Document : 1765-10-19 // 1764-07-11

Références / localisation du document

Michel Poirier, Les Acadiens aux îles Saint-Pierre et Miquelon, 1758-1828 : 3 déportations -30 années d?exil, Éditions d?Acadie, 1984. # 364 p. 52 // AN Col C 12 1 f° 107-108

Date(s)

1765-10-19 // 1764-07-11

Auteur ou organisme producteur

Dangeac gouverneur de SPM

Destinataire

SEM

Résumé et contenu

De nombreux Acadiens arrivent de Nouvelle-Ecosse à SPM (suite à autorisation d'aller où bon leur semble). A fait passer 72 qui viennent d'arriver dernièrement à Nantes. Pénurie de vivres et de bois. Demande plus de vivres.

Arrivée de population nombreuse à Saint-Pierre et Miquelon. Arrivée d'habitants de l'Acadie à l'automne 1764 [ou éventuellement 1763]. 111 sont arrivés de l'ISJ et d'Halifax cette année [en 1765]. 72 autres venus de Beauséjour probablement parce qu'ils ont appris que les premiers avaient été bien reçus (car Dangeac a dû assister ces miséreux). Trop de personnes sur l'île ; risque de devenir problématique (pénurie de bois et risque de déclencher l'animosité des anglais) ; ont décidé d'envoyer en France les 72 arrivés de Beauséjour sur LES DEUX AMIS. De nombreux autres Acadiens se proposent de venir [d'Acadie, probablement] ce qui risque de poser des problèmes. Il faut secourir ces gens sinon ils périront de misère. Les vivres manquent. Arrangement pris avec le Sieur Rocheblave (capitaine des DEUX AMIS). Joint la copie de la déclaration faite à Halifax selon laquelle " les Français acadiens ne voulant pas faire le serment qu'on exige d'eux paraissent libres de se retirer ou bon leur semblera ne leur étant pas permis de s'établir à la Nouvelle-Ecosse s'ils ne souscrivent à ce qu'on exige d'eux ".

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19 octobre [1765]

Monseigneur,

La détresse où nous sommes de faire fournir la subsistance aux anciens habitants pêcheurs qui ont été envoyés de France en cette colonie l'année 1763 et les habitants de l'Acadie qui se sont réfugiés l'automne dernier, joints à d'autres arrivés cette année qui se sont sauvés de l'ISJ et d'Halifax au nombre de 111 auxquels nous n'avons pu refuser d'assister vu leur extrême misère et pour surcroît d'inquiétude, il en est encore arrivé de Beauséjour 72 qui probablement ont appris que ceux venus ci-devant ont été bien reçus ; fondés sur ce principe et par rapport à la ration qui leur a été accordée [ils] se sont imaginés qu'ils obtiendraient la même grace, ce qui deviendrait très nuisible à cette petite colonie qui par la trop grande quantité de personnes se trouverait dans peu d'années dépourvue de bois, que d'ailleurs en les recevant cela pourrait porter ombrage à nos voisins, ce qui nous a déterminé à prendre le parti d'envoyer ces derniers en France sur la brigandin les DEUX AMIS appartenant au Sieur Rocheblave. Les 374 quintaux de farine [et autres quantités de lard, légumes, beurre] (...) n'ont point été envoyés de France cette année sur la demande faite l'année dernière pour la subsistance des troupes et des habitants hivernant à Miquelon. Nous ne pourrions nous empêcher de les soulager, ce qui nous mettrait dans le cas d'en voir périr beaucoup de misère. Si votre grandeur jugeait à propos qu'on reçut ceux qui sûrement viendront le printemps prochain, il faudrait munir de vivres les magasins de sa majesté pour deux années qui ne pourraient suffire tout au plus que pour quinze mois si tous les Acadiens qui se proposent de venir arrivent et c'est ce qu'il y a de très à craindre.
Nous avons l'honneur de représenter à votre majesté que voilà deux ans de suite que nous nous trouvons dans la disette de vivres quelques représentations que nous ayons pu faire. Nous vous supplions d'avoir égard à nos représentations et nous avons lieu d'espérer que vous voudrez bien approuver le parti que nous prenons. Sur la proposition que nous avons faite au Sieur Rocheblave de passer sur son batiment les 72 personnes dénommées en liste ci-jointe [voir note 1] il s'est prêté volontairement et n'a fait avec nous aucune convention pour leur subsistance et passage d'ici en France, nous ayant demandé de le renvoyer par devant votre grandeur pour en régler le prix. Nous joignons ici copie de la proclamation faite à Halifax par laquelle il paraît que les Français acadiens ne voulant pas faire le serment qu'on exige d'eux paraissent libres de se retirer ou bon leur semblera ne leur étant pas permis de s'établir à la Nouvelle-Ecosse s'ils ne souscrivent à ce qu'on exige d'eux [cf. note 2]

Notes

l'année n'est pas précisée par Poirier, mais c'est presque certainement 1765.
note 1 : ces 72 Acadiens sont "72 Acadiens de Beauséjour partis dès le 27 septembre de la baie verte, et qui avaient gagné l'archipel sur la goélette Polly et Jenny." (note de Poirier p. 54)

note 2 : [note de Poirier après ... "à ce qu'on exige d'eux" : "le 16 juillet 1764 [ en fait : 1764-07-11] la Chambre des Lords informait le gouverneur Wilmot qu'elle autorisait les Acadiens à s'établir en Nouvelle-Ecosse sous réserve que ces derniers s'engageassent à signer le serment d'allégeance au roi d'Angleterre et à prendre les armes sous le drapeau britannique en cas de prochaine guerre. Les Acadiens n'étaient d'ailleurs pas autorisés à occuper leurs anciennes terres, ce qui aurait pu constituer à nouveau un danger possible pour la sécurité de la province (Naomi Griffiths, op. cit.) [pas de numéro de page, et je ne sais pas à quel livre de Griffiths il fait référence ; sauf erreur il ne cite pas avant son "op.cit." d'ouvrages de Griffiths]

Mots-clés

// patriotisme
// RED : rassemblement familiaux
// SPM
// patriotisme : choix de la France
// Nantes

Numéro de document

002200