Document : 1773-03-04a

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°287-88// f° 155

Date(s)

1773-03-04a

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Guillot

Résumé et contenu

Lemoyne à Guillot à propos de la sanction d'Alexis Trahan : demande de clémence.

Trahan a envoyé une lettre à l'abbé de l'Isle-Dieu pour s'expliquer. Il serait convenable de ne pas couper la solde à la fois à Trahan, sa femme et l'orpheline qu'ils hébergent surtout s'ils n'ont pas d'autres moyens de subsister. Demande de clémence de Lemoyne, même si Trahan doit être puni, cela est sûr.
Se plaint des tergiversations.

-------------------------------------

Guillot, Commissaire général à Saint-Malo
du 4 mars 1773

Vous devez, Monsieur, être étonné de ne voir aucune fin à ce que l'on se propose pour les Acadiens. Moi, sur les lieux, je le suis autant et peut-être plus que vous. Le malaise de la finance retient la décision de M. le contrôleur général. Il marchande ; mais suivant ce que m'a fait l'honneur de me dire M. Bertin hier, je puis croire que toute les décisions seront données la semaine prochaine ; il faudra de suite y donner les formes, ce qui me fait calculer que rien ne s'entâmera qu'à la fin du mois, que de temps perdu et quel temps ! J'ignore par où je débuterai, mais j'aurai l'honneur de vous en informer.
J'ai l'honneur de vous envoyer copie d'une longue lettre qu'Alexis Trahan de Morlaix a écrit à M. l'abbé de Lisle-Dieu, homme que je révère et que j'aime comme un père. Il lui rend compte de sa conduite et de celle de ses confrères après la mort de l'abbé Le Loutre qu'ils accompagnaient.
Vous jugez bien, M., qu'il traite à sa décharge quoique vous soyez instruit de la conduite de ces trois Acadiens. J'ai crû que vous seriez bien aise de voir la tournure que prend Alexis Trahan. Permettez moi une observation sur la restitution qui a été ordonnée et sur les moyens qui sans doute vous a été indiqué de retenir la solde que le Roi leur accorde. Je trouve cette punition convenable si ces malheureux ont des moyens autres que cette solde pour subsister, mais elle est cruelle et hors de principe d'humanité s'ils n'ont point d'autres ressources. D'ailleurs, Trahan dit qu'on lui retranche non seulement sa solde, mais celle de sa femme et d'une orpheline dont il est chargé. L'orpheline me parait étrangère à la faute de Trahan ; et certainement ne doit pas en souffrir ; quant à lui et à sa femme, peut-on leur retrancher le pain ? Le Roi le donne aux gens emprisonnés pour des fautes plus légères ou plus fortes. Je pense qu'au moins faudrait-il laisser à l'homme ou à la femme une paye, et n'entretenir qu'une des deux. Ma façon de penser quant à l'orpheline ne souffre pas de modification : quant à Alexis et sa femme, il n'y aurait que le cas où leur aisance particulière ne leur rendrait pas le secours du Roi absolument nécessaire pour subsister ; car si les 6 sols le sont au mari et à la femme, il n'est pas dans l'humanité de les leur retrancher. On ne peut condamner qui que ce soit à mourir de faim pour une faute ni pour dettes.

Voilà, M., des réflexions auxquelles je n'ai pu me refuser. J'ai trop de confiance dans votre sagesse et votre humanité pour ne pas faire telle ou telle chose pour ces malheureux qui doivent être punis cela est certain.

J'ai l'honneur d'être, etc...

Mots-clés

// procès
// SM
// Morlaix

Numéro de document

000195