le reconnaît point et si le nommé François en avait un.

Tels sont les interrogatoires, confessions et dénégations desquels lecture lui faite a dit que ses réponses sont véritables, ni vouloir augmenter ni diminuer et a signé. Françoise Huere [HUERE, très lisible].

Notes

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Mots-clés

// fraude de tabac
// procès
// culture : langue : particuliers parlaient un langage à elle inconnu (probablement le breton ?)

Numéro de document

002125